Malgré les rudes conditions climatiques, c'est à Saint-Jean-de-Luz, une église Saint-Jean-Baptiste remplie jusqu'aux plus hautes tribunes qui fit un triomphe à l'Orchestre des Champs Elysées sous la direction de Louis Langrée qui avait ouvert cette nouvelle édition du Festival Ravel à la si riche programmation, débordant opportunément - et plus que jamais - vers l'intérieur des terres, sur les localités labourdines environnantes, de Sare et Ascain à Cambo, Saint-Pée et Itxassou, et même bien au-delà, à Saint-Sébastien, et plus au nord, vers Hossegor et jusqu'à Lacanau !
C'est d'abord dans l'univers magique de la "Pavane pour une Infante" que les musiciens nous firent entrer "en douceur et profondément", comme un rappel du mariage de l'infante Marie-Thérèse célébré dans ce magnifique écrin.
Et nous continuâmes de voguer, cette fois sur le Nil, grâce au Concerto pour piano et orchestre n° 5 « L’Égyptien » op. 103 qui démontra un accord parfait entre l’orchestre et le soliste, Bertrand Chamayou, qui jouait sur le magnifique piano Pleyel de 1905 en palissandre de Rio, récemment restauré.
Nous eûmes également l'occasion d'apprécier la qualité de l'instrument et le talent de l'interprète lorsque Bertrand Chamayou nous fit encore naviguer de son délicat doigté pianistique jusqu'aux îles Canaries, grâce aux "Cloches de Las Palmas", quatrième des 6 Études op. 111 de Saint-Saëns, ce grand voyageur.
Pour le pianiste et critique musical Guy Sacre, "Les Cloches de Las Palmas" sont particulièrement inspirées : « Si même on est à quelques années seulement de "La vallée des cloches" de Ravel ("Miroirs") ou des Cloches à travers les "Images" de Debussy, d'une toute autre écriture, il faut reconnaître sa magie particulière à l'étude de sonorité de Saint-Saëns ».
On entendera encore Bertrand Chamayou avec le Quatuor Belcea mercredi 30 août (21h) à l'église de Saint-Pée-sur-Nivelle dans le Concert pour violon, piano et quatuor à cordes en ré majeur, Op. 21 d'Ernest Chausson.
Et l'un de ses plus attentionnés auditeurs à Saint-Jean-de-Luz n'était autre que son tout jeune fils que le pianiste, également co-directeur du Festival, retrouvait pour l'embrasser pendant
l'entracte !
Quant à la Symphonie n° 3 en ut mineur « avec orgue » op. 78 de Saint-Saëns avec pour soliste Vincent Warnier, elle fut tout aussi magnifiquement interprétée par l'orchestre, avec de fougueuses envolées pleines de relief, où les percussions faisaient littéralement exploser les cordes et les bois, imprimant leur rythme à une assistance subjuguée par tant de talent, même si l'on pouvait regretter que celui, incontestable, de l'organiste Vincent Warnier souffrait quelque peu de l'absence des grandes orgues de l'église, que l'on disait "en réfection".
L'orgue de chœur n'ayant pas suffisamment d'amplitude (au dire de Vincent Warnier qui l'avait essayé près d'un an auparavant, lorsque cette partition de Saint-Saëns était en projet) on l'avait remplacé par un orgue "Allen trois claviers" apporté, dont le manque de volume dans le second mouvement fut compensé par deux enceintes qui ne purent emporter réellement - en la saturant - l'envolée lyrique voulue par le compositeur.
Malgré ce manque, le public enthousiaste ovationna les musiciens qui interprétèrent en bis un extrait de "Ma mère l'Oye" qui nous replongea, comme au début du concert, dans l'univers magique et enchanté de Ravel...
