Succédant à la rétrospective de son œuvre en 2018, le sculpteur Zigor, en bonne intelligence avec la nouvelle équipe municipale de Biarritz, propose une nouvelle exposition au Bellevue de Biarritz : il s’agit d’« Egu Iturria » (la Source de l’Aube) qui porte un regard neuf sur la mythologie basque.
De l’ombre à la lumière, la lueur naissante d’Egu aux figures tutélaires d’Eguzki (le soleil), Ilargi (la lune), Gau (la nuit), les sculptures de Zigor dévoilent les traces de la pensée humaine. Dans un second temps, une série de photographies à l’argentique - en noir et blanc - au parcours poétique, laisse cheminer la pensée sur l’essence même de l’homme créé par Dieu.Deux conceptions, l’une issue du christianisme et l’autre de la mythologie au Pays Basque, cohabitent dans les œuvres de Zigor, tout comme dans les églises, les cimetières et les maisons.
De son Aretxabaleta natal en Guipuzkoa, Kepa Akixo a gardé le surnom de « Zigor » (fouet en basque) aussi dur que la mèche qui barre son front. Au début des années 70, cet ancien militant basque s’installa en Labourd où il publia ses premiers cahiers poétiques en basque dans des revues Poesiaren hatsa et Maiatz. Reporter-photographe à l'Agence Capa Press, il parcourut le monde jusqu’en 1982. De retour au Pays Basque, la trentaine passée, l’autodidacte se consacra à la sculpture. A Biarritz, dans l’atelier de la belle maison construite dans les années cinquante par son beau-père, le renommé architecte Edmond Fraysse, Zigor perpétue la tradition artistique familiale.
En adéquation totale avec la nature et les racines de sa terre sacrée dont les veines animent son invincible souffle intérieur, Zigor recherche le tronc qu’il façonnera charnellement afin d’en mettre à nu la structure. Une géographie dont les gens devinent le paysage. Récemment, Zigor avait expérimenté le travail de la terre qui sera pour la première fois présenté cet été à Biarritz.
A la question : « êtes-vous un héritier de l’école basque Gaur ? », Zigor répond : « Oui et non. Oui, parce que je suis un prolongement de Remigio Mendiburu du groupe Gaur. Non, parce que je n’appartiens pas au "constructivisme" d’Oteiza. Pour moi, la sculpture dépend entièrement de la nature ».
A chacune de ses créations correspond une pré-maquette en bois de modèle réduit. C’est ainsi qu’a été créée par exemple la fontaine construite en cascades de bronze coulé « Urkulu » (2015). Place Sobradiel devant les Halles de Biarritz, l’œuvre porte le nom d’une montagne du massif d’Iraty, à la jonction du partage symbolique des eaux entre Atlantique et Méditerranée.
« Ainsi la terre, le ciel, les astres ont toujours existé. (…) Car, pour les Basques, la lumière suffit à raconter l’Univers. Il s’agit d’une lumière absolue et immanente qui existe sans qu’il soit besoin d’une entité supérieure, divinité ou génie, pour la faire jaillir de la nuit primordiale et mettre de l’ordre dans le chaos originel », commente l’historien et chercheur de la mythologie basque et pyrénéenne Claude Labat qui a rédigé le catalogue de l’exposition « Egu Iturria ».
En complément de l'opinion de Claude Labat expliquant que pour les Basques, la lumière absolue et immanente existe sans qu’il soit besoin d’une entité supérieure, le bertsulari Darrupe-Harluz d’Urrugne n’affirmait-il pas que « Dieu seul est grand » alors qu’allongé sous un arbre par une nuit étoilée, le cœur en paix, il pensait au soleil qui illuminait le jour, aux étoiles et à la lune la nuit, au vent, à la pluie, à la montagne, à l’océan...
(primé lors d’un concours de poésie basque aux « Fêtes Basques » d’Elizondo, sous l’égide d’Antoine d’Abbadie, tel que rapporté par le « Courrier de Bayonne » du dimanche 3 août 1879).
A partir du 3 juillet jusqu’au 29 juillet, exposition « Egu Iturria » du sculpteur Zigor au Bellevue à Biarritz. Ouvert de 10h à 19h. Fermé le mardi
Rencontre avec l’artiste : Tous les mercredis à 17h30 et les samedis à 11h, visite commentée par Zigor Tarif : 3 € (à rajouter au tarif d’entrée). Attention, nombre de places limitées.
Inscriptions au 05 59 41 57 56
Pour accompagner l’exposition «Egu Iturria », Zigor propose une série de conversations, afin d’éclairer par divers points de vue les chemins que l’homme a pu emprunter depuis des millénaires pour penser le monde.
Conversation 1 Jeudi 8 juillet 2021, 11 h, Auditorium du Bellevue – Entrée libre Les êtres de la nuit dans la mythologie basque par Claude Labat, historien, spécialiste et chercheur de la mythologie basque et pyrénéenne Sauvée de la disparition au 19e siècle, la mythologie basque pouvait aller encore plus loin pour aborder avec une véritable sagesse des questions universelles comme la mort et la vie
Conversation 2 Jeudi 22 juillet 2021, 11 h, Auditorium du Bellevue – Entrée libre Grottes ornées : de l’art ou du bison ? par Emmanuel Guy, spécialiste d’art paléolithique. Il est l’auteur de Préhistoire du sentiment artistique (Les presses du réel, 2011) et Ce que l’art préhistorique dit de nos origines (Flammarion, 2017).
Conversation 3 Jeudi 29 juillet 2021, 11 h, Auditorium du Bellevue – Entrée libre « La langue basque, mythes et réalités » par Lucien Etxezaharreta, journaliste et écrivain basque. « Les basques, se définissant comme ceux qui parlent leur langue, l’euskara, en sont fiers depuis des siècles malgré tous les dénigrements et aléas historiques.