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Musique
Retransmission des opéras du Met à Biarritz : Eurydice, la mythologie aujourd'hui
Retransmission des opéras du Met à Biarritz : Eurydice, la mythologie aujourd'hui

| Manex Barace 684 mots

Retransmission des opéras du Met à Biarritz : Eurydice, la mythologie aujourd'hui

La saison des retransmissions en direct (sauf exception) en haute définition comprend cette année encore dix opéras, dont sept créations inédites. Ce fut déjà le cas lors de la première soirée avec « Comme un feu dévorant renfermé dans mes os – Fire shut up in my bones » œuvre contemporaine (2019) du compositeur Terence Blanchard. Une nouvelle œuvre inédite sera à découvrir le samedi 4 décembre (19 heures) à la Gare du Midi de Biarritz. 

Le thème d’Eurydice est ancien et connu : un musicien descend courageusement aux Enfers, déterminé à sauver sa bien-aimée des griffes de la mort grâce à un mélange d'audace et d'art : l'ancien mythe d'Orphée et d'Eurydice a touché une corde sensible dans les cœurs et les esprits humains particulièrement en résonance avec les compositeurs d'opéra - elle-même une tentative de réaliser l'impossible par l'art - depuis les premiers jours du genre. 

Le mythe d'Orphée et d'Eurydice captive les imaginations depuis des millénaires. Orphée, l'archétype du musicien, épouse Eurydice, qui meurt ensuite (d'une morsure de serpent, dans la plupart des versions) le jour de leur mariage. Orphée pleure de façon si émouvante que les dieux lui permettent de descendre aux Enfers et de ramener l'ombre d'Eurydice dans le monde des vivants. Il y a, comme souvent dans les mythes, un hic : Orphée ne doit pas parler à Eurydice, ni même la regarder, tant qu'ils n'ont pas complètement émergé des Enfers, sinon il la perdra à jamais. Bien sûr, il ne peut pas résister à l'envie de voir sa bien-aimée et de s'assurer qu'elle suit, alors il se tourne pour regarder, et elle lui est enlevée pour toujours (bien qu'il existe d'innombrables variantes).

L'interprétation lyrique extrêmement fraîche et nouvelle de Matthew Aucoin sur le mythe (2020), dont la première a été donnée le 23 novembre, s'intitule simplement Eurydice. Selon la dramaturge Sarah Ruhl, qui a écrit la pièce source (2003) ainsi que le livret de l'opéra, cela est significatif. Elle dit qu'elle a longtemps été fascinée par Orphée et Eurydice, mais se demandait comment le mythe changerait si Eurydice participait plus activement à l'histoire. « J'imagine Eurydice prononçant son nom et le faisant sursauter, et le faisant se retourner », dit-elle, à titre d'exemple. « J'étais aussi très intéressée par une sorte de dialectique entre langage et musique », poursuit-elle. « Je me suis dit : et si Eurydice était le langage et Orphée était la musique ? C'est une perspective intrigante qui suggère une des raisons pour lesquelles cette histoire est au cœur de l'opéra en tant que forme d'art : la profondeur de l'amour entre le mot et la musique, mais aussi la turbulence de leur relation ».

Cette saison, l'une des sopranos les plus brillantes d'aujourd'hui chante cette Eurydice nouvellement indépendante : Erin Morley, familière au public Met des tours de stars précédents comme Sophie dans Der Rosenkavalier et Olympia dans Les Contes d'Hoffmann, parmi de nombreux autres rôles, ainsi qu'une performance époustouflante dans le gala At-Home diffusé en direct. Un nouvel aspect de ce récit du mythe est que, lorsqu'Eurydice arrive aux Enfers, elle retrouve son père, chanté dans la production du Met par le baryton-basse Nathan Berg. Père et fille discutent des cycles de la vie et de la perte inhérents au mythe. "Mon père, dont j'étais très proche, est décédé quand j'avais 20 ans et je pense que je voulais juste avoir plus de conversations avec lui. Je pensais que si Eurydice était aux Enfers, il va de soi qu'elle rencontrerait un ancêtre". Dans la version de l'histoire écrite par Sarah Ruhl une partie de l'effet de la mort d'Eurydice est qu'elle perd entièrement la mémoire. Aux Enfers, son père l'aide à réapprendre son identité et à retrouver ses expériences de vie. "Je pense que c'est vraiment le noyau émotionnel de la raison pour laquelle j'ai écrit la pièce", ajoute-t-elle.

Direction musicale de Yannick Nézet-Séguin, mise en scène de Mary Zimmerman.

Eurydice, depuis la scène du Metropolitan Opera de New-York, samedi 4 décembre (19 heures) à la Gare du Midi de Biarritz. Organisé par le service des Affaires culturelles de la Ville de Biarritz. Placement libre. Billetterie pour cette soirée ou dans le cadre d’un abonnement. Réservations auprès de Biarritz Tourisme (05.59.22.44.66) ou sur le site :  www.tourisme.biarritz.fr

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