“La Nation reconnaissante” doit-elle à terme honorer les victimes d’une guerre sanitaire désignée comme un fléau à combattre coûte que coûte, selon les sommets de l’Etat ?
S’agira-t-il d’une guerre conventionnelle selon le rapport habitué d’un affrontement contre un adversaire défini ?
La victime sera-t-elle du côté des morts de cette guerre, des acteurs sanitaires engagés pour le combat des hôpitaux, sur la chaine ininterrompue des urgentistes, ou des familles privées de leur filiation ?
On pressent les réticences des uns, la requalification du langage demandée par les autres à l’heure de quelque décision nationale qui transcenderait les différences observées selon les régions face à l’ampleur de la pandémie en métropole ou dans les territoires d’outre mer, ultra marins.
En France comme en Europe pour notre proximité la question se pose en tous pays.
L’Allemagne a pris des initiatives. L’Espagne a voulu ériger dans l’urgence un monument civil à Madrid pour ne pas oublier les milliers de morts de la maladie.
En Angleterre le pouvoir envisagerait de planter des arbres dans quelque jardin public aménagé pour la situation et se souvenir des victimes de l’épidémie qui sévit toujours par les variants indiens au Royaume Uni. En ces régions anglo saxonnes, la nature retrouve ses droits lors de la mort des siens.
Les monuments aux morts existants sont ainsi porteurs de ce mariage écologique des vivants et de la terre qui recueille le souvenir des disparus pour la postérité.
Les Italiens ayant subi la détresse morale du virus ont déjà pris comme à Bergame des dispositions dans les régions les plus affectées du pays.
En France, pays de l’exemple, soucieux de tenir sa traditionnelle ambition de montrer l’exemple, qu’en sera-t-il ?
Un jour national observé, un monument civil ou religieux bâti ou consacré à cette intention ?
Montmartre est un exemple vivant et récent de la consécration du monument d’une ville et d’un pays aux communards, aux victimes de la guerre civile qui par ses 30 000 victimes parisiennes frappa les esprits au coeur du XIXème siècle.
Un espace naturel désigné dans chaque commune, en région, à Paris pour observer le temps de l’hommage allié à celui du souvenir, de l’émotion à celui de la douleur des familles qui auront subi l’épreuve de la séparation des êtres chers, arrachés à leur affection.
Toute hypothèse étant à l’étude, on réfléchit, on pense et on envisage des projets pour l’histoire.
Jadis on déposait des ex-votos dans les lieux de culte pour graver dans la pierre les noms des victimes sauvées de la maladie, mais pour le cas ces victimes n’ayant pu être sauvées de la pandémie, ce gage symbolique aurait-il le même profil pour le temps de la mémoire ?
On préférera la photo des disparus, des objets qui les rappellent, des images de vie à celle de toute mort, cruelle et d’innocents victimes de la mort.
Les prudents évoquent encore la précaution nécessaire face à la pandémie qui pour l’heure n’a pas disparu du territoire national, et recommandent d’attendre des jours meilleurs promis par la diffusion à grande échelle des vaccins salvateurs qui procureront une protection d’anti corps d’immunité suffisante à la population.
Toute projection semblerait prématurée pour l’heure et dans la “guerre sanitaire” en cours et dans le décompte final des victimes de ce fléau.
Chaque professionnel voulant sa reconnaissance, et son droit au Souvenir National, on s’évertue dans les sphères de gouvernance à trouver la ou les propositions les plus judicieuses et les plus légitimes pour tous, pour ne pas oublier par le fait les témoins engagés de cette lutte sans merci qui a focalisé pendant plus d’une année des énergies considérables dans les chancelleries et les ministères concernés par ce combat des maisons de santé du territoire.
La proximité de ceux qui portent la lutte contre la maladie et de tous ceux qui promeuvent le devoir de mémoire pour les victimes innocentes qualifient de ligne rouge l’issue départageant les limites du consensus entre tous.
A terme la projection ne peut que recueillir l’agrément national des opinions publiques concernées sans exception par le virus qui n’a fait de quartier ou d’exception dans la population, quelle que soit son origine, sa génération, sa famille de pensée ou sa religion.
Un défi national, dès lors inédit et intéressant.
Ne rien faire semblant exclu, proposer quelque chose porteur de sens ayant la préférence, on s’ingénie à penser et faire partager le symbole fort d’une pandémie qui a marqué profondément la nation française dans ses enfants.
Marianne réfléchit, le florilège des protections divines et spirituelles, la Mère du Sauveur, le Sacré Coeur, initient des dévotions privées des fidèles mis à contribution pour soulager de la main tendue, et d’humanisme le destin tragique des victimes,
Fraternité pour les uns, charité et compassion pour les autres, la solidarité réunie de facto de toutes familles spirituelles conjuguent une espérance des jours meilleurs du vivre ensemble d’après covid national.
Ce symbole du covid aux apparences d’un coeur de souffrance et de détestation va-t-il engendrer un sursaut d’égalité de destin dont on ne sait à ce jour quel visage il pourra enfanter ?
On devine sans préjugé aucun que le sujet d’un devoir de mémoire est encore dans les cartons des responsables de la chose publique.
Pour donner le change à une force de réconciliation nationale d’ une épreuve dont on décompte de plus en plus les volets sanitaires, économiques, psychologiques d’un virus aux perversions multiples, qu’il faudra à terme pacifier pour un vivre ensemble heureux pour la Nation !