Après les diverses restaurations entreprises par les propriétaires au cours de ces dernières années, on peut désormais voir Lohobiague Enea telle qu'elle était quand Joannis de Lohobiague et Marie Sol de Hirigoyen en prirent possession à la fin de sa construction, il y a plus de 360 ans ! En particulier la restauration des peintures des poutres peintes du Grand Salon.
Les visiteurs peuvent ainsi admirer le deuxième étage ou étage noble où résidait le maître de maison et chef de famille, et qui comportait les pièces de réception.
Le cadre est resté le même, soigneusement conservé et entretenu par la famille Leremboure qui l'habite encore aujourd'hui et qui descend de celle qui fit édifier la maison. La décoration, le mobilier sont à l'égal des magnifiques pièces d'habitation et de réception qui constituent l'étage. Les pièces les plus intéressantes, animées avec des personnages de cire permettent de découvrir l'histoire de la ville et du mariage royal. En particulier, la salle à manger aux lambris peints au 17e ou au début du 18e siècle de diverses scènes et d'ornements à la Berain ; la cuisine, avec sa cheminée, son potager et ses vieux étains ; la grande chambre, avec le lit utilisé par Louis XIV ; le grand salon, avec le début de dégagement de son plafond peint. La visite de la Maison Louis XIV, une des bien rares demeures à avoir résisté au temps et aux hommes, donnera une idée précise de ce que fut le cadre de vie de ces riches familles d’armateurs luziens du XVIIème.
Mais la demeure de Joannis de Lohobiague était si somptueuse qu'elle suscita la jalousie de l'un de ses successeurs à la mairie de Saint-Jean-de-Luz, lequel fit dix ans plus tard édifier la nouvelle Maison de Ville contre Lohobiague-Enea, pour punir, dit-on, la veuve de Joannis de Lohobiague qui avait refusé sa main. Il lui ferma ainsi la vue sur ses propres bateaux dans le port ! Le Roi-Soleil y résida pendant quarante jours, en mai et juin 1660, à l'occasion de son mariage avec l'Infante Marie-Thérèse après que le cardinal Mazarin ait négocié sur place la signature du traité des Pyrénées. Puis, en janvier 1701, ce fut au tour du petit fils du Roi-Soleil, qui passait par Saint-Jean-de-Luz pour rejoindre l'Espagne où il régnera sous le nom de Philippe V.
Les Leremboure, une épopée « océanique »
Sans doute originaires de Sare dont l’historien Eugène Goyenetche affirme que « les activités maritimes auraient fait sa vraie richesse aux XVIIe et XVIIIe siècles », c’est bien à Saint-Jean-de-Luz que prendra véritablement son essor cette lignée de fiers marins, armateurs, bayles et négociants.
Comme au meilleur temps des boucaniers, ce n'est pas une carte de l'Isle au Trésor mais un épais livre de comptes rédigé entre 1732 et 1749 que Paul-André et Anne Leremboure avaient découvert dans les archives familiales puis confié à Madeleine Duhourcau. La veuve du regretté auteur des "Pyrénées Mystérieuses" sut en tirer de passionnants détails concernant la vie de la famille au XVIIIe siècle.
On découvre ainsi la vie de Jean de Leremboure, armateur prospère et négociant en affaires maritimes luzien dont les vaisseaux sillonnaient les mers, entre les bancs à morue de Terre-Neuve et les Indes Occidentales, de la Martinique à Saint-Domingue. Bayle (maire) de la ville en 1733, il y avait fait construire "Leremboure Baïta" et bien d'autres maisons. Mais à partir de 1744, le mauvais sort - ou plutôt les corsaires anglais - s'acharne contre ses navires, lui faisant perdre des sommes considérables; les inondations catastrophiques qui affectent la ville achèvent de le ruiner
Son fils, Michel-Joseph, qui s'était exercé, jeune, au négoce, chez ses cousins Darragorry à Saint-Sébastien, et avait fondé une famille, partira sans espoir de retour à Saint-Domingue où il fonde une importante maison de commerce et se fait élire le premier maire de Port-au-Prince en 1791. Jeté aux fers par la révolution et exilé dix ans à Baltimore aux USA, il reviendra à Saint Domingue et sera fusillé à l'âge de 84 ans par le dictateur noir Dessalines, malgré les efforts de son fils Salvador Leremboure, devenu maire de Saint-Jean-de-Luz et député puis syndic des Basses-Pyrénées.
C'est par son épouse Laurentine de Saint-Martin que lui échut la fameuse Lohobiague-Enea, surnommée "Maison Louis XIV". Un de ses petit-fils, ingénieur de l'Ecole Centrale, restera à Saint-Jean-de-Luz ; il donnera naissance à Paul-André Leremboure qui reprendra la tradition familiale en devenant officier de marine et élu luzien.
Préoccupé par la défense de sa cité contre les assauts répétés de l’océan, il transmettra également intacte à la belle descendance que lui a assuré Anne, née de La Frégeolière, la demeure des ancêtres récemment rénovée. C’est à présent leur fils Henry et son épouse Dominique qui assurent la conservation et les visites de l’emblématique monument luzien.
Le programme :
Le programme des visites s’est adapté cette année au thème des Journées (Jeunesse et Patrimoine) en proposant visites guidées et plaquettes spécialement dédiées aux enfants.
* Samedi 16 et Dimanche 17 septembre :
* Visite guidée et gratuite adaptée aux enfants de 8 à 15 ans :
- Samedi 16 à 17h30 et dimanche 17 à 10h : Visite conduite par les propriétaires en habits - 40’ environ. Sur inscription à l’Office du Tourisme. Maximum 25 p. / visite (Enfants de 8 à 15 ans - Si adulte accompagnant : pas plus d’un par enfant). Découverte de la Maison, de la vie à Saint Jean de Luz au XVIIème et au moment du mariage royal.
* Samedi 16/09/17 : Visite guidée et gratuite à 9h30 (tout public) Sur inscription à l’Office du Tourisme – Maximum 25 pers./visite.
* Visites libres (Tarif réduit unique) :
- Samedi 16/09 : de 10h30 à 12h30 et de 14h30 à 17h30
- Dimanche 17/09 : de 10h45 à 12h30 et de 14h30 à 18h30
Tarifs Visites Libres : Enfant & Jeune jusqu’à 18 ans et Etudiant jusqu’à 26 ans : gratuit. Adulte : 3,5 Euros
Une notice explicative est fournie à chaque visiteur. Une notice spécifique est donnée aux enfants, sous forme d’un parcours et d'un questionnaire adapté. Les propriétaires et les guides sont présents et disponibles pour répondre aux questions du public.
Le caractère payant de la visite pour les Journées du Patrimoine s’explique par le caractère privé du monument dont l'essentiel de l’entretien est à la charge du propriétaire. Il n’est en rien spécifique à la Maison Louis XIV. (Le tarif normal est de 6 €).
Alexandre de La Cerda