La semaine dernière en évoquant la Saint Valentin, l’équipe du musée Basque visionna les portraits de la reine Marie Anne de Neubourg (1667-1740) et de son amant le chevalier Jean de Larrétéguy. Une histoire d’amour qui inspira Victor Hugo pour écrire Ruy Blas.

Princesse de Bavière et seconde épouse du roi Charles II d’Espagne, dernier de la dynastie des Habsbourg et décédé, la reine Marie-Anne de Neubourg qui n’eut pas d’enfant, fut exilée durant 32 ans à Bayonne par Louis XIV qui avait placé sur le trône d'Espagne son petit-fils le Duc d’Anjou qui régna sous le nom de Philippe V.
Belle veuve au port altier, elle apparaît vêtue d’un manteau royal de velours noir doublé d’hermine comme l’indique le portrait pourtant un peu figé du peintre Robert Gabriel Gence (vers 1670-1728) qui travailla à son service pendant 17 ans. 

Arrivée à Bayonne en 1706, la reine  habita la maison de la famille des Montaut détruite il y a deux siècles. Propriétaire du château de Marracq qu’elle a fait reconstruire, d’après les dires, Marie-Anne de Neubourg n'aurait jamais réellement habité cette demeure car une dame de sa suite aurait occupé un appartement avant que les travaux de la bâtisse ne fussent complètement achevés.

La reine - qui chantait bien - était férue de musique, tout comme son amant Jean de Larrétéguy. Ce dernier, peint par Robert Gabriel Gence, est représenté en Appolon enveloppé d’une imposante cape à l’antique dégageant une partie de son torse, et semble jouer de la lyre. D’autres instruments à cordes, un archet et un violoncelle ainsi qu’une flûte, ont été représentés au bas du tableau. Pour l’anecdote, cette œuvre fut réalisée à Saint-Pierre d’Irube dans la propriété de Grand Lissague qui appartenait à Lespès de Hureaux, beau-frère de Larrétéguy...

L’ épisode amoureux entre la reine de Neubourg et le chevalier Jean de Larrétéguy prendra fin.
La reine écrira à ce sujet : « Bayonne resta jusqu’à la fin de ma vie dans mon cœur, tout comme mon bel Apollon, le chevalier de Larréteguy, ici présent »

La reine finira par se réconcilier avec la Cour de Madrid, obtenant l'autorisation de retourner dans la capitale madrilène. « Contrainte à l’exil, je vins me réfugier en 1706 à Bayonne où j’ai vécu durant une trentaine d’année avant de retourner à Madrid.
Elle s'installa dans le Palais de l'Infant à Guadalajara, où elle mourut le 16 juillet 1740. Elle est enterrée à l'Escurial. 

Robert Gabriel Gence, natif de Paris, travailla à Bayonne pendant au moins 17 ans depuis son arrivée attestée en 1711 au service de Marie-Anne de Neubourg (1667-1740)