En vue d'une exposition de l'œuvre d'Ivan Choukline prévue en 2024 à Biarritz, l'association Mémoires et cultures de Russie souhaiterait contacter les possesseurs de ces œuvres en vue de les inclure dans l'exposition et réaliser un catalogue (contacter Nikolaï Singier-Kurzawa au tél. 06 14 69 59 71.
Dans mon livre « La tournée des grands-ducs » (Atlantica), je notais que Biarritz avait toujours attiré de nombreux artistes. Picasso, qui venait d'épouser à la cathédrale de la rue Daru, à Paris, sa jeune ballerine de chez Diaghilev - avec qui il collaborait étroitement - n'emmena-t-il pas immédiatement la jeune mariée, Olga Khoklova, à Biarritz, où il peignit les célèbres "Baigneuses" ? Fille d'un colonel de l'armée impériale russe, on lui prêtait « une sorte de retenue aristocratique qui séduisit en 1918 l'artiste catalan ».
En cette même année, s'installa à Biarritz le peintre et sculpteur Yvan Choukline, dont l'œuvre reste encore à découvrir.
Fils de paysans de Koursk, comme Chaliapine qui chanta d'abord dans le chœur d'une église, il s'initia à la peinture dans un atelier d'icônes de son village avant d'être l'élève du célèbre prince Paul Troubetzkoy aux Beaux-Arts de Moscou.
A la veille de la Grande Guerre, une bourse de l'Impératrice pour un séjour d'études à Paris lui évita les affres de la révolution et le fixa à Biarritz, où il habita d'abord à la villa d'Alcedo avant d'être recueilli, pendant les dures année d'occupation, dans les appartements aménagés sous l'église russe.
Mais, vivant pour ainsi dire en dehors des agitations quotidiennes, comme si de rien n'était, il continua de promener son front dégarni et ses pommettes saillantes, les yeux toujours levés vers le ciel et son carnet de dessins à la main, à la barbe des soldats allemands, malgré la défense expresse en ces temps-là d'effectuer le moindre croquis du rivage.
On le disait "bohême incorrigible", mais son talent au fusain et comme sculpteur lui fit portraiturer toutes les célébrités et les grandes familles de la région. Ainsi, il fréquenta les réunions artistiques que le compositeur Claude Duboscq organisait périodiquement dans sa propriété landaise "Le Bourdon" à Onesse-Laharie.
Il y rencontrait sa compatriote Marie Vassilieff, qui avait ouvert à Montparnasse depuis 1909 une académie de peinture grâce à une bourse de l’impératrice Alexandra Feodorovna ; ainsi que le compositeur Eric Satie, le médailliste Raoul Bénard et l'architecte hendayais Edmond Durandeau, qui lui commanda bustes et portraits.
"Homme au cœur noble et bon" selon l'opinion de ses contemporains, Choukline se consacrait tout entier à l'art et à la philosophie.
Détail émouvant, il ressentit les premières atteintes du mal qui devait l'emporter (le 17 juin 1958 à l'hôpital de Bayonne) au moment où il terminait le bas-relief de Jacques Thibaud, commandé pour la commémoration du dernier concert donné par le célèbre violoniste au Casino Municipal de Biarritz avant que le tragique accident du "Constellation" d'Air-France ne l'eût soustrait à l'admiration unanime des mélomanes.
Ses expositions :
1916 : Saint-Jean-de-Luz, où ses dessins au fusain et à la sanguine furent déjà très appréciés dès cette première exposition.
1926 : Bayonne, exposition collective avec Magnier, Trébuchet, Calame et Couwenberg entre autres. Il présente au Musée Basque plusieurs sculptures consacrées au maître-baigneur Carcabueno, une série de bustes, deux têtes de Basques, le portrait d'une jeune femme et d'autres pièces inspirées d'habitants du pays.
1929 à 1931 : Paris, expose des bustes au Salon des Artistes Français.
1949 : Bayonne, expose avec Delvincourt à la galerie Page.
1950 : Bayonne, Vème Salon de l'Union Bayonnaise des Arts au Salon des « Dames de France ». Il présente plusieurs toiles dont le portrait de Carlito Oyarzun (auteur et interprète d’opérettes, revues et comédies à Bayonne).
1994 : Exposition Choukline à l'Hôtel du Palais organisée par « Les Amis du Vieux Biarritz ».
On trouve son autoportrait au Musée Historique de Biarritz et le Musée San Telmo à Donostia/Saint-Sébastien possède également quelques œuvres.