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Danse
Yves Ugalde : les mutxiko au Carreau des halles… et son spectacle, de retour au Théâtre Portal !
Yves Ugalde : les mutxiko au Carreau des halles… et son spectacle, de retour au Théâtre Portal !

| Yves Ugalde 874 mots

Yves Ugalde : les mutxiko au Carreau des halles… et son spectacle, de retour au Théâtre Portal !

Carreau des halles dimanche matin, les mutxikos font le plein. Ce moment veut dire beaucoup d'un pays qui refuse de ressembler aux autres. Des générations différentes, des danseurs qui ont appris, d'autres qui héritent. Qu'importe, aux premiers accents des txistus d'Orai Bat, ils, elles, affluent par dizaines, puis ça devient des centaines. C'est un rendez-vous qu'on se donne sans avoir à se rappeler.

Le carreau se transforme en place de village du Pays Basque et on se met en ligne, en rond, pour marquer les temps. Les ordres sont lancés : "Erdizka !", "Jausi !", "Dobla !". Nous entrons là dans l'ordonnancement d'une danse dite "sociale". Tout dans les mutxikos respire l'organisation d'un groupe. Le corps droit, les bras ballants, chacun, chacune, se soumet à une cadence bien structurée.

Que vient-on dire et vivre là ? Au cœur d'une ville dont on est, mais pas forcément. Une ville qui, elle-même, n'a peut-être jamais dansé comme ça à cet endroit. Des choses fortes, selon moi. Des choses que beaucoup de territoires ne disent plus de ce dont ils viennent et qu'ils auraient envie de transmettre sans jamais plus pouvoir le faire. Il y a de tout ça dans ces mutxikos que l'on ne vient pas danser pour passer le temps. 

Il n'est que de voir la déception des danseurs quand les conditions météorologiques ou un autre impondérable de calendrier, viennent perturber l'organisation préliminaire du rassemblement dansé. Les visages se font graves, on cherche un repli possible, on appelle au téléphone pour comprendre les raisons de l'annulation. L'acte manqué perturbe la matinée du dimanche. Il manque quelque chose.

Il y a dans le succès grandissant de cette ronde ordonnancée, la volonté partagée de rester debout et soi-même dans un monde qui ne danse plus qu'aux ordres de musiques mondialisées, et dans des cloisonnements générationnels, sociologiques, qui séparent les gens d'horizons différents. La danse aujourd'hui ne fait plus société, elle la hiérarchise, la divise. Exclut les moins favorisés. Les moins beaux aussi parfois.

Le retour en force des mutxikos, spectaculaire hier matin sur le carreau des halles de Bayonne, est donc tout sauf le fruit du hasard. On vient danser les mutxikos pour marquer le sol de pas ancestraux. Plein de sols en France aujourd'hui ne sont déjà plus frappés du talon ou du plat du pied. Les racines qui courent sous la croûte terrestre ne sont déjà plus réveillées par le cadencement de siècles de rondes, de sardanes ou de bourrées. Les terres meurent au rythme même des paysans qui les font éclore.

Ici on continue. Difficilement, mais on continue. Mieux, on se passe le mot, pour ne pas lâcher cette relève de garde. Parce que ça tient aussi de ça. En dansant les mutxikos, on dit à la face du monde qu'ici on n'entend pas déserter les places que les anciens nous ont transmises. Ils y dansaient, nous y dansons. Et les mêmes pas, surtout les mêmes. Sans rien changer. Tout est fait et proposé, de la télé aux journaux, de la radio aux réseaux sociaux, pour qu'on se laisse happer par un nouveau mode de vie, de se mouvoir, de s'isoler enfin. Le pire des isolements, celui de la masse.

Les danseurs d'hier matin, eux, ont refusé la grasse matinée. A la place du footing où on ne pense qu'à son cardio, là, on s'adonne à une activité physique qui préserve aussi l'âme d'un groupe dont nous ne sommes que des maillons. En tenue de ville, sans joggings fuchsia et casques musicaux qui enferment encore plus sur un effort égocentré "à la Californienne", le danseur du dimanche bouge, saute, danse, en lien direct avec ceux et celles qui nous ont précédés sur cette terre. En fait, c'est avec eux qu'ils dansent d'abord.

Sans développement élaboré de thèses sociétales, on se passe le mot d'une urgence à ne pas baisser le pavillon de ce que l'on est depuis des siècles.

Le seul écueil qui nous menacerait, serait de danser entre nous, le dos fermé à ceux et celles qui ne savent pas ou qui nous découvrent. Mais j'ai vu hier le groupe s'ouvrir à des plus maladroits, à des novices. Tous les espoirs sont donc permis. Les mutxikos ainsi vécus ouvrent plein d'espoir d'avenir pour ce "petit peuple qui danse et chante au pied des Pyrénées"…

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Yves Ugalde, chansonnier ©
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Par ailleurs, nombreux furent les spectateurs à n’avoir pu accéder au théâtre de Bayonne pour la première du spectacle de chansonnier d’Yves Ugalde Faut rigoler !
« Alors on prolonge ! », nous annonce l’artiste qui promet encore de belles surprises sous le signe du rire. Pour rappel, dans les années 1990-2000 et dans la tradition des revues “à la bayonnaise” de l’avant guerre, Yves Ugalde avait régulièrement rempli l’enceinte et connu une forte affluence. Son nouveau spectacle a pour but de se détacher et de rire de l’actualité locale et nationale : au détour de ses parodies, dites chantées ou imitées, et de ses sketchs, l’artiste va scruter de près l’année écoulée, offrant ainsi au public une réflexion divertissante et enjouée sur le monde qui l’entoure. 

Ce sera le 14 mai à 20h30 au théâtre Michel Portal. Entrée : Plein tarif : 25 € / Tarif déclic: 15 € 
Billetterie ouverte au théâtre (tél. 05 59 59 07 27) ou sur billetteriescenenationale.fr

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Yves Ugalde à la guitare.jpg ©
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