Une photo de l’ouverture du premier congrès de la société d’Etudes basques Eusko Ikaskuntza en 1918 montre les premières autorités régionales, en frac et en haut-de-forme, se tenant par la main en une ronde pour danser une « soka-dantza » devant la mairie d’Oñate où se déroulait la manifestation, en présence du roi d’Espagne Alphonse XIII (voyez notre article sur Eusko Ikaskuntza, un centenaire).
La danse est l'un des éléments marquants de l'identité basque. Elle s'est progressivement libérée des pratiques auxquelles elle était traditionnellement liée et les acteurs d'aujourd'hui lui apportent un sens nouveau : enracinement, intégration, lien social, convivialité. La coexistence d'usages différents, qui vont de la danse festive spontanée au groupe folklorique en passant par d'anciens rituels revisités (carnavals, processions, parades) et des créations contemporaines, témoigne d'une pratique en perpétuel questionnement. A la fois très technique et populaire, spontanée et culturelle, la danse basque traduit la complexité d'une société qui ne se réduit pas à des archétypes. « Soka », l'exposition itinérante de l'Institut culturel basque ambitionne de mieux faire connaître cette discipline auprès du grand public.
Les Basques ont toujours dansé en public en se tenant par la main, autrement dit, en chaîne. De génération en génération, ils ont transmis à travers la danse en chaîne une culture, une langue qui leur est propre, une façon de s’ouvrir au monde, une manière de vivre ensemble. La danse et la langue sont les deux langages dont les Basques disposent pour communiquer, ressentir et vivre. La langue prend corps à travers les mots, la danse basque parle à travers les corps.
Qu’est-ce que la danse basque, qui l’a façonnée et interprétée, par quoi se caractérise t- elle et pourquoi les Basques la dansent- ils encore de cette manière si particulière en ce début de XXIe siècle ?
Telles sont quelques-unes des questions que pose cette exposition. Pourquoi cette chaîne ancestrale de la danse ne s’est- elle jamais rompue au pays des Basques ? Comment danse t- on en chaîne à l’heure de la mondialisation et de la communication ?
Cette exposition observe le monde basque à travers la danse. Elle interroge le spectateur sur l’avenir de la danse basque et, en cela, invite à une réflexion sur le passé, la place publique, la scène, la société, le pouvoir, la religion, l’autorité, la lutte, la révolution, la hiérarchie, l’égalité, la cohésion, la trêve, le conflit, la transmission, le genre, l’âge, le protocole, le plaisir, la liturgie, la fête, la tradition, le renouvellement, la sécularisation, la durée, la rupture, la jouissance, l’excellence, la banalité, la coutume, la culture, la danse, la chaîne.
La présentation de l'exposition Soka, regards sur la danse basque, à la galerie du 2e étage de l'École Supérieure d'Art Pays Basque est l'occasion de découvrir les travaux réalisés en relation avec la thématique de l'exposition par :
- les élèves de l'atelier Digit'art de l'ESAPB, découverte et pratiques artistiques des Nouvelles technologies, encadré par Romain Sein auprès des 15/19 ans.
- les élèves de l'atelier Génération digitale de l'ESAPB, découverte et pratiques artistiques des Nouvelles technologies, encadré par Mickaël Vivier auprès des 15/19 ans.
- les élèves de l'atelier dessin/peinture adulte de l'ESAPB encadré par Benoit Pingeot
- les élèves de seconde du Lycée René Cassin ayant travaillés l'année scolaire 2016/2017 sur les contenus de l'exposition SOKA alors présentée à Zarautz (Gipuzkoa), accompagnés par François Lafitte-Houssat, professeur relais DAAC-Patrimoine-Musées du 64 et enseignant au Lycée René Cassin.
Exposition « Soka : regards sur la danse basque » à l’École Supérieure d'Art Pays Basque (Galerie du 2ème étage, entrée libre) à la Cité des Arts (3, avenue Jean Darrigrand à Bayonne, tél : 05 59 59 48 41 ou contact@esa-paysbasque.fr).Vernissage vendredi 16 mars à 18h30.
Rédaction