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Tradition
15 août, de la Terre et du Ciel, Vie en plénitude !
15 août, de la Terre et du Ciel, Vie en plénitude !

| François-Xavier Esponde 1146 mots

15 août, de la Terre et du Ciel, Vie en plénitude !

Fête de Marie, fêtes de l’été, fête des vendanges, fête de la mer, on associe bien souvent cette pâque de l’été à la figure mariale et à ses dérivés d’une dévotion populaire toujours active.
La forme la plus récente pour les Latins de l’Assomption finale a une origine récente, depuis la proclamation du dogme par le pape Pie XII en 1854, de L’Immaculée Conception mais l’origine de cette fête antique remonte aux débuts du christianisme en Orient, en ces pays où la figure de la Mère du prophète est sujet de vénération.

On sait qu’aux débuts du christianisme les fêtes d’obligation rapportaient la vie des martyrs de la foi, et ce là-même où se trouvait leur sépulture.
Le culte de ces saints Apôtres, martyrs, témoins du sang versé se développa ultérieurement au fil du temps, dans le reste de la chrétienté, objet de dévotion, de vénération pour le bénéfice de leur patronage.

La mère de Jésus ne faisant pas exception ; elle était citée dans son lien rappelant la commémoration de la Nativité de Jésus.
Cependant à Ephèse, on prit de la liberté avec ces usages en 431 en proclamant solennellement la légitimité du titre de “Theotokos”- Mère de Dieu ou plus précisément “celle qui a enfanté Dieu” au sujet de Marie.

Ce fut une révolution spirituelle, avec les premiers édifices érigés à Marie, comme la Basilique Sainte Marie Majeure, et pendant le temps de Noël, la mémoire de Marie - Mère de Dieu !
Les traditions anciennes ayant la vie dure, on ne pouvait les changer, mais les associer à la figure mariale qui pouvait les fédérer dans la dévotion, la ferveur et la prière.

Mère de toute vie, enfantement sacré, culte à la divinité païenne la plus enracinée en des cultures profanes, comme le panthéisme le plus viscéral de l’humanité qui ne le distingue de l’Esprit souverain contenu dans l’univers, la filiation divine de l’homme issu de cette force invincible se confondait avec cette énergie mystérieuse.
Marie et Jésus demeuraient les références bibliques et chrétiennes des origines. Marie restant étroitement liée à la célébration du Seigneur Dieu, et le huitième jour après sa naissance correspondait à la circoncision et le choix du nom de Jésus, ce dieu sauveur !
Il en sera également le 2 février qui fut célébrée tout d’abord comme Fête du Christ. Les Byzantins l’appelant l’Hypapante, ou la rencontre du Seigneur avec son peuple croyant.

Ce sera au Moyen Age qu’on évoqua la fête de la purification de Marie de sa filiation naturelle et la réforme liturgique récente de 1970 en soulignera encore la primauté donnée à la fête du Christ.
Idem pour l’Annonciation qui est tout d’abord l’annonce de la Naissance du sauveur avant d’être l’annonce faite à Marie, une fête déjà connue au VII ème siècle non sans difficulté puisque se situant en carême, excluant toute festivité liturgique.

Les fins limiers de la pensée théologique appellent avant tout autre interprétation, ces échanges des subtilités byzantines, sur l’origine, les modalités, les traditions issues des cultes antiques de Marie, confirmant que toute dévotion mariale rappelle la dévotion filiale que nous entretenons viscéralement avec notre propre mère, bien au delà des précautions observées pour ne faire de Marie une divinité première dans le panthéon paien des croyances de l’humanité.

C’est donc en Orient au cours du VIIème siècle que prend naissance la fête de la Nativité de Marie.
Des récits apocryphes circulent à ce propos autour de la naissance de Marie dès le IIème siècle, comme dans le Protévangile de Jacques, on chercha à les évincer, les éloigner d’une saine théologie mariale, mais en vain.

La dévotion populaire maintint ces traditions comme dans un florilège de croyances ajoutées qui font le charme coloré de cette foi et séduisent somme toutes les fidèles aimant se l’approprier pour leur propre histoire.

On choisit même le 8 septembre, une dédicace d’église pour la date de la naissance de Marie, on portait peu d’intérêt à sa fin terrestre ; on désignait à Jérusalem la Basilique de la Dormition où le tombeau occupé par Marie demeurait vide, avant “d’être enlevé au ciel.”

Mais pour les croyants Marie en gloire, en majesté promise en plénitude à la vie éternelle avait quitté les substrats de sa maternité humaine pour être Mère de Dieu et de l’Eglise, en apothéose et en infinitude.
On décida enfin au fil du temps de choisir le 15 août pour fête Marie en gloire et en majesté au zénith de l’été. C’est de Jérusalem toujours que se répandit cette dévotion destinée à toute la chrétienté.

On ne pouvait admettre dans cette tradition orientale que “Marie ait pu être retenue par les liens de sa propre mort”, dans cette théologie bien de l’Orient où la dormition semblait la délivrer des angoisses de la mort, des souffrances du trépas, à savoir du péché originel dans une forme de sommeil transitoire.
Les Latins préférant parler de l’Assomption de la Vierge Marie, élevée avec son âme et son corps jusqu’à la gloire du ciel.

Au Xème siècle, un théologien proche d’Anselme de Cantorbéry écrivit un Traité sur l’Assomption, signé du patronage de saint Augustin, ce qui semblerait aujourd’hui un abus de confiance de la propriété intellectuelle.
Mais pour le Moyen-Âge rien ne pouvait semblait de meilleur aloi de se réclamer du grand penseur berbère pour évoquer la Mère de Dieu, que du patronage de pseudo auteurs livresques de peu de majesté !

Au pays de Marianne - en France -, l’Assomption était devenue la Fête nationale française en 1638.
Le disant on semblerait profaner la République ?

Mais l’histoire étant indomptable, le Roi Louis XIII attendant son fils tant désiré – le futur Louis XIV, qui naîtra le 5 septembre 1638 -, décida de consacrer son Royaume à la Vierge Marie, le 15 août.
La formule du Vœu Royal avait été composée par le Supérieur général des pères de l’Oratoire, le père de Condren. Le Roi consacrant sa personne, ses Etats et son Peuple “à la grandeur de Dieu par son Fils rabaissé jusqu’à nous”.
Difficile d’imaginer aujourd’hui une telle postérité de la part de ceux qui nous gouvernent de lignage et de la même pensée !

Par-delà les formes, les raisons évoquées, et l’histoire racontée de la France et de ses princes, l’Assomption de Marie garde cependant sans cesse une sacralité particulière.
Le sacrifice de la Mère divine rappelle celle de notre propre filiation, et de la proximité d’une mère qui nous a comblés du don incommensurable de la vie !

Dans un rapport à cette mère pour tout sujet humain, l’unicité de ce lien dépasse notre entendement et la rationalité qui l’exprime. De la terre et du ciel, du visible vers le monde des choses invisibles, des esprits du monde vers des forces souveraines qui l’habitent, le mystère reste absolu.
Un silence de vie invincible appelle à la Foi, sans contrainte, sans réserve, notre liberté personnelle !

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