Pour visualiser les visuels, appuyez sur la flèche en haut à droite de l'image
Dans le cadre de la 5ème édition du Festival de la Gravure et de l’art du papier, le Musée Bellas Artes de Bilbao met en scène 76 œuvres gravées de grands maîtres du XVe siècle à nos jours – de Dürer, Ribera et Piranèse à Chillida en passant par Picasso et Chagall - avec pour fil conducteur la culture du vin.
Cette exposition se déroule en deux étapes chronologiques permettant de développer tout d’abord l’aspect classique comprenant la mythologie, les mœurs et le christianisme, et dans une seconde partie, l’aspect contemporain tout en analysant l’évolution de la gravure et de l’œnologie du vin.
Vin et mythologie
Depuis toujours les artistes se sont entichés de la symbolique du vin. Issu de la mythologie grecque, Dionysos, représenté chez les Romains par le dieu du vin Bacchus, fils de Jupiter, fascine l’imaginaire. Pourvu de cornes, symboles de la force et de la puissance, le Dieu est couronné de pampre, de lierre ou de figuier. Dans sa main, il tient une grappe de raisin ou une corne en forme de coupe ; de l'autre, un thyrse entouré de feuillage et de bandelettes (bassin de Bacchus des frères Gaspard (1624-1681) et Balthazar Marsy (1628-1674), jardins de Versailles).
De même, le « Triomphe de Bacchus et Ariane » d’Annibale Carracci (1560-1609, une gravure au burin d'après le panneau central du plafond de la galerie des Carrache au palais Farnèse à Rome fut commandée par le cardinal Odoardo Farnèse, neveu du pape Paul III, pour décorer la galerie voûtée en berceau à l'étage noble du palais familial. Cette œuvre colossale classique par sa composition fut cependant mal accueillie par le cardinal Farnèse. Le travail commença en 1597 et ne s’acheva qu'en 1608, un an avant la mort de Carracci.
Tout aussi influente, l’eau-forte et burin « Silène ivre » par José de Ribera (1591-1652) est considérée comme la plus importante œuvre de l’artiste. Maître de cette technique, il façonna au burin la texture du poil du satyre et utilisa l’eau-forte pour distendre le corps du Silène. La cuve de vin est traitée avec minutie alors que dans le lointain, au dernier plan, la souche d’un arbre disparaît dans la lumière transparente.
Entre tradition et chistiantisme
Depuis toujours, le vin est liée à une tradition viticole avec ses métiers adjacents : tailleurs de vignes, vendangeurs, ou les tonneliers du graveur néerlandais Johannes van Vliet (né entre 1600 et 1610, décédé en 1668).
Chez les chrétiens, le vin symbolise le sang du Christ. Les fidèles communiaient sous les deux espèces vin et pain (rituel qui se pratique toujours chez les orthodoxes). Jusqu’au XIXème, l’iconographie européenne s’est nourrie des effigies du Christ comme en témoigne la remarquable estampe « Le souper à Emmaüs » d’Albecht Durer dit « le jeune » (1471-1528). S’ajoutent à cela les passages bibliques dont les dessins sont gravés aux récits symboliques, comme dans les gravures de Lucas van Leyden, Jan Saenredam et Johann Gotthard von Müller.
Nouvelles technologies
Au XXème siècle, le thème du vin épouse les perspectives mouvementées artistiques du cubisme, fauvisme, surréalisme, expressionnisme, et du pop art… Picasso (1881- 1973) traitait avec intérêt la mythologie dans ses eaux-fortes des années trente comme « Minotauromaquia » ou les séries « Métamorphoses d'Ovide » et « Vollard ». Avec Picasso, Juan Gris (1887-1927), précurseur du cubisme, renverse les valeurs comme en témoigne sa « nature morte » sérigraphiée en couleur.
Au sein de l’école basque - et tout particulièrement le peintre-sculpteur Eduardo Chillida -, ce mouvement contemporain prendra plus d’ampleur avec une géométrie imprécise mettant en avant la technique de la presse.
Tout en restant en grande partie « d’essence artisanale », le vin évolue vers de nouvelles technologies imposées par l’œnologie. Le savoir-faire devient plus complexe, maîtrisé et précis. Un art du vin dont les artistes et les poètes ivres s’inspireront éternellement.
Jusqu’au 6 février 2017 - Exposition la culture du Vin – Salle 16 à 19 au Musée Bellas Artes de Bilbao – Ouvert du mercredi au lundi, de 10h à 20h. Fermé le mardi (Plaza, 2 à Bilbao, tél : +34 944 39 60 60).
Anne de Miller La Cerda