Prochains concerts du Festival
- Vendredi 25 août à 20h au théâtre Quintaou d'Anglet, ce sera au tour du Dream House Quartet avec Katia et Marielle Labèque, pianos, Bryce Dessner, guitare électrique, et David Chalmin, guitare électrique, voix et électronique, d'interpréter des pièces plus contemporaines, alors que le samedi 26 août à 19h à l'espace polyvalent de Ciboure, le Quatuor Béla jouera le Quatuor à cordes n°4 de Béla Bartók et le Quatuor à cordes N°1 « Métamorphoses nocturnes » de György Ligeti, suivi à 21h30, toujours à l'espace polyvalent de Ciboure, du duo Emile Parisien, saxophone et Roberto Negro, piano, dans les « Métanuits », une adaptation malicieuse pour piano et saxophone du premier quatuor à cordes de György Ligeti « Métamorphoses nocturnes ».
György Ligeti dont on célèbre le centenaire de la naissance cette année, ce qui donnera lieu le lendemain dimanche 27 août à la conférence d'Anne Ibos-Augé « György Ligeti (1923-2006), d’Atmosphères en Aventures : itinéraire d’un compositeur pluriel » (à 15h à la salle paroissiale de Ciboure).
- Dimanche 27 août à 17h – Ciboure - Ensemble intercontemporain sous la direction de Pierre Bleuse avec Jeanne-Marie Conquer, violon, Renaud Déjardin, violoncelle et Sébastien Vichard, piano.
- Jeudi 31 août à 21h – Saint-Jean-de-Luz - Orchestre de l’Opéra National de Paris sous la direction de Semyon Bychkov.
- Vendredi 1er septembre à 21h – Bayonne - Orchestre de Pau Pays de Béarn dirigé par Fayçal Karoui avec Karine Deshayes, mezzo-soprano et Marion Vergez-Pascal, mezzo-soprano.
- Mercredi 6 septembre à 20h – Saint-Jean-de-Luz - Orchestre et chœur du Poème Harmonique direction Vincent Dumestre, avec Amélie Raison, soprano, Eva Zaïcik, mezzo-soprano, Paco Garcia, haute-contre, Cyril Auvity, ténor et Virgile Ancely, baryton.
- Jeudi 7 septembre à 21h – Saint-Jean-de-Luz - Orchestre National du Capitole de Toulouse sous la direction de Josep Pons.
- De nombreux duos et trios de musique de chambre se partageront également la scène du festival, en particulier Renaud Capuçon, violon et Jean-François Heisser, piano, le mardi 29 août à 20h à Saint-Jean-de-Luz, ainsi que des quatuors, quintette et sextuor, sans oublier les cours et les concerts des professeurs et des élèves de l’Académie Ravel, et des conférences, dont celle de Thomas Leconte sur « Musique et cérémonial au Grand Siècle : la « mise en son » de la majesté » le mercredi 6 septembre à 11h et 17h à Saint-Jean-de-Luz.
Le Festival s’associe aux restaurateurs locaux
La musique rassemble. Elle est un langage universel que chacun peut s’approprier et grâce auquel on se rejoint. La convivialité d’un repas est un autre moment de partage, essentiel et fondateur. Pour la première année, nous vous invitons à prolonger ou anticiper le temps magique du concert par la découverte de partenariats uniques mettant en avant les délices de spécificités locales que les papilles du monde entier nous envient :
- avec l’aide de Lena Balacco (restaurant Etxe Nami), nous avons pu lier à un grand nombre de concerts un restaurant choisi pour la qualité de sa cuisine, son engagement sur les produits du terroir et la saisonnalité. Tout y est fait maison et chaque restaurant a son originalité. (Places limitées – réservation obligatoire)
- Les 26 et 27 août, sous la belle tente déjà installée l’an dernier à l’Espace Polyvalent de Ciboure, une restauration rapide mais saine et inventive vous sera proposée par le collectif Blü Taula, association de restaurateurs engagés en faveur de la gastronomie durable au Pays Basque (inscription recommandée).
- Le 30 août, nous avons transformé le pique-nique initié à Saint-Pée-sur-Nivelle l’an dernier en un petit marché de producteurs locaux. Vous pourrez ainsi vous approvisionner sur place afin de déguster Taloas et autres spécialités.
Retrouvez tous les détails du programme sur : https://festivalravel.fr/la-programmation/