Bien que né à Bruxelles, Ariel Elizondo Lizarraga est profondément basque et citoyen du monde. Comme des centaines de milliers de familles, ses parents avaient fui l’Espagne franquiste pour s’installer à Paris, puis en Belgique pour des raisons liées à la profession de son père. C’est avec son père qu’il a découvert le monde, spécialiste des carrières de pierre d’exception, disséminées un peu partout sur la planète. Influencé par sa mère, artiste-peintre, il a étudié aux Beaux-Arts dans la capitale belge.
Revenu en Navarre avec sa famille il a créé une entreprise dédiée à la pierre naturelle, visitant de nombreuses carrières de pierres, et a développé un goût prononcé pour l’architecture. De cette expérience il acquiert une connaissance technique et fine de ce matériau. Désormais il connait en profondeur les formations naturelles de tous les types de roches et de pierres ainsi que les processus d’extraction, de coupe et de finition.
Son retour en Navarre marque aussi la rencontre avec l’école de sculpture basque (notamment Chillida, Oteiza, Mendiburu…) qui suscite en lui toute une réflexion sur l’association de l’acier et de la pierre de manière authentique et originale. Il se partage principalement entre Donostia, Saint-Jean-de-Luz et la Navarre, Tafalla, village de sa mère et Bera de Bidassoa où se trouve son atelier.
On retrouve dans ses sculptures toutes les influences de son parcours notamment au travers du travail des lignes, des parallèles et des formes angulaires. La pierre sert de support à l’ensemble, qu’elle soit en pierre vive ou sculptée, et c’est d’elle que surgit l’acier, toujours travaillé à la main et à froid.
« Dans mes créations, je cherche toujours le mouvement et l'agilité. Pour moi la pierre est à l'origine de la vie, là d'où on provient. L'acier, c'est nous, nos sentiments tranquilles, amoureux, parfois tragiques, ou plus répétitifs, mais la vie continue toujours » dit-il. « La pierre est ma base. Parfois je la couronne, parfois je l'embrasse, parfois je la chevauche. Mais elle est mon origine et ma racine. Quand je vais dans mes carrières pour mes dallages, je cherche la pierre parfaite, la pierre sans trous, sans fissures, sans fils. Ce qu'on appelle « le sucre », cette pierre parfaite qui va faire mon art. Les pierres me parlent, elles me regardent, je les regarde, je leur parle. Quand je vois une pierre qui me parle et me regarde, je la prends dans mes mains et je l'imprègne de mon énergie, je demande la permission à la Mère Nature de l'emporter avec moi, et là commence mon processus créatif. Les pierres ont toujours été là, témoins du passage du temps. Elles ont nous vu naître, courir, jouer, pleurer, grandir, mourir et disparaître.
Pourquoi la pierre ? Mes origines, les carrières de famille, mon trajet professionnel dans le monde de la pierre. Pourquoi l’acier ? Mes voyages à Bilbao où enfant je jouais avec mes cousins dans les vieilles fonderies de l’acier. Pourquoi la pierre et l’acier ensemble ? Peut-être ou surement l’union de deux matières de mon enfance, deux matériaux différents mais à la fois minéraux ».
Intarissable lorsqu’il s’agit d’expliquer son travail. « Je plie l’acier avec ma force physique, avec mes mains et mes bras, à froid. Je le fais aux Bardenas à la carrière, sans eau, sans électricité, sans auvent, sous le soleil, sous le vent. Le vent frappe mon visage, les oiseaux me murmurent à l’oreille, et moi je continue à m’inspirer. Quand je créée mon œuvre, je travaille avec des méthode ancestrales et ethniques mais je ne reste pas dans ces formes anciennes parce que je pars dans un discours contemporain, un discours de nos jours. Quand je crée, je me connecte à mes racines, à mes ancêtres. Je me connecte à ces hommes et femmes de la terre, même si je me considère homme du monde globalisé.
Pourquoi l’acier plié à froid ? Je considère que pour moi c’est une manière de me relationner directement avec la matière, les pièces prennent forme de mes forces et fatigues, parfois plus courbes au début, parfois plus tendres à la fin ».
Ariel imagine, crée des œuvres de petites dimensions, des pièces monumentales aussi. Certaines sont exposées à la Rotonde. D’autres devraient prendre place durant quelques mois en bord d’océan, de la pointe de la colline de Sainte-Barbe au promenoir de la plage luzienne. Une question d’autorisations administratives. En attendant, et jusqu’au 10 novembre, à découvrir à la Rotonde, entrée libre du mercredi au dimanche de 14h30 à 19h et le samedi de 10h à 12h30 et de 14h30 à 19h.