La Ville de Bayonne présente au DIDAM cet été, du 18 juillet au 13 septembre, le travail de trois photographes : Kepa Etchandy, Anne Kuhn et Abel Bourgeois. Ils ont en commun de vivre et de travailler au Pays Basque, pour certains depuis quelques années pour d’autres depuis toujours. Si leurs techniques et leurs contenus sont différents et complémentaires, leurs images proposent toutes un voyage particulier dans une géographie de la liberté et de l’imaginaire.
On remarquera en particulier la série « Au pays des Basques, Voyages et Histoires » présentée par Kepa Etchandy, une sélection par le photographe de ses plus belles images du Pays Basque qui se veut un avant-goût du projet d’édition porté avec Vincent Ahetz-Etcheber, directeur des Éditions Kilika (dont nous avons présenté les dernières publications dans « La Lettre » de la semaine dernière).
Ensemble, les deux « amoureux du Pays Basque et des mots » préparent en effet pour novembre prochain la sortie de l’ouvrage « Au Pays des Basques, Voyages et Histoires », où contes et récits de balades sur le territoire se mêlent aux photographies.
Le photographe inspiré du Pays Basque
Kepa Etchandy - dont la famille est originaire de Moncayolle en Soule - est un passionné de photo qui avait créé à Bayonne en 1979 sa propre entreprise « Ibaifoto » - à l’origine un « labo-photo » très performant - se trouve maintenant en possession d’une extraordinaire banque d’images riche de plus de 50 000 clichés sur toutes les facettes du Pays Basque, le fruit de plusieurs décennies de travail sur le Pays Basque et ses habitants qu’il fournit régulièrement à l’édition et à la presse magazine.
Ses séries portent aussi bien sur l’architecture de nos villes, Bayonne, Biarritz, Anglet, Saint-Jean-de-Luz, Hendaye, Donostia / Saint-Sébastien, ou des villages, Bidart, Guéthary, Espelette, Sare que sur la montagne basque et sa culture agropastorale.
Kepa Etchandy traite aussi du domaine maritime de la Côte basque, de la pêche, de l’Adour et des sports nautiques. À la culture et aux traditions comme les Fêtes de Bayonne, de San Fermin à Pampelune, aux différents carnavals du Pays Basque, aux pastorales souletines ou à Olentzero, il allie le sport, la pelote basque, le surf et le rugby avec ses deux clubs phares : l’Aviron Bayonnais et le Biarritz Olympique.
Une technique très étudiée
Kepa Etchandy est un homme sensible aux détails qui parle de son métier avec persévérance et passion : « On ne s’improvise pas photographe, on y travaille ». Il privilégie la liberté de création à la technique. Pour photographier, il a deux manières de travailler : soit par déambulation soit avec un objectif précis. Dans certains cas, il peut mettre jusqu’à quinze jours pour obtenir la photographie désirée.
D’un point de vue technique, il accorde une très grande importance à ses cadrages. S’adaptant à l’évolution technique, il passe directement de la photographie argentique à la numérique lors son apparition dans les années 90. Kepa Etchandy fut également l’un des premiers photographes bayonnais à acheter une machine d’impression en couleur.
Nombre de ses photos d’illustrations sont régulièrement publiées dans la presse magazine, régionale, nationale et européenne, ainsi que dans les domaines de l’édition ou de la publicité. De nombreux livres, catalogues, plaquettes publicitaires, guides, posters, affiches, cartes postales ont bénéficié des images de sa photothèque.
On se souviendra particulièrement de la très belle exposition réalisée il y a dix ans sur « l’héritage des Amerikanoak » à la médiathèque de Biarritz, soit les traces laissés au pays lors du retour des Basques d’Amérique ainsi que son travail concernant « Euskaldunak Argentinan » ou « Argentine des Basques », un pays où il avait d’ailleurs retrouvé sa parenté !
« On ne fait ce métier que par passion, pas pour de l’argent » m’avait alors affirmé mon ami photographe qui admettait prendre autant d’intérêt à suivre un camionneur sur sa route ou un chalutier en mer que des jeunes en train de rénover le lac d’Hossegor.
Quant à l’avenir (encore, souhaitons-le, éloigné) de son capital photographique, ses deux filles ayant choisi d’autres voies professionnelles, Kepa m’avait confié à l’époque : « j’ai dit à mon épouse qu’elle le porte au Musée Basque » !
Anne Kuhn et Abel Bourgeois
Anne Kuhn a choisi la photographie pour interroger la condition humaine, et plus particulièrement la condition féminine, de son miroir historique à son traitement contemporain. S’attachant à des héroïnes de la littérature et de l’Histoire, des femmes singulières qui par leurs exploits, leurs personnalités ou leurs talents ont pu faire progresser le monde, elle questionne la liberté individuelle au sens large à travers des mises en scène soigneusement élaborées.
Quant à Abel Bourgeois, artiste autodidacte qui joue avec les techniques photographiques les plus anciennes comme le sténopé ou le travail à la chambre, il nous transporte vers les somptueux paysages d’Aragon, plus précisément vers la Sierra de Guara. L’atmosphère mystique qui se dégage de ses paysages laisse l’esprit de chacun voguer dans le réel comme dans l’irréel et emporte dans le mystère de brumes hivernales...
Autour de l’exposition
- Lundi 27 juillet 9h30-12h30 / Atelier d’écriture, ouvert à tous et animé par Laurent Platero, Revue Encre[s]. Payant : 10€ sur inscription tél. 05 59 46 63 58 ou mediation.didam@bayonne.fr
- Samedi 25 juillet et samedi 22 août 17h-18h / Visite commentée en euskara, animée par Maika Lapouble, conférencière (gratuit, sur inscription, nombre de places limité). Inscription : mediation.didam@bayonne.fr, 05 59 46 63 58 dans le cadre du protocole sanitaire.
- Jeudi 30 juillet et jeudi 20 août 18h-19h / Visite commentée de l’exposition, assurée par la médiation du DIDAM (gratuit, sur inscription, nombre de places limité).
- Du 11 au 13 septembre à 17h30, à la rencontre des artistes : Abel Bourgeois (11 septembre) Anne Kuhn ( 12 septembre) et Kepa Etchandy avec la présentation de son livre « Au pays des Basques, Voyages et Histoires » par Vincent Ahetz-Etcheber, Éditions Kilika (13 septembre).
- Scolaires & associations : visites commentées gratuites assurées par l’équipe médiation du DIDAM. Sur rendez-vous, dans la limite des places et créneaux disponibles : tél. 05 59 46 63 58 ou mediation.didam@bayonne.fr Protocole sanitaire possible à l’entrée selon évolution de la situation.
Addenda : le prestigieux prix annuel "Principe de Viana" décerné par le gouvernement de Navarre vient d'être attribué : il récompense cette année un photographe de Pampelune, Carlos Cánovas Ciáurriz (1951) : après avoir acquis son premier appareil professionnel à vingt ans, il commence une carrière de photographe qui le fera participer à de nombreuses expositions, ses oeuvres entrant dans les collections de la Bibliothèque Nationale de France. Il s'est occupé de collecter l'héritage photographique de sa région en publiant plusieurs ouvrages : "Notes pour une histoire de la photographie en Navarre", ainsi que des monographies de photographes disparus, tels Miguel Goicoechea (1894-1983) et Nicolás Ardanaz (1910 – 1982).
Légendes : 1. Kepa Etchandy
2. Le Carnaval à Lantz par Kepa Etchandy
3. Chasse à la palombe, le rabatteur, par Kepa Etchandy