Jeudi dernier, une amicale cérémonie a donné lieu à la « passation de pouvoir » à la tête du Musée Basque de Bayonne entre Olivier Ribeton qui dirigea l’établissement pendant près de trente ans et Sabine Cazenave, conservateur en chef et nouvelle directrice de l’institution ; l’occasion également de présenter les nouveaux aménagements du musée. A l’issue des discours d’Yves Ugalde, président du syndicat gestionnaire du musée, et du nouveau et ancien maire Jean-René Etchegaray, Olivier Ribeton a fait le bilan de trois décennies d’une vocation qui lui était chère, soulignant anecdotes et histoires d’un autre temps, pourtant pas si lointain.
D’ascendance souletine et béarnaise, la nouvelle directrice a fait ses armes en tant que conservatrice en chef au département des peintures du Musée d’Orsay de Paris, mais aussi comme directrice des Musées de Picardie.
Olivier Ribeton, 30 ans au service de la culture basque
Diplômé en histoire de l'art à l’université Bordeaux III et en droit des affaires internationales à Paris I, Olivier Ribeton arrive à Bayonne en 1986 pour prendre la tête du Musée Basque cinq ans plus tard, alors que la maison Dagourette qui héberge le musée ferme ses portes pour de longs travaux.
Voulant donner au musée un rôle de vitrine de la culture basque dans toute sa diversité historique et iconographique, Oliver Ribeton rassemble une collection d’objets, instruments, mobilier, œuvres d’art, photos et maquettes sur 2000 m2 d’exposition.
A l’époque, bon nombre des objets qui étaient présentés au sein de musée étaient encore souvent utilisés dans la vie quotidienne, ce qui limitait leur intérêt comme pièces d’exposition ; les visiteurs, peu nombreux, étaient essentiellement issus de milieu urbains.
Adapter le musée aux nouveaux standings
Lors d’une visite à huis-clos du rez-de-chaussée, la nouvelle conservatrice nous présente sa vision de l’établissement autour d’une problématique simple : qui sont les Basques ? Qu’est-ce que le basque, quel est le projet du musée ?
Après avoir entrepris la modification de la disposition de la première étape du musée, notamment en replaçant la carte résumant l’évolution des territoires basques, véritable « séquence d’introduction du musée », notre guide nous rappelle l’importance de la prise de conscience de l’identité basque qui commença au début du XXème siècle.
Le projet du musée naît donc de cette prise de conscience des fondateurs de l’établissement que la culture basque était en péril et qu’elle pourrait s’estomper rapidement si rien n’était fait pour la préserver.
Le but de Sabine Cazenave est aussi de recréer des événements autour des objets, notamment cette carte du linguiste Louis-Lucien Bonaparte, fils de Lucien Bonaparte, qui nous rappelle la diversité des dialectes de la langue basque. La volonté de la directrice est aussi de faire comprendre à quel point le batua (basque unifié) a permis aux générations actuelles d’utiliser la langue que leurs parents ne pouvaient parler.
Notre guide est fière de nous annoncer que la scénographie de cette nouvelle salle est le fruit d’une collaboration entièrement réalisée par l’équipe du musée, sans prestataire extérieur.
« Un microcosme qui contient le macrocosme »
Jusqu’en 2000, ce musée était une collection de dioramas qui donnait des sortes de « flashs » sur ce qu’était la vie rurale basque. Aujourd’hui, le musée se veut plus moderne dans son approche en remettant dans leur contexte des objets traditionnels, ce qui est pour les générations actuelles une façon de mieux comprendre comment vivaient leurs aînés. Cette disposition « moderne » permet donc de donner une nouvelle dynamique aux objets afin qu’ils ne deviennent pas des reliques.
Louis d’Arcangues
Légende : premiers visiteurs des nouveaux aménagements