Ce dimanche 23 juin, de nombreux villages bas-navarrais célébreront Besta-Berri ou Fête-Dieu, la plus prestigieuse cérémonie au Pays Basque, avec un mélange unique de profane et de sacré. La messe solennelle sera suivie de la procession avec la garde armée, souvent appelée « Napoléonienne » : à Iholdy, les célébrations auront lieu ce dimanche 23 juin à 10 h 30. A Hélette, vêpres chantées à 16 heures, suivies de la procession. A Armendaritz, messe à 15 h 30, suivie de la procession.
En Soule, dimanche 23 juin, Besta-Berri à l'école d'Etcharry où ces festivités traditionnelles au Pays Basque revêtent une solennité particulière grâce à l’école Saint-Michel Garicoïts à Etcharry, par la ferveur de la cérémonie religieuse et la richesse des costumes du défilé qui se déroulera pour la troisième année au château Oihenartia à Etcharry : messe à 9h30 avec la fanfare paroissiale, suivie de la procession de la Fête-Dieu et d'un apéritif offert à l'assistance. L'après-midi à 16h, les élèves joueront "Cyrano de Bergerac", la pièce d'Edmond Rostand (école Saint-Michel-Garicoïts, château Oihenartia à Etcharry).
A Mendionde, messe le dimanche à 10h30 et défilé traditionnel après les vêpres à 16h30.
A Oñate en Guipuzkoa, la fête porte le nom de « Korpus » et s’étend depuis le vendredi 21 jusqu’au dimanche 23 juin, lorsque les ornements du baroque ornent les processions religieuses : au milieu des figures vivantes des Apôtres, de Saint Michel et du Christ, les danseurs du groupe Oñatz évolueront au son des castagnettes et du txistu. Avec mesure et élégance, ils égrèneront les danses qui sont restées liées à ce jour de la Fête-Dieu : Saint-Sébastien, banakoa, launakoa, zortzikoa et arku-dantza (la danse des arceaux), et pour finir la journée, l’aurresku et la soka-dantza.
A Ciboure, dimanche 23 juin, après la messe de 10 h 30, la procession de la Fête-Dieu partira de l’église Saint-Vincent pour parcourir le centre-ville. La chorale Bixintxo, le groupe de danse et de chants Flores de Portugal et des enfants accompagneront cette procession traditionnelle.
A Bayonne : dimanche 23 juin à 10h30, à la cathédrale Ste-Marie, première communion des enfants de la paroisse : Monseigneur Aillet présidera la solennité de la Fête-Dieu, procession vers Saint-André accompagnée par les txistus de Baionako ttirrittak. Célébration du 10ème anniversaire de l’adoration perpétuelle (pas de Messe à Saint-André ce dimanche. A Saint-Léon de Marracq, après la procession, repas de la famille dominicale. Inscr : Zohra Cousino
Contrairement à une opinion inexacte mais largement répandue, malgré une certaine saveur « Empire » du fait de la présence des troupes napoléoniennes dans notre région, cette garde n'est pas le souvenir « folklorisé » de cette époque mais le vestige des milices franches armées librement par le Labourd et la Navarre, avant la Révolution de 1789. L'arme, alors, n'a plus du tout la même signification : défiler le fusil à l'épaule ou l'épée au côté une fois l'an témoigne du droit et des libertés (perdues) du pays et de ses habitants ! De nombreux villages ont conservé cette antique tradition de rendre de véritables honneurs militaires au Saint-Sacrement durant la procession de la Fête-Dieu. Le rituel prévoit la présence de sapeurs armés de haches, d'un capitaine et d'une troupe de soldats, de lanciers et de coqs, des jeunes danseurs de l’école exécutant en une magnifique figure d’ensemble la traditionnelle « Ezpata-dantza ». Sans oublier le suisse à qui revient la responsabilité de l'ordre proprement liturgique.
D'après Michel Duvert (dans le "Bulletin du Musée Basque"), « c’est au XIIIe siècle que sainte Julienne, (une religieuse du monastère de Mont-Cornillon, près de Liège) eut une vision au cours de laquelle elle acquit la conviction qu’il fallait honorer tout particulièrement l’Eucharistie ou Corps du Christ. Rome acquiesça. Alors le Corps du Christ sous forme d’Hostie dans l’ostensoir, fut montré en procession dans les rues et les places publiques. En 1264, le pape Urbain IV qualifie la fête de : « Officium novae solemnitis », soit « Office de la fête nouvelle » ce que les Basques continuent de dire « Besta berri ». En 1318 le pape Jean XXII officialisa le rite qui prit forme ; on le connaît désormais sous le nom de Corpus Christi ou Fête-Dieu ou Fête du Saint sacrement.
C’est sous l’autorité d’Arnaud de Barbazan (1318-1355) que fut créée à Pampelune une confrérie du Saint-Sacrement. Les cortèges qui parcouraient les rues des villes navarraises, atteignirent leur apogée au cours des XVIème, XVIIème et XVIIIème siècles sous forme de processions, de musique et de danses (dans et hors des églises, y compris dans la cathédrale en présence de l’évêque, de chants y compris de chorales, le tout dans un contexte de décorations de rues, de confection d’autels, de représentations de pièces écrites pour la circonstance (et jouées jusque dans la cathédrale), de figures de géants (attestés au XVIème siècle), de tarasques et de nains, au milieu de tirs de fusils y compris dans les églises ; ces manifestations réunissaient les autorités civiles, les confréries et associations paradant avec leur emblèmes. À partir de la fin du XVIIIe siècle, ces vastes scénarios baroques ne cesseront de se simplifier ».