Il était devenu quasi suranné de parler de “sacrifice en religion”, remplacé par le bénéfice du bien être et du bien faire de la vie commune.
Renoncer et choisir de se priver semblaient du domaine psychologique et du confort convenu d’une éducation.
Mais originellement le sacrifice avait un sens et une pratique rituelle d’offrandes à Dieu et aux dieux suivant les époques telles les prémices des récoltes, ou le sacrifice de l’agneau nouveau né, comme étant des actions de grâce pour toute vie et fécondité assurée par l’Eternel.
La Bible s’en inspire, l’exige et le pratique auprès des fidèles sans disconvenir, ni renoncer à ces rituels de toutes les époques de l’histoire humaine.
Le Lévitique en est le recueil de ces commentaires distinguant les sacrifices des repas sacrés désignés comme des holocaustes, telles les plantes choisies pour cette fonction, ou pour le sacrifice de paix..
Et des sacrifices par le sang versé pour réparer des offenses, des crimes ou des infidélités.
Il était convenu que lors de la célébration sacrificielle on pouvait les combiner toutes en reprenant la tradition ancienne des sacrifices animaux choisis dans le troupeau familial ou tribal et pour rendre hommage par ce faire à l’auteur de la vie d’un cadeau de prix de sa propre provenance.
Dieu étant l’objet du culte rendu en gratitude à l’Eternel - Béni soit son nom pour l’immortalité !
Le culte sacré de ce temps de bénédiction faisait l’objet d’une répartition entre l’invisible à qui on destinait sa part et l’assemblée des proches qui bénéficiaient de cette largesse.
Le rabbin, le prêtre ou le pasteur ayant comme rôle d’accomplir ce rituel selon les consignes et les conduites contenues dans le droit canonique de chaque confession religieuse.
Il se devait aussi de donner lieu à la consommation totale et sans exception de ces restes animaux, taureau, agneau, oiseau consumés entièrement et les restes non comestibles brûlés par devoir de probité et de respect.
Ce sacrifice ainsi accompli associait l’éternel à la tenue et au déroulé de ce repas d’importance majeure où tout était fait pour Lui, et que rien, pas même le petit reste des libations n’était perdu ni dénaturé.
Les biblistes soulignent qu’une telle discipline rituelle fut adoptée par le corps sacerdotal et perpétuée jusqu’à aujourd’hui depuis le judaïsme et les évangiles, de Yahvé et Jésus et ses protocoles transmis par la liturgie chrétienne.
L’histoire de la foi embrassant la condition humaine des fidèles. Les nomades du désert disposaient du minimum des contraintes rituelles possibles. La sédentarité venue avec le temps, permit de diversifier les sacrifices, de les fixer en des lieux symboliques et historiques imprimés dans la mémoire des croyants.
Les miracles attribués à la puissance souveraine de l’Eternel permirent de se fixer dans l’espace et le temps autour de ce qui semble communément admis, l’érection d’un autel sacrificiel, d’un monument puis d’un temple dans le lieu même où selon la tradition, on prêtait à la divinité sa manifestation aux yeux des hommes.
La Bible souligne au VIIème siècle avant JC, sous le roi Josias avant l’exil vers Babylone, “le choix de Jérusalem n’est pas le fruit du hasard”, et ce chemin des pèlerinages en cette ville, concentre la dévotion des israélites pour qui Jérusalem, Cité de la Paix des hommes retient sa sacralité, à nulle autre ville semblable, aucune comparaison n’étant autorisée dans cette fonction divine en sa provenance, et qualifiée comme telle pour la postérité de la foi.
C’est donc bien ici et dans le Temple sacré de Jérusalem que se tiennent les sacrifices pour assoir l’alliance avec ... l’Eternel, béni soit son nom, pour la suite des âges.
Les premiers sacrifices pouvaient-ils être celui d’ hommes non issus du judaïsme ?
Selon toute probabilité, sans doute !
Mais l’on sait qu’un terme fut mis à ces pratiques non compatibles avec l’objet de la foi et de la vie ancrée dans le judaisme depuis son origine.
Le destruction du Temple, le temps de l’exil par deux fois, donneront au peuple juif le devoir impérieux d’imaginer et de fonder leur alliance. Ezéchiel le prophète du temps relate que la gloire de Dieu sut s’adapter aux contraintes ainsi imposées par les païens-non juifs à propos des sacrifices,
Le temple le plus quotidien devint le domicile de tout fidèle, le sacrifice imposé celui des conduites de chaque croyant, où l’on pouvait entendre, commenter et partager les Ecritures, les transmettre pour les progénitures, et adopter le sacrifice le plus rude bien souvent dans son histoire, la solidarité commune face à l’adversité et l’exil!
Le chant des cantiques de Sion, celui de répéter inlassablement les prières orales, et les mémoriels permit à ce peuple inoui de préserver son héritage spirituel de deux millénaires avant le christianisme.
La reconstruction du temple de Jérusalem existait lors de l’avènement du christianisme.
Les sacrifices animaux étaient quotidiens au temps de Jésus au temple de la cité.
Mais selon les historiens les juifs issus de ce retour de l’exil de Babylone, avaient de plus en plus renoncé à ces sacrifices anciens.
On célébrait l’histoire et la foi selon des canons différents de l’ancienne tradition sacerdotale.
Il se pourrait que des débats puissent être entrevus entre ces juifs devenus chrétiens, et des chrétiens non juifs de naissance, sur l’opportunité ou non d’entretenir ces pratiques sacrificielles et animales dans le temps présent ?
La question se pose alors.
La mort de Jésus est-elle une mort sacrificielle inspirée comme le rapporte le premier testament biblique ?
Jésus ne fut pas mort pour une raison sacrificielle d’ honorer l’Eternel, ni se conformer à une demande de cette nature.
La mort de Jésus sera de nature politique et non religieuse.
Les procès et les dialogues contenus dans les évangiles le confirment.
La lecture aux Hébreux est instructive encore pour notre entendement historique de ce sacrifice qui n’en est un que pour une raison religieuse. La réconciliation des hommes avec le même Dieu, et non par conformation à des règles canoniques demandées par Dieu !
On semble retrouver depuis peu cependant cette origine antique du sacrifice de jésus, bien prégnant chez les Pères de l’église des premiers siècles jusqu’au Concile de Trente
Toute référence au sang versé, à la violence et au traumatisme suivi perdrait de son prestige religieux d’antan.
On en ferait une lecture pacifique, existentielle de quête de vérité et de sens de la vie ?
Il est cependant vraisemblable que la proximité d’une guerre proche de nos yeux et de supports médiatiques à grande diffusion, ait pu modifier notre interprétation du sacrifice de leur vie, au su de l’engagement de ceux qui endossent de tels uniformes aujourd’hui, selon une histoire contemporaine de l’orthodoxie chrétienne, si peu habituée à cette métamorphose !
Pâques 2022 ne saurait donc faire fi de cette interprétation du sacrifice au sein de confessions orthodoxes engagées sur le terrain politique entre la Russie et l’Ukraine depuis un mois !