La gnose est selon sa définition la tentative philosophique et religieuse de rechercher le salut de l'âme dans la connaissance directe des choses divines contenues dans l'intelligence humaine.
Et tout au long des deux premiers siècles, cette acquisition de l'esprit à désigner le religieux dans un corpus de la pensée humaine donna l'occasion à Paul de Tarse, à Irénée de Lyon, à Clément d'Alexandrie, à Origène, à Tertullien, à Evagre le Pontique à débattre et polémiquer sur ce sujet de l'origine divine de la pensée religieuse chrétienne par très souvent un dualisme entre le monde du bien spirituel, extérieur à la nature de l'homme et l'origine du mal inhérent à l'homme lui même. Marcion avait évoqué le thème aux origines de l’Eglise.
“Tout homme est capable de percevoir Dieu, de devenir lumière et d'obtenir par ses facultés propres la vie éternelle.”
La destinée humaine détermine les dispositions spirituelles de l'esprit humain à différer le dualisme existant entre le bien et le mal, dans cet enfermement intérieur qui rend toute liberté prisonnière de ce combat de l'âme humaine.
Les penseurs de la gnose chrétienne distingueront huit étapes consécutives de cet entendement de la perception du gnosticisme qui s'influencent entre elles.
- la philosophie des idées selon Platon et leur confrontation mènent l'intelligence humaine dans ses œuvres.
- les formes dérivées du gnosticisme dans l'histoire des hommes, et les hérésies religieuses qui naîtront dans l'interprétation du message chrétien au sein de l'Eglise sur l'origine de Jésus, homme ou Dieu ?
- la force de l'interprétation de Clément d'Alexandrie, philosophe et théologien qui relève le sujet et pose les éléments d'une connaissance de la gnose et de ses conséquences sur la personne de Jésus.
- Evagre le Pontique qui à son tour confirme l'enjeu spirituel de cet échange capital pour la connaissance du bien spirituel de la nature de Jésus Fils de Dieu.
- la suite ininterrompue des interprétations ésotériques du message chrétien mêlant les mythologies antiques pré-chrétiennes avec le message de Jésus des évangiles. Puis au long des siècles, les écoles philosophiques et psychologiques qui reprennent à leur compte ce sens doctrinal de la foi comme savoir religieux délesté de références naturelles ou temporelles.
Le grand démiurge qu'est l'homme par lui même, maître de son esprit et de sa pensée, tendra à séparer la figure humaine de Jésus de toute incarnation du Christ, rendant à la liberté de chacun la faculté de choisir selon son bon vouloir les formes qui lui sembleraient accessibles et celles dont il choisit de s'éloigner.
Les choses de la terre devenant forces d'aliénation d'une création mauvaise, la force de l'esprit créateur étant celle d'une divinité supérieure, d'un démiurge atteindrait son apogée dans les dispositions de l'esprit capable par lui même d'y parvenir.
On devine dans cette tentative surhumaine de l'esprit la pression mythologique exercée par les dieux de l'antiquité pré chrétienne sur la compréhension du salut de l'âme exposée par la théologie chrétienne, de cette lumière intérieure, c'est ainsi que les anciens comprenaient l'âme humaine agissante et effective chez tout homme, capable de lui obtenir la rédemption.
Ce n'est donc pas sans débat et conciles animés sur ces sujets que les Pères de la Foi, les premiers épiscopes de l'Eglise ne purent accéder et construire un contenu doctrinal de la connaissance chrétienne prise entre la menace gnostique des uns ou l'intelligence mystique du Christ sans rapport à l’homme Jésus des autres, en confrontation continue le long des premiers siècles de l'Eglise.
Le gnosticisme contenait en germe bien des doctrines philosophico-religieuses qui naîtront au fil du temps de la pensée humaine, spiritualiste des uns, matérialiste des autres, dualiste pour d'autres, d'un combat de bien et de mal enchevêtrés rappelant les rudes luttes des divinités de deux traditions mythologiques antiques, la grecque et la romaine, dont le judéo-christianisme héritait et supportait à la fois ses effets directs sur le contenu de la foi biblique à l'origine de la pensée religieuse de notre civilisation première.
Ni la culture ni le récit historique ne furent épargnés de cet esprit doctrinal et gnostique dérivé de cette pensée philosophico-religieuse initiale.
La tradition de cultes à mystères traversa le Moyen Age de nos sociétés imprégnées de polythéismes antiques; le catharisme chez nous fut un sujet prégnant de la conception hostile de la nature de l'homme, des pouvoirs maléfiques sur ses origines, les pratiques de pensées ésotériques, ne laissèrent l'esprit humain sans conséquence sur sa conception, et rapportent les historiens de la pensée humaine la pensée allemande incarnée par Hegel le philosophe de l’Esprit Universel apporta l'une des pages de l'histoire de l'intelligence des plus académiques décrivant la destinée humaine dans une doctrine gnostique des plus inspirées des derniers siècles de cette histoire.
Plus proche encore du présent, la Gnose de Princeton est devenue l’architecture de l’intelligence humaine la plus rationnelle de ces chercheurs scientifiques et théologiens de formation dans leur tentative d’expliquer par leur doctrine savante la destinée des hommes et leur achèvement ! Physiciens de l’atome, astrophysiciens des mondes invisibles, théologiens de l’origine biblique de la foi rationnelle des scientifiques se donnant le savoir partagé de leurs disciplines respectives pour composer ensemble l’architecture du grand génie de la conscience humaine !
Le vouloir penser la pensée du Christ en doctrine et savoir de l'intelligence des hommes est demeuré le défi continu jusqu'aux évolutions autour du New Age le plus récent, et ses penchants écologistes panthéistes compliqués d’aujourd’hui.
La force gnostique restant à toutes époques une projection de l'esprit inachevée et toujours en recherche de ses propres limites.
* le retour à la gnostique fut activée par la découverte en Haute-Egypte en 1945 de la bibliothèque copte de Nag Hammadi du IVème siècle après JC qui renouvela l’intérêt de la pensée humaine sur la gnose des deux premiers siècles de l’Eglise
** En 1966, le Colloque de Messine réunit une élite académique chrétienne internationale pour échanger sur le contenu de ces codex inédits et peu répandus dans le monde oriental jusqu’à il y a peu.