Le 5 mars dernier, la cathédrale de Bayonne a célébré saint Léon patron de la ville sous la présidence de Mgr Aillet, et c'est son prédécesseur, l'évêque émérite Mgr Molères, qui prononça l’homélie du jour.

Une forte délégation d’élus de la Ville et du Conseil départemental, un groupe nourri de Chevaliers de Malte, et les étudiants des séminaires Redemptoris Mater et de celui de Bayonne participaient à la cérémonie.
Dans l'assistance, on notait également une délégation de militaires du 1- RPIMA de Bayonne
Pottoroak dirigé par André Lassus assura les chants en français et en basque, au coeur d’une assemblée dense de fidèles qui garnissaient les travées de l’édifice.
Dans le choeur de la cathédrale le buste et les reliques de Saint Léon placées devant l’autel attiraient l’attention des fidèles.

Au cours de son homélie, Mgr Molères relata les grandes dates de l’histoire du diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron dont il fut l’évêque pendant 24 ans, depuis la venue de Léon avec ses compagnons depuis la Normandie pour apporter l’évangile dans cette partie de l’Aquitaine située en Lapurdum, nom de la province de Bayonne et de sa contrée.
Une histoire ininterrompue qui connut des vacances d’évêques peu nombreuses corrigées dans un laps de temps court, telles celles lors de la Révolution française.
Les évêques exilés trouvèrent refuge  en Navarre voisine comme celui de Bayonne dont la sépulture se visite au Monastère de la Oliva dans le sud de la province espagnole.

Léon, devenu par son martyre le patron de la ville où l’on dénombre encore le souvenir vivant par sa cathédrale sur une ancienne chapelle primitive relatée par les chroniqueurs, la Fontaine Saint Léon, l’Hôpital de la ville portant son patronyme, la croix de saint Léon, le cimetière et le campement militaire primitif de ce quartier de la ville.
La messe fut diffusée en direct par la radio diocésaine Lapurdi animée par Alexandre Aguerre.

Le sang versé par saint Léon a insufflé dans cette région de l’Adour et de la Nive qui la traverse la mémoire historique ancienne d’un culte porté à cet évêque normand dont Mgr Molères rappela le devoir de mémoire perpétué par les générations successives de chrétiens habitant cette contrée.
Un recueil estimable de commentaires qui pouvaient sembler le choix parfait d’un testament d’évêque attaché à cette histoire, celle de Léon et la sienne.

En préambule à la messe, le message succinct du dialogue privé de Mgr Vincent passant le flambeau de la charge à Mgr Molères est suggestif : “Je fus l’évêque de la pénurie, vous serez l’évêque de la crise”... Et lorsqu’au terme de 24 années de mission, Mgr Molères transmit à son tour la charge à Mgr Aillet, il lui annonça : “vous serez l’évêque du renouveau après celui de la crise” !

L’histoire religieuse de Bayonne ne fut guère épargnée en effet par les crises, blessures et difficultés. La question basque, le sujet liturgique, les débats de société et le rapport direct au fait religieux dans un espace sécularisé..

Les questions touchant la Réforme, la présence de deux papes souverains à Rome et Avignon lors du schisme, la Révolution Française et le statut ecclésiastique de ses sujets soumis à l’autorité publique au péril de leur survie, la querelle janséniste et sa forte influence dans ce pays, la présence de plusieurs séminaires en ce lieu mémoriel de l’espace saint Léon, en cette année où l’on célèbre les trois cents ans du premier séminaire janséniste situé à Lahubiague de 1723-2023 en donnent le profil résumé.

Viendra le temps des Expulsions des congrégations religieuses, les Inventaires suivront un siècle plus tard, puis le temps des Première et Seconde guerres mondiales avec l’action courageuse de Mgr Vansteenberghe, mort à l’évêché de Bayonne en 1943 et soumis à l'assignation à résidence par les Allemands ; plus récemment encore, la crise et la réforme des années 1960 que Mgr Vincent, Mgr Molères et le présent évêque connaitront dans leur mission ecclésiale.

Mgr Molères a publié récemment "Mémoires d’évêque du Pays Basque et du Béarn", un livre de souvenirs relatifs à son ministère pendant 24 années au service de cette communauté humaine, et dont il fit la diffusion lors de cette cérémonie.

En cette année 2023, Mgr Molères, évêque émérite, livra ses réflexions librement, comme un devoir de mémoire de la personnalité de Saint Léon de Bayonne à ne pas assimiler à une figure légendaire et royale appauvrie du sujet, et fit la démonstration d’une ferveur landaise de ses origines qui ne renoncent jamais à l’adage appliqué aux Bayonnais “fluctuat nec mergitur” soumis aux flots mais ne coulent pas, et que nos aieux transmirent aux générations suivantes comme un testament spirituel par tous les temps !