Dans le cadre du centenaire de la naissance de Bernard Manciet, trois derniers rendez-vous à ne pas manquer :
Samedi 18 novembre à 18h : "Accidents", lecture musicale avec Isabelle Loubère et Fabrice Vieira, Théâtre Quintaou
Le recueil Accidents de Bernard Manciet, publié en 1955, fera date dans la production littéraire occitane par sa modernité. Le texte, qui évoque une course folle à moto dans l’Allemagne d’après-guerre, est ici mis en voix par la comédienne Isabelle Loubère de la compagnie du Parler noir accompagnée du guitariste-bassiste Fabrice Vieira de la compagnie Lubat.
Tout public / Gratuit sur réservation sur anglet.fr
- Vendredi 24 novembre à 18h30 : "Un hiver", lecture voix et guitare avec Maxence Amiel et Jules Thévenot, Centre d’art contemporain - Villa Beatrix Enea
Deux personnages font corps avec la nature sauvage où remuent les bêtes. Ils finiront traqués par des dangers innommés.
Un hiver est un récit implacable où flamboie l’écriture magnifique de Bernard Manciet. Une lecture musicale avec Maxence Amiel et Jules Thévenot.
Gratuit sur réservation sur anglet.fr
- Samedi 25 novembre à 20h : "L’eau mate", Théâtre contemporain par la compagnie Tiberghien au Théâtre Quintaou
Le manuscrit de L’eau mate, écrit en français et trouvé après la mort de Bernard Manciet, se présente comme une suite de vingt-huit proses poétiques.
Le narrateur y marche, jour et nuit, dans une errance méditative, au milieu d’une nature souveraine et luxuriante, parfois hostile, parfois amie et finit par se fondre avec elle.
Le spectacle donne à entendre et à voir la prose sublime de Manciet à l’aide de quatre langages : voix, musique, peinture et lumière.
Mise en scène et en lumière : Jean-Pascal Pracht. Dessins : Adrien Demont. Environnement sonore : Serge Korjanevski. Voix : Christian Loustau. Avec Alain Raimond.
Tout public / Tarifs : 10 € (plein) / 8 € (réduit et moins de 18 ans) / Billetterie en ligne sur anglet-tourisme.com ou à l’Office de tourisme (1 € pré-réservation en ligne et au guichet OT). Au Théâtre Quintaou (le soir du spectacle).
Bernard Manciet, du "feu dans la langue"
Semblant refuser de propos délibéré toute concession à l'occitanité pour illustrer son parler gascon des Landes, Bernard Manciet est certainement l’un des grands poètes – méconnus – de l’Europe moderne.
Né à Sabres le 27 septembre 1923, il se familiarisa avec les Lettres latines et grecques pendant les trois années heureuses qu'il passa chez ses oncles curés bordelais.
Lors de notre assemblée annuelle du 3 mai 2006, je me souviens avoir entendu l'abbé Passerat, au cours de son rapport annuel sur les concours de poésie occitane-catalane, évoquer mon confrère de l'Académie des Jeux Floraux, en particulier "una obra escrita dins lou gascon negre de las Lanas, dins una lenga metallica que trucaba coma un martèl de farga" : n'avait-il pas pris exemple dès son plus jeune âge de la poétesse bigourdane Filadelfa de Gerda dont il avait entendu quelques oeuvres lors d'un rassemblement du Félibrige :
Hé! Eths gascons! qu’èm un vielh pòble / Hé ! Les Gascons ! Nous sommes un vieux peuple
D’arraça pura e de sang nòble. / De race pure et de sang noble.
A Roncesvaus com a Muret, / À Roncevaux comme à Muret,
Qu’ensenhèm çò qu’entenèm èstre. / Nous enseignons ce que nous comprenons être.
Arren qu’un Diu, arren qu’un mèstre ! / Rien qu’un Dieu, rien qu’un maître !
Tau èra eth crid deth noste endret… / Ainsi est le cri de notre endroit…
Ce "feu dans la langue", il le partagea toute sa vie et Jordi Passerat de rappeler que Manciet disait : "j'écris avec ma peau !"
Il me précéda à l'Académie des Jeux Floraux qu'il intégra en 1986 comme "Maître ès-Jeux"... Jusqu'à ce que "l'ouragan de la mort ne vienne renverser ce pin des Landes, éteindre le feu qui brûlait dans le coeur de ce grand poète gascon" le 2 juin 2005 à Mont-de-Marsan.
Un feu poétique qui décrit aussi bien les déchirures intimes que la fin des temps ou des apocalypses qui résonnent dans "Le dire de Guernica".