Le sculpteur géorgien Zurab Tsereteli est décédé dans la nuit du 22 avril d'un arrêt cardiaque, à l'âge de 91 ans, dans son atelier moscovite. Les œuvres monumentales de l'artiste se trouvent dans de nombreux autres pays du monde : en France, en Espagne, en Italie, aux États-Unis, et bien évidemment dans sa Géorgie natale – où il était né le 4 janvier 1934, à Tbilissi où il avait été diplômé à l'Académie nationale des arts, spécialisé dans la peinture monumentale – ainsi qu’en Russie où se trouvait son atelier et où il résidait dans l’ancienne ambassade d’Allemagne de l’Est dont il avait racheté le bâtiment, et où il m’avait royalement reçu (autour d’un somptueux buffet de gastronomie géorgienne) alors que j’effectuais un de mes premiers voyages à Moscou, la quarantaine à peine entamée et encore peu connu dans le monde des Lettres…
Venu étudier en France dans les années 1960 où il rencontre Picasso et Chagall, Zourab Tsereteli restera toujours attaché au pays dont il avait été fait chevalier de la Légion d'Honneur en 2010. Cette année-là avait vu l'installation à Condom en Armagnac de son monumental groupe en bronze de 2,5 mètres de haut et plus de 4 mètres de long représentant d'Artagnan, Athos, Portos et Aramis, les fameux mousquetaires popularisés par Alexandre Dumas. Réunis en arc de cercle, les héros immortalisés par Alexandre Dumas entrecroisent les fers de leurs épées ainsi qu'ils le font dans le roman lorsqu'ils prêtent le fameux serment «Tous pour un, un pour tous».
L'inauguration de cette sculpture (notre photo de couverture) avait alors réuni un bon millier de personnes, comme prélude à l'ouverture du 52ème chapitre de la compagnie des Mousquetaires de l'Armagnac (présidée par Aymeri de Montesquiou, à l'époque sénateur du Gers et descendant de la famille du célèbre Charles de Batz-Castelmore, comte d'Artagnan) et dont je m'honore de faire partie.
Le groupe sculpté avait été très officiellement donnée par le sculpteur - dans le cadre de l'année franco-russe - à Aymeri de Montesquiou qui en avait fait don à son tour à la ville de Condom accueillant chaque année le chapitre de la compagnie des Mousquetaires.
Il n'existait jusqu'alors que quatre sculptures représentant d'Artagnan dans le monde : à Auch, Paris, Maastricht au Pays-Bas (où d'Artagnan avait trouvé la mort en 1773) ainsi qu'à Cincinatti, aux Etats Unis.
Précisément, c'est dans l'État du New Jersey, à Bayonne (jumelée depuis 1970 avec notre Bayonne, capitale du Pays Basque de France) que s'élève son œuvre "To the Struggle Against World Terrorism" (Pour le combat contre le terrorisme mondial) offerte aux États-Unis par le gouvernement russe en mémoire des victimes des attentats du 11 septembre 2001 et du 26 février 1993
L'ancien président américain Bill Clinton l'avait inauguré le 11 septembre 2006, en déclarant : "le président Poutine et le peuple russe ont offert aux États-Unis et aux peuples de cette région le grand cadeau de la solidarité dans la lutte contre le terrorisme. Je remercie mon ami Zurab Tsereteli d'avoir une fois de plus su capturer ces sentiments extraordinaires, indescriptibles. Si vous visitez Moscou, vous verrez l'imposant monument de la Victoire de Tsereteli, célébrant le 50e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, où des millions de Russes ont donné leur vie dans notre effort commun pour vaincre les nazis (…) C'était un homme aux dons exceptionnels et d'une grande générosité. Il a touché le cœur de l'Amérique avec ce magnifique monument. Nous le remercions".
Et en France, Zourab Tsereteli est l'auteur des sculptures du pape Jean-Paul II, celle de Ploërmel (ville bretonne dont il est Citoyen d'Honneur) qui avait déclenché l'opposition des adversaires du christianisme car elle était surmontée d'une croix, et celle du square Jean-Paul II inaugurée par Anne Hidalgo en octobre 2014.
Après un bureau en sa mémoire à Moscou, à la cathédrale du Christ Sauveur (dont il avait coordonné les travaux de reconstruction), Zourab Tsereteli sera enterré ce dimanche 27 avril en Géorgie, à Tbilissi, aux côtés de son épouse née princesse Inessa Andronikachvili, tous deux faisant partie de la noblesse géorgienne. Leur petit-fils Vasily poursuit la tradition artistique : il est vice-président de l'Académie des Arts de Russie, chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres en France et officier de l'Ordre royal d'Isabelle la Catholique en Espagne.