Entrepris en avril 2021, un vaste chantier de restauration et de mise en accessibilité et en sécurité par la Ville de Bayonne qui a consacré 1,5 million d’euros pour ce lieu emblématique de la culture et du patrimoine, le site fait peau neuve. Il bénéficie désormais d’une salle de concert pour musique amplifiée, un espace de réception et une salle de répétition. Achevé en fin d’année 2022 il sera officiellement inauguré et livré à ses occupants à la rentrée de septembre.
Dans le cadre de la mise en valeur du patrimoine historique et culturel de la Ville de Bayonne, les élus ont souhaité la réalisation de travaux de restauration de la casemate pour assurer sa mise hors d’eau et sa mise en sécurité qui assureront aux utilisateurs les conditions nécessaires au développement de ce site comme un pôle musical d’enseignement et d’organisation de concert.
La restauration effectuée a permis la mise aux normes du bastion. Les deux fonctions principales du bâtiment ont été conservées et proposent une salle de concert pour musique amplifiée avec un espace de réception pour la casemate supérieure, et une salle de répétition et un espace associatif pour la casemate inférieure
Les différentes phases du chantier ont permis de réaliser l’étanchéité des terrasses, les terres qui protégeaient les voûtes ont été retirées et une nouvelle étanchéité a été réalisée. Les terres ont ensuite été remises en place en laissant une couche drainante. Les glacis défensifs en terre situés à l’avant du bastion ont été restitués à cette occasion.
- Concernant les maçonneries extérieures, les souches qui poussaient dans la maçonnerie ont été extraites. Les pierres les plus altérées ont été remplacées. Le couvrement des murs a été repris et les parements ont fait l’objet d’un rejointoiement et d’un nettoyage complet.
- Création d’un « bloc » sanitaire enterré conforme aux normes PMR : cette phase a donné lieu à des fouilles archéologiques dans le secteur situé à l’ouest de la rampe d’accès. La découverte d’un gros contrefort épaulant la voûte du passage d’entrée a nécessité la modification du plan initial des sanitaires. Un percement a été réalisé pour relier les nouveaux sanitaires au passage d’entrée.
- Mise aux normes et l’élévation du niveau de sécurité : un nouvel escalier de secours de deux unités de passage a été réalisé au travers de la voûte pour rejoindre la sortie située à l’avant du bastion. Les locaux ont été équipés d’un système de sécurité incendie complet. Les anciens évents ont été utilisés pour le désenfumage, ainsi que les canonnières. L’installation électrique a également bénéficié d’une modernisation.
Aménagement et la mise en valeur de la casemate supérieure : l’architecture remarquable de la casemate avec sa voûte annulaire et son couloir d’accès a été mise en valeur. Les parements intérieurs ont été nettoyés et consolidés. Un éclairage approprié a été réalisé pour faire ressortir les volumes et créer des ambiances. Les volumes du bar et des loges sont recouverts d’un parement en bois et bardage métallique, dans un esprit de sobriété compatible avec la vocation militaire initiale de lieux. Les sols en béton ciré confèrent une unité à l’ensemble.
Les services municipaux ont assuré la coordination et le suivi des travaux. Ces derniers représentent un investissement de 1,5 million d’euros. Ils ont obtenu les soutiens financiers de l’état et la région Nouvelle-Aquitaine, à hauteur de 40%.
Un lieu chargé d'histoire, par Alexandre de La Cerda
L'intérieur de la porte de Mousserolles reliant le quartier du même nom au Petit Bayonne garde encore intact le mécanisme de son pont-levis datant de Vauban.
De cet endroit, on distingue bien le profil du donjon du Château-Neuf dont la construction avait débuté pendant le règne de Charles VII afin d'assurer la protection de la garnison contre d'éventuels débordements venus du "remuant" quartier de Pannecau...
Or, cette porte dont l'emplacement avait souvent changé au gré d'événements militaires, ouvrait autrefois sur un riche quartier commerçant qui s'étendait vers l'extérieur de la ville depuis la place Saint-André. On extrayait des environs une pierre d'un grès jaune, tendre et friable qui avait servi à édifier la cathédrale de Bayonne et continua d'être utilisée pour la construction des maisons jusqu'au XVIIème siècle.
Lors du siège de Bayonne par les armées de Charles Quint en 1523 (conséquence de son invasion du royaume de Navarre), ce qui restait du faubourg de Mousserolles après les destructions de la Guerre de Cent ans fut incendié et détruit par le maréchal de Lautrec. Pour défendre la ville, il dégagea les abords des remparts en faisant même renverser, à coup de pioche et de marteaux, les pans de murs épargnés par le feu.
En 1680, le plan d'ensemble des fortifications élaboré par Vauban ne laissa plus subsister aucune des maisons antérieures.
En septembre 1738, cette porte de Mousserolles vit les adieux au Conseil de Ville bayonnais de la reine douairière d'Espagne, Marie-Anne de Neubourg, à l'issue d'un séjour qui avait duré trente-deux ans. D'après Ducéré, "le maire, à la tête des magistrats et de quatre-vingts jeunes gens, bien vêtus et bien montés, eut l'honneur d'adresser une harangue à la souveraine dans son carrosse, laquelle répondit par les paroles les plus flatteuses et les plus obligeantes".
Aménagés depuis quelques années en une agréable promenade avec plan d’eau dans les anciennes douves, parcours de santé, théâtre de la nature et aire de jeux, ces remparts de Mousserolles ont vu se dérouler concerts et soirées à la belle étoile au temps du festival "Jazz aux Remparts", dans les années 2000, ainsi que les festivités du 30e anniversaire de la Baiona Banda, logée dans un ancien pavillon militaire, à proximité.
Au-delà de ces deux casemates, près de 2 000 m2 de remparts ont également été revalorisés.