Du 17 février au 18 mai, la Villa Beatrix Enea accueille l’exposition "Première… Seconde" dans le cadre de la 29ème édition de ce programme (entrée libre et gratuite).
"Première" constitue un rendez-vous annuel proposé depuis 1995 par le Centre d’art contemporain de Meymac et destiné à présenter le travail de onze jeunes diplômés de l’année 2022/2023 des écoles d’art partenaires (École européenne supérieure de l’Image d’Angoulême-Poitiers, École nationale supérieure d’art de Bourges, École supérieure d’art de Clermont-Ferrand, École nationale supérieure d’art et de design de Limoges), sélectionnés par un jury de professionnels.
Ce programme permet à ces artistes d’avoir le pied à l’étrier en présentant leur production dans un lieu institutionnel et de rencontrer le public.
"Première… Seconde", réalisée en partenariat avec l’Abbaye Saint André-Centre d’art contemporain de Meymac, réunit des œuvres d'Elliot Barthez, Anatole Chartier, Yéva Dalle, Théodore Deleplace, Victor Gény, Morgane Jouvencel, Daphné Kaincz, Camille Krim, Fantine Lacroix, Florian Lecesve et Théo Levillain.  
À découvrir au centre d’art contemporain d’Anglet (Villa Beatrix Enea) du 17 février au 18 mai.

"Première… Seconde"

La grande majorité des travaux de cette édition s’articule autour de la notion de temps, pensé comme une durée, un écoulement, un cheminement ou une fuite. Un temps contemplatif, méditatif chez Elliot Barthez, celui du cheminement physique et spirituel chez Daphné Kaincz, le temps retrouvé, rétrospectif, reconstitué chez Yéva Dalle ou Camille Krim, le poids du temps chez Anatole Chartier, le temps arrêté, suspendu à une menace latente chez Victor Gény, le temps dépassé, post-anthropocène chez Morgane Jouvencel.
Cette dimension temporelle se combine à celle de l’espace : espace sublime chez Elliot Barthez, espace physique des éboulis et des sommets déserts chez Daphné Kaincz, espace intérieur, intime chez Yéva Dalle, espace architecturé chez Camille Krim, espace urbain, angoissant et labyrinthique chez Fantine Lacroix, espace incertain de la mémoire chez Florian Lecesve, espace ouvert des horizons chez Anatole Chartier, espace dilaté du son chez Théo Levillain.
L’écriture poétique et l’édition, enrichies d’un travail typographique et de dessins, complètent le propos chez Daphné Kaincz, Fantine Lacroix et Yéva Dalle. Quatre artistes se rattachent au courant des artistes bricoleurs : Théo Levillain, Anatole Chartier, Florian Lecesve et Théodore Deleplace.
Une inquiétude teintée de nostalgie imprègne la plupart des démarches.
Du 17 février au 18 mai, Villa Beatrix Enea / Entrée libre et gratuite

Les Artistes

Elliot Barthez
Né en 1998 à Oloron-Sainte-Marie Vit et travaille à Bourges Diplômé de l’ENSA Bourges (2023)
L’installation vidéo sonore CL-415 présente un vaste paysage en plan fixe, dans lequel le seul mouvement est celui de la végétation herbeuse qui ondule de manière imperceptible. Au centre, à une certaine distance du bord de l’image, quelqu’un (l’artiste ?) est assis immobile, face à l’horizon. Il nous tourne le dos – temps long – captivé par l’attrait du sublime. Jusqu’au moment où l’insistance de notre regard dérangeant sa rêverie méditative, il se retourne surpris. La perception du sublime est singulière. Elle produit une jubilation intérieure, qu’il est difficile de partager.

Anatole Chartier
Né en 1999 à Paris Vit et travaille à Montreuil Diplômée de l’EESI Angoulême-Poitiers (2023)
Dans la vidéo performance Le poids du sol, à l’instar du temps qui s’écoule dans une clepsydre, les grains de sable qui remplissent progressivement les écailles-réservoirs de la combinaison de l’artiste le rabattent symboliquement vers le sol. Contrainte n’implique cependant pas fatalité. Anatole Chartier est à la fois optimiste et bricoleur. En exergue de son porte-folio, il écrit : « Le vent se lève, il faut tenter de vivre ! ».

Yéva Dalle
Née en 2000 à Ussel Vit et travaille à Poitiers Diplômée de l’EESI Angoulême-Poitiers (2023)
La démarche de Yéva Dalle emprunte aux techniques de l’enquête anthropologique. Pratiquant une archéologie du quotidien, elle entreprend de restituer celui des cinq années de sa vie d’étudiante dans un appartement partagé. Elle en trace la cartographie, dresse une nomenclature des objets familiers. Reconstituer les bribes et les bruits du passé est au cœur de sa démarche. Ainsi de Souvenance, une création sonore qui restitue, par l’intermédiaire d’un phonographe (un Teppaz) couplé à une poterie qui tourne à la place du vinyle, des sons d’avant.

