C'est en présence des élus bayonnais et de nombreux invités que le président du Musée Basque et adjoint à la culture de Bayonne Yves Ugalde, ainsi que le maire de la capitale d'Iparralde et président de la Cté d'agglo Pays Basque, maître Jean-René Etchegaray, et les co-commissaires de l'exposition, respectivement conservateurs du Musée Basque et du Musée Bonnat, Sabine Cazenave et Benjamin Couilleaux, ont procédé à l'inauguration de l'exposition consacrée à Léon Bonnat, une véritable première depuis près d'un siècle !
Car l’année 2022 marque le centenaire de la mort de Léon Bonnat, figure tutélaire du musée des Beaux-Arts de la Ville de Bayonne, l’actuel musée Bonnat-Helleu. Le peintre légua pour sa cité natale une collection d’œuvres d’art parmi les plus estimées de France, comprenant un ensemble conséquent de ses peintures. L’exposition présentée au Musée Basque et de l’histoire de Bayonne, s’articule selon un parcours tant chronologique que thématique, réunissant des œuvres majeures de collections publiques et privées, du musée Bonnat-Helleu, du musée d’Orsay, du château de Versailles et des musées de la Ville de Paris. Elle retrace la riche carrière de Léon Bonnat, en montrant l’évolution de son style, la diversité de ses influences, et la pluralité de ses thématiques, de ses premiers succès de peintre d’histoire à ses portraits officiels célèbres, en passant par ses œuvres orientalistes, sa production paysagiste et ses grands décors / voyez l'article d'Anne de La Cerda :
https://baskulture.com/article/la-ville-de-bayonne-fte-le-centenaire-de-la-mort-de-lon-bonnat-4971
Si les différents intervenants se sont félicités d'un "bonheur partagé" de voir aboutir cette belle exposition, en particulier Maylis Descazeaux-Roques, directrice régionale des affaires culturelles de Nouvelle-Aquitaine / DRAC, car le Ministère de la Culture est partie prenante et a accordé son label "Exposition d'intérêt national" à l'événement, on retiendra particulièrement le rappel par Yves Ugalde des grands projets qui transformeront ce quartier du "Petit Bayonne" situé entre Nive et
Adour : pour s'étendre, le Musée Basque devrait récupérer l'ancienne caserne des pompiers d'où l'hôtel des mères célibataires devrait être transféré (pour la fin de l'année) vers un ancien hôtel racheté par la Ville et la rue Jacques Laffitte piétonisée assurerait ainsi une "liaison muséale" entre les deux institutions, Bonnat (dont la réouverture est toujours prévue fin 2024/début 2025) et Musée Basque...
Beaucoup d'aspects de la vie de Léon Bonnat méritent d'être rappelés, en particulier son attrait pour la civilisation et la peinture de l'Espagne où sa vocation artistique s'est en grande partie éveillée au contact de la famille Madrazo, Anne de La Cerda l'évoquera dans une prochaine "Lettre".
Il n'est pas inutile de rappeler l'attrait du peintre bayonnais pour la Russie du XIX ème siècle et son amitié avec mon arrière-grand-oncle Eugène de Roberty de La Cerda avec qui il avait participé le 26 octobre 1893 à un « grand banquet franco-russe » à Paris en compagnie de représentants éminents de l’élite intellectuelle et artistique des deux pays, en particulier Emile Zola et beaucoup d'autres (avec un message enthousiaste de Pasteur, empêché car souffrant) !
Dans son discours, Léon Bonnat avait fait part de cette belle "anecdote" lorsqu'il se rendait à la soirée de gala franco-russe à l'Opéra de Paris : «Des officiers russes m'avaient gracieusement offert une place dans leur landau. Grâce à eux j'ai vu là un spectacle inouï. Jamais je n'oublierai l'enthousiasme de la foule sur le parcours du cortège. C'est indescriptible.
Mais ce qui m'a le plus vivement frappé, c'est le fait suivant.
Au moment où nous approchions de l'Opéra, où les sergents étaient impuissants à maintenir la foule, et où les cris mille fois répétés de « Vive la Russie ! » étaient les plus intenses, un homme, vieux, à fortes moustaches, habillé comme un ouvrier le dimanche, probablement un ancien soldat, fend la foule, détache un petit bout de ruban rouge qu'il portait à la boutonnière, et se précipitant vers la voiture, crie aux officiers : « Tenez, prenez !... C'est ce que j'ai de plus noble et de plus précieux à vous offrir ! ». L'officier l'a pris, le petit bout de ruban rouge, l'a embrassé, et l'a attaché sur sa poitrine... là, à gauche.
Nous étions tous profondément émus ! Eh bien, messieurs les artistes russes, c'est avec une émotion tout aussi vive que nous, les artistes français, nous vous offrons ce que nous avons de plus noble et de plus précieux, notre amitié, notre amitié fraternelle et inaltérable.
Messieurs, je lève mon verre à tous ceux, en Russie, dont le coeur vibre à la sensation du Beau et de l'Idéal ! »