0
Manifestation
Théâtre au Château de Caumale : le « Grand Dérangement » acadien
Théâtre au Château de Caumale : le « Grand Dérangement » acadien
© DR

| Alexandre de La Cerda 722 mots

Théâtre au Château de Caumale : le « Grand Dérangement » acadien

« Et l'Acadie, Majesté », une pièce de théâtre inédite d’Alain Dubos qui parcourt près de vingt ans de l’histoire du XVIIIème siècle en relatant la séparation forcée de la France d’avec l’Acadie sera jouée vendredi 22 et samedi 23 septembre à 20h30 au Château de Caumale à Escalans (dans les Landes, près de Gabarret). Nous avions déjà évoqué ce beau monument historique remarquablement restauré grâce aux incessants efforts de la famille Fabre, et qui est devenu à présent le siège de la Fédération des Académies gasconnes (Lettres baskulture.com des 24 et 31 août).
Cette pièce nous transporte à la Cour de Versailles en août 1746 : « la guerre fait rage en Europe notamment entre la France et l’Angleterre, les deux géants de l’époque qui se disputent l’hégémonie mondiale. Entre deux parties de chasse et quelques escapades amoureuses, dans l’atmosphère frivole de la Cour, le Roi Louis XV vient d’envoyer une puissante flotte vers les côtes d’Amérique afin de reprendre l’Acadie, cédée aux anglais par son arrière-grand-père, Louis XIV. Malheureusement cette flotte qui aurait pu changer « la face du monde » n’arrivera jamais à bon port. Les Acadiens puis des Canadiens français assisteront impuissants, à la lente agonie de ce qui fut la Nouvelle France, se terminant en 1763 par le Traité de Paris »

Mise en scène par D. Annotiau du Théâtre des Deux Rives de Versailles et jouée par la compagnie "Bewitched", la pièce « Et l'Acadie, Majesté » est représentée « à son heure », d’autant plus qu’il y a 262 ans, le 5 septembre 1755, débutait à Grand-Pré – localité devenue le grenier et la principale ville de l'Acadie - le « Grand Dérangement ». En fait, la déportation des Acadiens avait déjà commencé le 11 août dans la région de Beaubassin, le 5 septembre était touchée la région de Grand-Pré et Pisiguit. A cette époque, la population acadienne comptait 14 000 habitants qui jouissaient d'une certaine aisance matérielle, avec en particulier un cheptel considérable, dont 48 000 moutons, 43 000 bêtes à corne, 23 000 porcs et 3 000 chevaux. La plupart des membres du Conseil de la Nouvelle-Écosse récemment arrivés de la Nouvelle-Angleterre convoitaient les terres des Acadiens. Ainsi, les marchands bostonnais s'étonnaient-ils que « des étrangers avaient le droit d'avoir de si bonnes terres ». En ce 5 septembre 1755 débuta donc l'emprisonnement des hommes acadiens et, dans l'église de Grand-Pré, la lecture de l'édit de déportation par John Winslow, commandant militaire d'Annapolis qui faisait part de son projet d’expulser 5 000 Acadiens de Grand-Pré, d'Annapolis et de la baie de Fundy : « J'ai reçu de Son Excellence le gouverneur Lawrence, les instructions du roi (d’Angleterre, ndlr.). C'est par ses ordres que vous êtes assemblés pour entendre la résolution finale de Sa Majesté : les maisons, votre bétail et vos troupeaux de toutes sortes sont confisqués au profit de la Couronne, avec tous vos autres effets, excepté votre argent et vos mobiliers, et que vous-mêmes vous devez être transportés hors de cette province. Les ordres péremptoires de Sa Majesté sont que tous les habitants de ces districts soient déportés ».

Issu d’une famille originaire des Landes, médecin pédiatre, Alain Dubos est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages concernant les pays où il s’est rendu au titre de vice-président pendant six ans de médecins sans frontières : « La Rizière des Barbares » (Julliard, 1980) retrace l'odyssée des Cambodgiens chassés de chez eux par les Khmers rouges, ainsi que des romans sur l'Algérie (« L'embuscade »), l'Afghanistan (« Tu franchiras la frontière ») et des albums de voyage consacrés à l’Indochine. Co-créateur en 1989 de la première chaîne de télévision thématique, Canal Santé, il a publié sur le monde médical (« La fin des mandarins ») tout en consacrant une série de romans sur sa Gascogne d'origine (« Les Seigneurs de la Haute-Lande », Prix Mémoire d'Oc en 1996) ainsi qu’à la Nouvelle-France, Canada, Louisiane, Acadie (entre autres, « Les Tribus du Roi », Prix Historia du roman historique, et « L'épopée américaine de la France », 2016, aux éditions Bertrand-Lacoste, 264 pages, 19,50 €).

« Et l'Acadie, Majesté », pièce de théâtre d’Alain Dubos, vendredi 22 et samedi 23 septembre à 20h30 au Château de Caumale (entrées : Adulte : 15€ - Scolaire/lycéen : 10€ - Enfants (- de 7 ans) : gratuit - Buffet campagnard proposé à partir de 19 h30 pour 5 euros supplémentaires - Renseignements/réservations : 07 71 14 11 59 ou chateaudecaumale@hotmail.fr

ALC

 

 

 

 

 

Répondre à () :

| | Connexion | Inscription