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Tourisme
Un pied dans chaque hémisphère (1) : notre globe-trotter Manex Barace en Colombie
Un pied dans chaque hémisphère (1) : notre globe-trotter Manex Barace en Colombie

| Manex Barace 1148 mots

Un pied dans chaque hémisphère (1) : notre globe-trotter Manex Barace en Colombie

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Région de Tierradentro ©
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L'impressionnante cathédrale souterraine de Zipaquira, creusée dans une ancienne mine de sel ©
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De Colombie en Equateur, sur le toit du monde andin

Bogota est réputée pour ses belles églises coloniales situées dans les vieux quartiers, près du musée de l’Or. Il est toutefois un sanctuaire « moderne » à ne pas manquer, située à 52 kilomètres de la capitale.

Zipaquira 

Un peu plus d’une heure de route pour atteindre la cathédrale de Zipaquira. Le plus troublant lorsqu’on descend de l’autocar, est de ne rien voir qui dépasse les toits des maisons. Se serait-on trompé ? Le conducteur aurait-il mal compris ? Que non point. On ne risque pas de voir clocher ou flèches de cette église puisqu’elle est… souterraine ! Elle a été creusée dans le sous-sol de la montagne dans une mine de sel désaffectée, déjà exploitée par les Indiens. Plus d’une centaine de mineurs ont creusé et façonné durant quatre ans (1991 – 1995) ce qui est devenu la première merveille de la Colombie. Etonnant spectacle que parcourir des galeries où le sol, les murs, les voutes, sont en sel. De ce même sel utilisé pour la préparation des repas ! L’acoustique est particulière. Beaux souvenirs sonores d’une messe chantée avec le chœur d’hommes Oldarra. 
De retour à Bogota, c’est avec une vision différente que l’on regarde les vieilles églises coloniales, les immeubles modernes, les marchés indiens, le tout dans un désordre parfait…

Cali 

De Bogota à Cali, moins de 350 kilomètres sur la carte. Mais sur le terrain, une chaine de montagnes à descendre puis une autre à gravir, soit entre 11 et 12 heures de route, si tout va bien. Et tout cela uniquement pour aller admirer des jardins dont la réputation a fait le tour du pays, comme le regard des jeunes filles de Cali…

San Agustín 

De Bogota la capitale à San Agustín, une douzaine d’heures en autocar, ou une heure d’avionnette puis seulement cinq heures de bus « local » depuis la ville de Neiva. Le parc archéologique de San Agustín est un ensemble de monuments religieux et de sculptures mégalithiques. 300 sculptures monumentales stylisées parsèment ce parc, témoignant de l’art d’une civilisation qui atteignit son apogée durant les huit premiers siècles de notre ère. Le parc est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1995 et constitue la plus grande nécropole au monde en termes de surface.

Plutôt une piste qu’une route entre Neiva et San Agustín. Sur la droite, les sommets andins. Sur la gauche, en contrebas, la vallée s’étale à perte de vue. L’Amazonie commence en bas. La route suit le cours du fleuve Magdalena. Nous remontons en direction de sa source. S’il existe plusieurs petits aéroports dans la région, à Florencia et à Pitalito, du fait du petit nombre de sièges des avionnettes, obtenir une place reste problématique. 

Descente du bus à San Agustín, fatigué et pas très reluisant après le voyage. Content de trouver un « chico » bien intentionné, qui « aide » à trouver où se loger lorsque on débarque avec un sac à dos pour tout bagage. L’offre d’hébergement constitue pour les villageois un complément de revenus appréciable. D’ailleurs il semble qu’ici on n’a guère le choix. Qu’est-ce qu’on vient faire dans ce trou presque au bout du chemin ?

Cette région fut habituée il y a de nombreux siècles par des ethnies différentes, qui se sont succédées, laissant chacune des témoignages sous forme de pierres gravées, sculptées, représentant des formes humaines ou animales ou des êtres fantastiques. Les sites sont très éparpillés dans la forêt, à flanc de colline ou dans la montagne, quand ce n’est pas au pied d’une cascade. Les plus anciens vestiges datés auraient environ 26 siècles. Beaucoup gardent leurs mystères. Le premier jour on parcourt les environs immédiats à pied. Le second on est heureux d’accepter le cheval proposé par le « chico » qui vous suit pas à pas depuis votre arrivée. Le troisième et dernier jour, on se réunit à plusieurs et on loue une Jeep… 

Tierradentro 

C’est dans cette région éloignée de tout et de tous que j’ai le mieux compris le sens du mot « Ciénaga » souvent évoqué dans l’ouvrage « Cien años de soledad » (cent ans de solitude) du grand auteur colombien Gabriel García Márquez…

Nous avons quitté le département de Huila et, après une nuit blanche passée dans une « cantina », de peur de manquer le bus à la croisée de deux pistes, arrivée au petit matin à San Andrés de Pisimbala, dans le département de Cauca. Paysages farouches, verts et arides à la fois. Les montagnes sont creusées de crevasses, résultat de l’érosion par l’eau et le froid, et le chemin de terre serpente à flanc de montagne ou sur une arrête, à cheval sur deux versants. Quand il le peut, le conducteur roule à un train d’enfer, soulevant une poussière impressionnante : tant pis pour ceux qui marchent le long de la piste.

Ce sont les Conquistadores qui ont baptisé cette région la « terre à l’intérieur des terres », tant l’accès est difficile à cette cordillère centrale. A cette altitude poussent café, bananes, yucas comestibles, oranges. Que vient-on voir ? Des statues qui ressemblent à celles de San Agustín, style unique en Amérique du sud, mais surtout des hypogées, temples funéraires souterrains sans équivalent ailleurs. Les hypogées, par groupes de 10 à 60 temples sont situées presque toujours sur les sommets des montagnes : la découverte et la beauté se méritent. L’intérieur de certaines tombes est recouvert de fresques rouges ou noires, de figures géométriques ou anthropomorphes en relief. La fatigue accumulée depuis quelques jours s’estompe, on n’est pas déçu (on était venu pour cela).

Leticia 

De Bogota comme de San Agustín il serait possible par voie aérienne de se rendre à Leticia, aux confins de l’Amazonie, à la frontière du Pérou et du Brésil. A condition d’être vacciné contre la fièvre jaune et d’être en possession d’un billet aller-retour, car autrement… Ce qui n’était pas le cas. Mon itinéraire me conduira donc vers la frontière équatorienne, à Popayán.

Popayán 

La petite ville provinciale qu’est Popayán fait figure d’arrivée au paradis après les quelques longues heures que dure la descente de la cordillère depuis San Andrés. En plus le voyage s’était effectué sous une pluie torrentielle, rendant le trajet encore plus périlleux à mon sens. Petite ville animée. Après le calme et le silence des jours passés en montagne, le contact est brutal et les moustiques encore plus agaçants. Direction toujours vers le sud, vers Pasto. En bus ? Non merci, la route épouse trop les sommets des montagnes et les ravins abrupts. Quitte à avoir des frissons, autant que cela soit plus rapide : nouveau trajet en avionnette. Par chance, le vol de demain matin n’est pas « full » comme ils disent. 

Frissons garantis dès le décollage du petit avion, qui peine à s’envoler et à prendre de l’altitude. Parviendra-t-il à franchir les sommets ? Il me semble que je pourrais les toucher de la main, tant il les frôle…

(article suivant : suite du voyage de Manex Barace, en Equateur)

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