La mère souveraine dans la bible : loin des idées contemporaines qui mènent à des anachronismes, la mère est souveraine dans la tradition biblique. Elles sont matriarches et font le choix de leur enfant pour exercer les fonctions suprêmes.
Femmes illustres ou anonymes, Sarah - la femme d’Abraham -, Rebecca, celle d’Isaac, Léa et Rachel - première et seconde épouse de Jacob - ont du caractère. Pour les affaires religieuses elles sont à l’extérieur, mais dans la vie familiale elles remplissent leur mission et leur décision compte.On les nomme “prophétesses” dans la littérature talmudique, et leur présence est avérée dans le choix de leur enfant pour remplir une fidélité à la tradition religieuse et de gouvernance.
Rebecca interviendra pour que le fils préféré Jacob reçoive la bénédiction paternelle d’Isaac qui nourrissait un autre choix. Et le roi Salomon devra son trône à sa mère Bethsabée ayant intercédé en sa faveur auprès de son père David (1 Rois 1-2).
Les mères ont fonction d’engendrer : « A vous d’être féconds et multiples », demande l’Eternel à Adam et Eve (Genèse 1,28).
Rappelons le verset attribué à Rébecca, « notre sœur, puisses-tu devenir des milliers de myriades, et puisse ta postérité conquérir la porte de tes ennemis », Genèse, 24,60.
Les pionniers de l’Etat d’Israël avaient repris cette mission biblique lors de leur retour en force sur la vieille terre de leurs ancêtres en la terre sainte bénie de leur Seigneur. Le secret de cette union réside dans la douleur de l’enfantement souvent rapporté par le Livre Saint. Les mères en couche et en souffrance sont nombreuses dans le texte biblique. Une relation intime entre l’Eternel et la mère qui donne vie et relie par ce fait même cette mission à Dieu lui-même justifie ce lien où la sublime naissance d’un enfant désiré fait suite à une maternité douloureuse et difficile.Le nombre de ces naissances miraculeuses est répété dans le texte sacré pour rappeler « que cet enfant n’est pas tout d’abord le fruit d’une volonté humaine, mais une habilitation de Dieu dans la chair des mères qui donnent naissance à leur enfant ».
Comme pour Sarah, Anne la mère de Samuel ou Elizabeth, mère de Jean Baptiste, Luc 1, 5-25 La maternité relève du ressort spirituel d’une fécondité spirituelle première. Tel sera le destin de Débora dans Juges 5, sa parole et son témoignage redonneront vie et confiance à tout son peuple. Il n’est pas fait mention des enfants nés sinon de l’action de la prophétesse dans sa mission. L’exemple de Marie, partagée entre sa fonction maternelle et sa mission de service de son Fils pour lui assurer sa vocation, atteint l’apogée de cette vocation dans la tradition des chrétiens de ne jamais préjuger du pouvoir de notre personne dans les tâches religieuses auxquelles nous pouvons être appelés. Dans cette filiation spirituelle et biblique, il nous est rappelé : « ne rejette pas l’enseignement de ta mère » Proverbes 1,8-9, « honore ton père et ta mère » Exode 20,12, comme une règle de vie à préserver, pratiquer et protéger au fil de notre histoire !
Il est un sujet commun dans nos cultures pyrénéennes. La fonction de la mère “ama” chez les Basques au sein de la famille. Serait-il hasardeux de penser que l’influence de la bible ait pu jouer dans cette adhésion des pratiques religieuses autour de la mission de la mère dans les familles ? Sur le versant navarrais des Pyrénées, d’aucuns soulignent l’influence séculaire des sépharades sur les Basques au fil de l’histoire, par des mariages mixtes fréquents entre les deux communautés. Dans les communes “charnegou”, on cite l’influence culturelle du basque et du gascon, oubliant sans doute les rapports des autochtones avec les juifs venus d’Espagne et du Portugal, dits nouveaux chrétiens, dont seraient issues des filiations non officielles mais bien réelles de la région. Ceux qui le disent recherchent des preuves, ceux qui en doutent cherchent à les certifier sans assurance.