Ce sont plus de 160 participants assidus qui ont suivi avec un intérêt soutenu le colloque de la Fédération Historique du Sud-Ouest sur le thème « Sorties de guerre », remarquablement orchestré par Josette Pontet, présidente de la Société Sciences Lettres et Arts de Bayonne. L’assistance a particulièrement apprécié la présentation du colloque par Michel Figeac, président de la FHSO qui a souligné combien il était heureux de « retrouver la Nive » 18 ans après le colloque précédent, et de voir la manifestation ouverte par Me Etchegaray, la présence du maire de la ville concernée n’étant pas habituelle lors de ces colloques annuels…
Ont été également très applaudies la conférence inaugurale du général Saint Macary, et particulièrement celle de Julian Montemayor, de l'Université de Toulouse-Capitole, qui a exploré avec talent la situation de la Nouvelle Espagne (Mexique) au XVIème siècle, agitée par des guerres incessantes et cruelles entre tribus et cités-états précolombiennes avant que ne s'y établisse la "pax hispanica" : de l'histoire authentique basée sur les plus récentes découvertes archéologiques, et non sur quelque réécriture idéologique dans l'air du temps ! François-Xavier Esponde revient sur un nom cité par un des conférenciers.
ALC
Daniel Brottier, soldat de 1914-18
Le Général Saint Macary dans son exposé introductif des Rencontres Historiques du Sud-Ouest n’a pas manqué de citer les noms de Clemenceau et de Brottier comme étant à l’origine de l’UNC, Union nationale des combattants, qu’il préside aujourd’hui.
Le général est issu d’une vieille famille d’Orthez qui a compté dans ses rangs Mgr François Saint Macary, ancien évêque de Nice, aujourd’hui décédé.
Quant à Daniel Brottier, ce fut un « aventurier » et un religieux de talent, né à La Ferté Saint Cyr en 1876 et mort à Paris en 1936 dans la Congrégation des Spiritains à laquelle il appartenait.
Il sera béatifié le 25 novembre 1984 à Rome par le pape Jean Paul II au cours d’une cérémonie grandiose en présence de plus de deux mille orphelins apprentis d’Auteuil venus à cette occasion dans la Ville Eternelle.
Son parcours fut celui d’un séminariste à Blois, ordonné prêtre en 1892, et envoyé en 1903 à Saint-Louis du Sénégal, dans les missions spiritaines africaines de sa congrégation.
Dans ces années sombres de 1904, il subira les Décrets Combes qui évinceront les religieux et religieuses de leurs écoles, hôpitaux et couvents sur le territoire national et dans les colonies françaises. A Saint Louis du Sénégal, les religieux furent ainsi obligés de quitter leurs écoles et leurs dispensaires-hôpitaux en vertu de ces règles d’expulsion appliquées à leur encontre en 1904.
Qu’à cela ne tienne, n’étant ni vil ni pleutre, Daniel Brottier relèvera le défi en fondant hors les murs des enceintes de la république, un patronage pour orphelins sénégalais, un jardin d’enfants, en créant « un Comité de l’enfance », une chorale et un journal, « l’Echo de Saint-Louis » pour adresser à tous les bienfaiteurs en France de l’œuvre qu’il assume, les informations requises par ses donateurs.
Daniel Brottier devient également botaniste et crée un fruit exotique, nommé la « Mangue Brottier » qui se répand et devient une ressource bien utile pour financer ses œuvres, en particulier son dispensaire.
L’homme revient en France en 1911, sa santé fragile lui imposant les conditions plus paisibles de vie en métropole, mais il n’a pas encore fini de réaliser ses projets ! Son évêque demeuré à Dakar lui demanda de proposer la construction de la Cathédrale de Dakar, « cathédrale du souvenir africain » pour tant de soldats engagés en Afrique sous les drapeaux français à qui cet édifice religieux devait être destiné.
Aumônier militaire - volontaire pendant la guerre de 1914-18 -, il était titulaire de l’Ordre de l’Armée par trois fois. Dès la fin de la guerre, il proposera à Clemenceau de créer l’UNC - l’Union nationale des combattants, « unis comme au front » selon la devise et la pérennité d’une institution toujours active aujourd’hui.
Titulaire de la Légion d’Honneur et de la Croix de guerre, Daniel Brottier sera nommé par Mgr Dubois, archevêque de Paris, directeur de la Fondation des Orphelins Apprentis d’Auteuil qui recueillait en ces années d’après-guerre bien des enfants orphelins en quête d’une formation professionnelle. Elle devint par la suite une Fondation d’Utilité Publique au rayonnement considérable.
Après avoir achevé la construction de la cathédrale de Dakar, Daniel Brottier s’attacha à la construction de l’Eglise Sainte-Thérèse de Lisieux à Auteuil, au cœur de sa fondation.
Sans crainte devant les adversités, toujours entreprenant malgré un manque de moyens, il continue et achève son œuvre avec le concours de milliers de donateurs en France qui le soutiennent dans ses missions.
La Fondation des OAA devenue Fondation des Apprentis d’Auteuil dispose du château de Gassion à Audaux en Béarn, près de Navarrenx, parmi des dizaines d’autres Maisons disséminées en France, dans les départements d’Outre -Mer et en Afrique.