L’hôtel de Maytie a été construit dans les toutes dernières années du XVIe siècle par Arnaud de Maytie, certainement un des personnages les plus marquants de la Soule à cette époque. Il fut évêque d'Oloron de 1599 à 1622 et mit toute son énergie à restaurer le culte catholique menacé par les guerres de religion et la Réforme protestante mise en place autoritairement par la reine de Navarre, Jeanne d’Albret. A ce propos, un curieux incident concerna Pierre Arnaud de Maytie dont Arnaud - le futur évêque constructeur du château - était le fils cadet : il faut préciser que la famille de Maytie, originaire de la Soule, occupa le siège épiscopal oloronais pendant une bonne partie du XVIIème siècle : Arnaud de Maytie (1599-1622), Arnaud II de Maytie (1623-1646) et Arnaud III François de Maytie (1661-1681).
Or, en 1546, un frère prêcheur du couvent d'Orthez, gagné à la réforme, vint prêcher le carême dans la capitale de la Soule, malgré la défense qui lui en avait été faite sous peine d'excommunication par l'évêque Roussel. Le moine s'obstinant à passer outre, le peuple se saisit de la chaire et la traîna dans le cimetière qui jouxtait l'église. Parmi les acteurs de cet esclandre figurait Pierre Arnaud de Maytie dont le fils cadet construira le château dans les toutes dernières années du XVIe siècle. Cette demeure présente plus d’un détail original par rapport à un style Renaissance tardive annonçant déjà le classicisme traditionnel.
Et, tout d’abord, l’immense toiture - à très forte inclinaison - recouverte de bardeaux en bois de châtaignier dont on découvrira l’extraordinaire et audacieuse charpente en triple carène de navire renversée, ainsi que la présence sur les murs de mascarons « à la bonhomie gouailleuse », dont la bouche (constituant une ouverture) permettait – en cas de besoin – l’introduction d’un canon de mousquet…
A l’intérieur, le remarquable escalier de pierre en anse de panier – de l’époque des mousquetaires – et la non moins monumentale cheminée dans le grand salon portant ses deux figures féminines à la facture harmonieuse et pure, contribuent à l’enchantement des sens. Elle a été édifiée en pierre avec des éléments de décor en stuc. Elle est probablement l’œuvre d’artistes italiens itinérants. L’un des deux personnages féminins de part et d’autre du manteau aurait perdu sa tête un jour d’émeute en 1661, quand Matalas et ses paysans révoltés envahirent le château. Deux puttis – enfants ou anges joufflus - tiennent une couronne de lauriers au-dessus du monogramme AM, les initiales d’Arnaud de Maytie. Le portrait placé au-dessus est celui de son petit neveu qui fut lui aussi évêque d’Oloron, pendant le règne de Louis XIV.
Les propriétaires du château qui sont les descendants de la famille de Maytie ont gardé jusqu’à maintenant de la célèbre reine de Navarre Jeanne d’Albret, un objet extraordinaire. Il s’agit de ce que l’on appellerait maintenant un patchwork. En fait, un « dessus de lit » qui est exposé dans le grand salon de Maytie. Il a été donné par la mère d’Henri IV aux châtelains de Goès, près d’Oloron, dont une descendante se maria à Maytie en y apportant la précieuse « relique ». Et si l’on est tenté d’évoquer un « patchwork » à son propos, c’est parce que cette importante pièce d’étoffe est composée de carrés de tapisserie appliqués sur des morceaux de soie eux-mêmes décorés de feuilles découpées dans du velours vert et appliquées sur la soie au « point de Paris ». Or, « Jeanne d’Albret, très férue de tapisserie, avait même obtenu de son confesseur de pouvoir continuer ses ouvrages pendant le prêche », m’a raconté la propriétaire du château, Christine de Fabrègues, en rapportant une anecdote de son oncle, l’érudit ambassadeur Arnaud d’Andurain, qui aimait faire visiter son château en été. L’ambassadeur, je l’avais bien connu moi-même, dans ma jeunesse. Son dernier poste fut, me semble-t-il, en Afghanistan. Et, le saviez-vous, l’écrivain Alain Peyrefitte s’en était inspiré pour son célèbre roman « Les Ambassades » !
Journées du Patrimoine : samedi 15 et dimanche 16 septembre, visite du Château d’Andurain à Mauléon à 11h – 15h – 16h15 - 17h30 (gratuit jusqu'à 16ans et demi-tarif pour les adultes : 3 €).
Dans les environs : la Chapelle Saint-Louis de l’Hôpital de Mauléon qui date du transfert de l’Hôpital d’Ordiarp à Mauléon en 1715 (le beau rétable de style baroque en bois doré qui occupe son chevet reçut une peinture représentant saint Louis procédant au lavement des pieds des pauvres et des malades).