Théodore Deleplace
Né en 1998 aux Lilas Vit et travaille à Poitiers Diplômée de l’EESI Angoulême- Poitiers (2023) 
Théodore Deleplace revisite les pratiques traditionnelles de l’artisanat du bâtiment. Dans ses œuvres Coupes à Sifflets, Moule à planches, HLM (Les blocs) ou encore Dédale, il reproduit, en les détournant, les techniques d’assemblage du bois (chevilles, tenons ou mortaises en moulages de béton) ou de surfaçage des carreaux de céramique.

Victor Gény
Né en 1996 à Saint-Rémy Vit et travaille à Clermont-Ferrand Diplômée de l’ESA Clermont Métropole (2023)
Victor Gény pratique le retournement des formes et des valeurs. Il conjugue esthétique classique et matériau déconsidéré, fragile (le polystyrène), là où l’on attendrait du marbre. Les références historiques qu’il convoque n’y trouvent qu’une transcription dérisoire. L’Apollon du Belvédère, si souvent copié au point de devenir l’image de la médiocrité dans l’art, gît sur le sol, décapité. Plus loin, l’installation Célébration mime la danse figée de formes à peine dégrossies, sculptures inachevées. Au-dessus de nos têtes, l’épée de Damoclès, grossièrement façonnée dans ce même non-matériau, ne menace plus personne, sinon le monde dans sa médiocrité.

Morgane Jouvencel
Née en 1999 à Montpellier Vit et travaille à Pessac Diplômée de l’ENSAD Limoges (2023)
Comment sera la terre, une fois que l’homme aura disparu ? Qui la peuplera ? Jouant de données scientifiques et des spéculations de la science-fiction, Morgane Jouvencel imagine un monde post-anthropocène dont le sol couvert de croûtes de sel serait peuplé d’arthropodes géants aux origines

Daphné Kaincz
Née en 1998 à La Grave Vit et travaille à Limoges et en itinérance Diplômée de l’ENSAD Limoges (2023)
Le travail de Daphné Kaincz, nourri de souvenirs de randonnées solitaires, est une autre approche de la quête du sublime. On en trouve la manifestation (photographies ou dessins de falaises, d’éboulis, de cimes) dans ses publications. Mais en même temps, elle sait que la montagne est un espace difficile, labyrinthique où ceux qui y cheminent, doivent à chaque instant positiver pour éviter de se perdre. Constat qui la conduit à restituer principalement ces itinérances, à un niveau pratique. Elle moule, en argile, une panoplie d’équipement du randonneur. La marche stimule la pensée, ouvre sur une spiritualité à condition de rester lucide.

Camille Krim
Née en 1997 à Châtellerault Vit et travaille à Paris Diplômée de l’EESI Angoulême-Poitiers (2023)
Le sujet de Camille Krim est la ville. Celles qui lui sont chères figurent dans des collages synthétiques, de facture constructiviste. Son travail vise ainsi à retenir, dans le rappel d’une structure (architecture), la mémoire et les émotions qui lui sont rattachées. Ainsi encore du bas-relief en céramique Colonia Industria, patchwork de l’architecture d’une usine déclassée de Guadalajara, marqueur territorial pour les gangs dont elle évoque les tags identitaires à l’aide d’une technique de tissage de fils colorés empruntée à la population locale.

Fantine Lacroix
Née en 1999 à Lyon Vit et travaille à Clermont-Ferrand Diplômée de l’ESA Clermont Métropole (2023)
Le travail de Fantine Lacroix évoque l’univers fantastique des contes poético-philosophiques d’Italo Calvino. Villes imaginaires, déambulations, labyrinthes, sont les mots pour les décrire. Chaque déplacement dans l’espace urbain est l’occasion de souvenirs, de découvertes, de frissons et de peurs. Pour une femme plus encore. Le film Subways et les livrets qui en décrivent les parcours et les événements, station après station, illustrent cette ambivalence latente.

Florian Lecesve
Né en 1997 au Mans Vit et travaille à Crissé Diplômée de l’ENSA Bourges (2023)
Artiste prospectif et bricoleur, Florian Lecesve, curieux de saisir les mécanismes et la vérité de la mémoire, de la communication et de la création, recourt à l’intelligence artificielle. Il reconstitue un souvenir d’enfance aussi crédible que ceux que l’on croit restituer de mémoire ou crée des formes hybrides (Prompt sculpture) qui sont reproduites en céramique ou en verrerie traditionnelle.

Théo Levillain
Né en 1995 à Livry-Gargan Vit et travaille à Clermont-Ferrand Diplômée de l’ESA Clermont Métropole (2023)
Autre bidouilleur assumé, Théo Levillain réactive des matériels déclassés (circuits électroniques, synthétiseurs, ventilateurs, transistors, tubes métalliques, etc.), qu’il assemble selon des connections fragiles, constructions sonores à même d’interagir avec leurs environnements. Un bricolage poétique qui nous renvoie au temps premier de la technique, aux jubilations de l’inventeur en chambre ou, pour ceux qui ont tenté de capter les ondes courtes à l’aide d’un poste de leur fabrication, aux souvenirs adolescents.