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Tribune libre : « politicailleries » autour du voyage papal en Egypte
Tribune libre : « politicailleries » autour du voyage papal en Egypte
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| Alexandre de La Cerda 1076 mots

Tribune libre : « politicailleries » autour du voyage papal en Egypte

D'après « France-Info », Anne Soupa, présidente de la « Conférence des baptisés en France », journaliste et féministe, a marqué sa réprobation concernant des propos du Pape François qui s'est gardé de donner une consigne de vote pour le second tour de la présidentielle en France, estimant « qu'il ne connaissait pas suffisamment la politique intérieure française, mais qualifiant Marine Le Pen de représentante de la droite forte ».

J'en ai « soupé » de ces prises de position politiques qui n'ont rien à voir avec la Foi : Anne Soupa, parlez-nous des Pères de l'Eglise ou, puisque l'on vous qualifie de « féministe », donnez-nous votre avis sur Hildegarde de Bingen (1098-1182) : cette extraordinaire personnalité féminine des bords du Rhin, écologiste d’avant-garde, affirma un caractère très indépendant durant sa vie - élue abbesse à l'âge de 38 ans, elle n’hésitera pas à s’opposer parfois à la hiérarchie religieuse - et laissera de nombreux écrits. Aucun domaine des arts ou de la science ne lui était étranger en matière de musique, cuisine, santé, diététique et plantes médicinales (les baumes élaborés selon ses recettes sont en vente à la boutique du château). Son œuvre musicale fait également autorité : véritable « symphonie des harmonies célestes » qui caractérise les chants qu’elle a composés (plus de soixante-dix), les hymnes et les séquences dont beaucoup ont fait l'objet d'enregistrements récents par des ensembles de musique médiévale.

Une visite du château d'Urtubie à Urrugne permettra de joindre l’utile et l’agréable à la beauté en y découvrant les « Plantes qui soignent » d’après l’œuvre d’Hildegarde de Bingen... Régine Pernoud lui avait consacré un livre : « Hildegarde de Bingen, conscience inspirée du Moyen Âge » (1994). Avec près de dix siècles d'avance sur les « écolos » et autres « verts » - ignorant souvent toute « écologie humaine » véritable, pour ne pas parler, même, de la Création divine -, son œuvre nous parle de la place de l'homme dans le cosmos, du respect de l'environnement, de diététique, de guérison, du rôle de la femme : toute une sagesse médiévale à redécouvrir !

Mgr Aillet : voter en conscience, sans consigne, pression, ni harcèlement

Pour en revenir aux élections présidentielles, contrairement à tel évêque (ceux de Troyes et de Poitiers) ou telle « paroisse » (Saint-Merri à Paris) qui prétendent dicter leur choix à leurs ouailles, c'est la voie définie par Mgr Aillet qui paraît la plus juste. Observant que « des deux finalistes, qui ont rassemblé chacun moins d’un quart des suffrages exprimés, sortira le futur Président ou la future Présidente de la République », l'évêque de Bayonne indique : « Je n’ai pas à commenter ces résultats : la démocratie a fonctionné et nul ne saurait remettre en cause la liberté de vote des citoyens français. L’évêque que je suis ne donnera évidemment aucune consigne ou indication de vote avant le second tour. Sinon, j’entrerais dans une bataille politique qui n’est pas de la compétence de l’Eglise. Donner des consignes de vote, ce serait même dénier aux fidèles catholiques l’aptitude à se déterminer par eux-mêmes et à assumer de manière responsable leur droit civique, voire se substituer à leur conscience. Sans compter le risque que je prendrais de diviser les catholiques dont je dois reconnaître la diversité des opinions. En revanche, comme Pasteur, je dois encourager les catholiques à accomplir leur devoir de citoyen en conscience : qu’ils décident de voter ou de s’abstenir, que ce soit toujours en conscience. Il s’agit donc pour moi d’exhorter les fidèles à faire œuvre de discernement, c’est-à-dire de choix mûrement réfléchi (en fonction des principes non négociables et de la Doctrine sociale de l’Eglise, ndlr.). Et pour être vraiment libre, le choix doit s’affranchir de toute pression, mot d’ordre, harcèlement de l’image ou du slogan, et exige de prendre du recul et de la hauteur ».

Alexandre de La Cerda

NDLR : quelques réponses du Pape aux journalistes dans l’avion du retour d’Egypte

- Vous avez dit hier que la paix, la prospérité et le développement méritent tous les sacrifices et il est important de respecter les droits inaliénables des êtres humains. Le vôtre est un soutien au gouvernement égyptien en essayant de défendre les chrétiens ?

- Pape François : « J'ai parlé des valeurs en elles-mêmes, pour défendre la paix, l'harmonie des peuples, l'égalité des citoyens, quelle que soit la religion qu'ils professent. Ce sont des valeurs et j’ai parlé des valeurs. Si un gouvernement interdit l’une ou l'autre de ces valeurs, c’est un autre problème. Jusqu'à présent, je l'ai fait 18 voyages et dans de nombreux pays, j'ai entendu : « Le pape soutient tel ou tel gouvernement ». Un gouvernement a toujours ses faiblesses ou ses adversaires politiques qui disent une chose ou une autre. Je ne m’en mêle pas, je parle sur les valeurs, et, alors, c’est l’affaire de tout le monde de voir et juger si un gouvernement ou un Etat met en avant ces valeurs ».

- A propos de la France :

- Pape François : « Je vous dis la vérité, je ne comprends pas la politique intérieure française et j'ai essayé d'avoir de bonnes relations avec l'actuel président, avec qui il y eut, une fois, un conflit (à propos du mariage homosexuel, ndlr.), mais par la suite, j’ai pu parler clairement sur les choses. Je ne connais pas l'histoire des deux candidats français, je ne sais pas d'où ils viennent, je sais que l'une est une représentante de la droite, mais l'autre, je ne sais pas d'où il vient, et donc je ne saurais donner une opinion. Parlant des catholiques, comme je saluais un jour les gens, l’un d’entre eux me dit : « Pourquoi ne pensez-vous pas à la grande politique » ? Il voulait dire « faire un parti pour les catholiques » ! Mais ce brave homme vit au siècle passé » !

- Evoquant ensuite les relations avec les orthodoxes russes :

- Pape François : « J'ai toujours eu une grande amitié avec les orthodoxes. A Buenos Aires, chaque veille de la Nativité, j’allais aux vigiles à la cathédrale orthodoxe pour deux heures 40 de prière dans une langue que je ne comprenais pas, et je participais ensuite au dîner de la communauté (…) Bonnes relations avec le patriarche russe Kirill ; également, l’archevêque Hilarion s’est rendu différentes fois à Rome, et nous avons une bonne relation. Avec l'État russe : je sais que l’Etat parle de la défense des chrétiens au Moyen-Orient, je crois que c'est une bonne chose que de parler contre la persécution. Aujourd’hui, il y a plus de martyrs là que dans les premiers siècles ».

 

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