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L'Océan
Siège de La Rochelle : quand les marins hendayais prêtaient main forte à Richelieu
Siège de La Rochelle : quand les marins hendayais prêtaient main forte à Richelieu

| Alexandre de La Cerda 812 mots

Siège de La Rochelle : quand les marins hendayais prêtaient main forte à Richelieu

Le siège de l'île de Ré en 1627 par  Laurent de La Hyre.jpg
Le siège de l'île de Ré en 1627 par Laurent de La Hyre ©
Le siège de l'île de Ré en 1627 par  Laurent de La Hyre.jpg

Mercredi prochain 9 novembre à 19h à la salle de spectacles des Halles de Gaztelu à Hendaye, Jean-Pierre Rama traitera de l’histoire des marins hendayais qui, dans le cadre du siège de La Rochelle délivrèrent l’île de Ré des Anglais en 1627.

Il nous a semblé intéressant de revenir sur les circonstances de cette bataille navale.

Dans ses « Histoires de Hendaye », Marcel Argoyti évoque cet épisode historique lié à l’histoire des marins basques :
Poussé par l’intense propagande menée par les pasteurs, le maire protestant François Pontard avait soulevé la ville de La Rochelle contre les catholiques.
Ces derniers fuirent hors des murs, mais treize prêtres seront arrêtés, égorgés et jetés à la mer. Les églises furent détruites, leurs pierres servant à renforcer les murailles.
Les troubles se répandirent dans la région, où les pillages et les massacres se multiplièrent. Des catholiques seront massacrés par des Rochelais, tandis que des catholiques rendront la pareille aux calvinistes .
L’île de Ré se range aux côtés de La Rochelle, qui se proclame république indépendante et calviniste
Les Anglais pour défendre leurs alliés de la religion réformée envoient le duc de Buckingham les défendre. Il s’installera sur l’Île de Ré, en face de La Rochelle, avec plus de 100 navires et 6 000 hommes.

Le siège de l’Île durera de juillet à novembre 1627
Ne disposant pas d'un nombre suffisant de vaisseaux de guerre pour briser ce blocus, Richelieu, informé de la combativité des Basques, fit appel au Gouverneur de Bayonne qui lui répondit aussitôt par l'envoi de bateaux armés en cette ville et de Saint-Jean-de-Luz ainsi que d'une flottille de pinasses manœuvrées à la rame et à la voile, partie de Hendaye.

Un mémoire du temps, cité par E .Ducéré dans son ouvrage « Les Corsaires sous l'ancien régime » rapporte un épisode concernant cette expédition :

Le siège de l'île de Ré en 1627 par Jacques Callot.jpg
Le siège de l'île de Ré en 1627 par Jacques Callot ©
Le siège de l'île de Ré en 1627 par Jacques Callot.jpg

« Or, il arriva que, comme cette flotte allait cinglant à pleine voile, et que l'on croyait être déjà devant Saint-Martin, Dieu fit cesser le vent tout à coup en telle sorte qu'il fallut demeurer près de deux heures sans pouvoir aller ni à droite ni à gauche. Alors chacun tout étonné et croyant demeurer à la merci des ennemis si le jour les surprenait, se mirent à prier Dieu, faisant vœux et prières, et se recommandant à la Vierge, lui faisant vœu, au nom du roi, de lui faire bâtir une église sous le nom de Notre-Dame de Bon-Secours, en mémoire de cette journée, s'il lui plaisait envoyer le vent favorable.
Soudain ils furent exaucés, car le vent se rafraîchit ; en sorte que chacun ayant repris sa piste et son ordre, en moins de demi-heure ils virent le feu que M. de Toiras faisait faire en la citadelle. Là, quittant la côte de la Tranche, chaque pilote regardant sa boussole, ne pensant plus qu'à passer courageusement, on entra dans la forêt des navires ennemis. Les premières sentinelles les ayant laissé passer sans dire mot ; après que tout eut passé, ils commencèrent à les envelopper et canonner si furieusement que l'on eût dit que c'était de la grêle.
En face de l'île de Ré, ils se heurtèrent au barrage que les Anglais avaient établi, sous la forme de câbles peu profondément immergés et reliés à des tonneaux ou à des rochers. Les marins hendaiars eurent l'astuce de faire glisser leurs pinasses, à faible tirant d'eau, sur la hauteur restée libre. Ils eurent aussi le courage et l'audace de couper à la hache, sous le feu de l'ennemi, les grelins attachés aux rochers. A six reprises, en septembre et octobre, ils réussirent ainsi à percer la ligne de la flotte anglaise et à ravitailler l'île ».

Mais la bataille fut rude et les simples pêcheurs, vaillants combattants, remarqués pour leur hardiesse, remontant par trois fois sous le feu de l'ennemi.contribuèrent à mettre en échec le siège britannique
Nos marins pêcheurs se révélèrent être de vaillants combattants : 35 petites barques de la flotte française équipées de 1 000 hommes réussiront à forcer de nuit le blocus anglais et à ravitailler les soldats à St Martin.

Grâce aux Basques, en particulier les Hendaiars, l'Anglais était battu…

Les Hendayais fidèle à leur promesse érigèrent sur une colline proche de la paroisse une chapelle à Notre Dame du Bon Secours, qui au fil du temps a vu son nom se modifier pour devenir Socorri, de consonance plus basque. Aujourd'hui encore au large de La Rochelle, le Pertuis d'Antioche est nommé Pertuis aux Basques
D'après Duvoisin, la flotille de Hendaye était conduite par Jean Pellot, ancêtre du célèbre corsaire. Une médaille d'or distribuée par le roi aux chefs des escadrilles resta longtemps en la possession de la famille Pellot. 

Et en 1629 Louis XIII donne l’île de Joncaux aux Hendayais pour les remercier de leur participation à la libération de l’Ile de Ré qui était aux mains des Anglais venus protéger les protestants de la Rochelle.

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