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Cinéma
Un beau matin (112’) - Film français de Mia Hansen-Løve
Un beau matin (112’) - Film français de Mia Hansen-Løve

| Jean-Louis Requena 595 mots

Un beau matin (112’) - Film français de Mia Hansen-Løve

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"Un beau matin" de Mia Hansen-Løve ©
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"Un beau matin" de Mia Hansen-Løve ©
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Sandra (Léa Seydoux) traductrice chevronnée, veuve, vit seule à Paris, dans un petit appartement, avec sa fille Linn (Camille Leban Martins). Elle rend souvent visite à son père Georg (Pascal Greggory) qui souffre d’une maladie dégénérative : il a perdu la vue, peine à se déplacer, sans compter sa mémoire qui s’efface de jours en jours. Sandra est très préoccupée par le devenir de son père qui, à court terme, ne pourra pas rester dans son logement encombré de livres qu’il chérit.

Par hasard, Sandra rencontre un ancien amant, Clément (Melvil Poupaud) qu’elle a perdu de vue depuis des décennies. Il est maintenant marié, installé à Paris où il travaille comme cosmo-chimiste (analyse des météorites) dans les laboratoires du Jardin des Plantes. Triste, désemparée, mais volontaire, Sandra prend l’initiative de renouer une liaison avec Clément : ils redeviennent des amants passionnés.

La santé de Georg se dégrade de jour en jour devenant ainsi plus dépendant de son entourage et en particulier de Sandra. Cette dernière contacte sa mère Françoise (Nicole Garcia), qui divorcée depuis 25 ans, a refait sa vie. Non sans mal, d’un commun accord, elles cherchent une structure d’accueil pour Georg. Les démarches s’avèrent difficiles d’autant que ce dernier, enseignant à la retraite (professeur de philosophie), a de modestes moyens financiers …

Un beau matin de la réalisatrice française Mia Hansen-Løve (41 ans) est son huitième long métrage, qui comme ses précédents L’Avenir (2016) avec Isabelle Huppert, Bergman Island (2021) avec Vicky Krieps et Tim Roth, est pour une part, autobiographique. Mia Hansen-Love puise ses scénarios dans son propre vécu. Ainsi le père de la réalisatrice, Ole Hansen-Løve, a souffert d’une maladie dégénérative (Syndrome de Benson) dans les dix dernières années de sa vie. Le scénario est structuré autour de deux histoires distinctes : les retrouvailles amoureuses, enfiévrées, entre Sandra et Clément et leurs conséquences ; la maladie de Georg et la recherche active d’une solution satisfaisante quant à son hébergement (hôpitaux, Epahd ?). Les deux récits s’entrelacent pour en faire un tout, bloc résistant sur lequel les protagonistes buttent sans cesse. Le premier a peut-être un avenir malgré les atermoiements et disparitions de Clément. Le second promet, à son terme, une conclusion inéluctable, mais avant quelques instants de bonheur pour Georg.

Léa Seydoux (Sandra) est à nouveau surprenante avec ses cheveux très courts, ses vêtements quelconques qui ne mettent pas sa silhouette en valeur. Bien que singulièrement exposée dans une ample filmographie (près de 40 films depuis ses débuts en 2006 !), elle arrive a se renouveler dans le rôle d’une trentenaire triste, affairée, solitaire. Melvile Poupaud (Clément) est tout en ambiguïté : sa conduite fragilise Sandra plus déterminée sur le devenir de leur relation. Pascal Greggory (Georg) en vieil intellectuel, vouté, en perdition, est remarquable. Quant à Nicole Garcia (Françoise) à la fois autoritaire et réaliste, elle assure avec le brio qu’on lui connait, le rôle ingrat de l’ex-épouse flanquée d’un compagnon bon enfant.

Malgré des temps difficiles pour le cinéma français dont les entrées spectateurs ont chuté de 30% par rapport à l’année de référence 2019 (avant Covid : 210 millions d’entrées), en cette rentrée cinématographique 2022, les réalisatrices françaises sont à l’honneur : Revoir Paris (105’) d’Alice Winocour drame poignant sur les conséquences des attentats de novembre 2015 ; Les Enfants des autres (103’) de Rebecca Zlotowski sur le désir d’enfant d’une quarantenaire. Deux longs métrages remarquables de deux metteuses en scène qui ne le sont pas moins. Mia Hansen-Løve les rejoint dans son dernier opus pétri d’humanité ou nous pouvons nous y retrouver.

Un beau matin a été projeté au Festival de Cannes 2022, section Quinzaine des réalisateurs.

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