C’est dans un Grand Salon de la Mairie de Bayonne archi-plein que s'est déroulée samedi dernier la réception à l’Académie basque d'Itxaro Borda : l'entrée solennelle des membres d'Euskaltzaindia guidée par un jeune flûtiste s'accompagnant d'un ttun-ttun (tambour accordé avec une caisse de résonance en bois assez longue sur laquelle sont tendues six cordes) avait précédé une prestation de la chanteuse Maddi Oihenart accompagnée par le pianiste Juantxo Zeberio, enseignant au conservatoire de Saint-Sébastien.
Après les mots de bienvenue du maire de Bayonne, Me Etchegaray, qui a rappelé le souvenir de quelques personnalités remarquables comme Jean Haritschelhar qui dirigea l'Académie pendant de nombreuses années, tout en soulignant les efforts à faire en faveur de la langue basque en Iparralde, et celui du président d'Euskaltzaindia, Andres Urrutia, ce fut au tour de la nouvelle académicienne de lire son discours d'entrée. Elle évoquera "le concept de frontière, Muga, ainsi que sa relation avec la langue basque et ses expériences comme écrivain basque".
Evoquant ses prédécesseurs ayant occupé le 4ème fauteuil qui lui était attribué - Videgain, Campion, Guerra, Etxaide, Lartzabal, Peillen -, Itxaro Borda n'a pas manqué de souligner les contradictions suscitées par la notion de frontière en langue basque, tout en s'attachant à distinguer les différences entre les mots frontera et muga : "Les frontières nous déracinent et nous exilent régulièrement (...). La frontière est le rêve des uns et le cauchemar des autres".
Rappelant ensuite son parcours littéraire et son rapport aux langues qui l’entouraient - le basque, le gascon, le français, ainsi que l'anglais et l'espagnol appris au collège - Itxaro s'est souvenue également de ses premiers poèmes écrits dans son etxe d'où la télévision était absente, et ce moment où elle commença à récupérer l'euskara grâce à la grammaire du chanoine Lafitte, aux dictionnaires de Haize Garbia ainsi qu'à l'hebdomadaire Herria , à la création de la revue Maiatz, à ses premières traductions, à des livres et de nombreux articles pour la presse... pour se tourner vers la littérature en se sentant "faire partie de la génération qui a ouvert la voie aux femmes-écrivains basques".
Non sans citer au passage diverses personnalités qui l'avaient appuyée, au nombre desquelles Jean Errecart, Junes Casenave, Manex Erdozaintzi-Etxart, Eñaut Etxamendi et Luzien Etxezaharreta.
L'académicienne navarraise Sagrario Aleman lui répondit, retraçant le parcours d'Itxaro Borda, ses écrits et ses préoccupations ainsi que le thème des frontières administratives de la langue basque, en particulier dans la communauté navarraise. Enfin, la nouvelle académicienne prêta serment avant de recevoir des mains du président d'Euskaltzaindia sa médaille, son diplôme et ses insignes d’académicienne de la langue basque.