Mercredi 7 février dernier à la mairie de Bayonne, lors d’une réunion organisée par le président des Amis du Musée Bonnat-Helleu, Guy de Lasteyrie, le maire Me Jean-René Etchegaray secondé par le cabinet d’architecture Brochet Lajus Pueyo ainsi qu’Olivier Soupre, architecte associé à Bayonne, dévoilaient enfin les plans et la muséographie du projet aux membres de l’Association. Ce soir-là comme dans un tableau de Zo, près de 120 membres s’étaient réunis dans une ambiance « électrique » pour écouter le maire dans l’arène du grand salon de la mairie.
Au cours de son discours, Me Etchegaray retraça les diverses phases de l’élaboration du projet Bonnat-Helleu. Rappelons qu’en début juin 2016, à l’issue d’une procédure de concours, le projet de l’agence Brochet Lajus Pueyo avait été désigné lauréat pour mener à bien la rénovation du musée Bonnat-Helleu. Le coût global du projet se montait au départ à 10,5 millions (HT), puis à 16,9 millions d’euros (HT).
« De 2000 m2 - superficie actuelle du musée -, nous passons à 4000m2. Aujourd’hui, le projet revient au total à 21 millions d’euros HT, les trois-quarts de la somme ayant été trouvée par la ville ! », expliquait le maire de Bayonne. Une voix s’éleva dans la salle pour demander comment une telle somme avait été réunie. Réponse du maire :
3,2 millions d’euros sont apportés par l’Etat ;
2,5 millions d’euros par la Communauté d'agglomération Pays Basque ;
1,5 millions d’euros par la Région Nouvelle-Aquitaine ;
1,5 millions d’euros par le Département Basco-Béarnais ;
4,5 millions d’euros par le Legs Howard-Johnston.
Il ne reste plus qu’environ 25% à régler. Ce solde sera financé par des fonds privés. Pour cela il y a deux mois, nous avons créé un fonds de dotation présidé par le bayonnais Michel Camdessus (*).
Impliqué dans l’association du fonds de dotation composé de 24 membres dont il fait partie, le président des Amis du Musée Bonnat-Helleu Guy de Lasteyrie paraît déçu par le manque de dynamisme en précisant : « La vente des immeubles du legs Howard-Johnston en Suisse, a rapporté la somme de 4,5 M €. Mais il ne faut oublier qu’en contrepartie Bayonne doit payer 1,5 € au fisc ! A mon avis, c’était une erreur d’avoir vendu ces biens, car la location des appartements en Suisse issus du legs assuraient un confortable revenu permettant l’entretien régulier de la collection ». Et de poursuivre : « Par contre, je suis satisfait des plans présentés par le cabinet Brochet ».
La métamorphose du musée et la requalification de la rue Jacques-Laffitte, en favorisant les piétons et en dégageant la façade du musée, vont constituer le cœur d’une véritable stratégie urbaine au service de l’attractivité et du rayonnement du Petit-Bayonne, l’antique quartier du Bourg Neuf entre Nive et Adour qui s’est développé à partir du XIIe siècle grâce à « l’âge d’or » de l’époque « anglaise ».
Une entrée principale entre le bâtiment historique du musée et l'école, non loin de la boutique et du café, rue Jean Jacques Lafitte, desservira les diverses galeries d’exposition permanente.
Cependant, s’insurge l’historien Etienne Rousseau-Plotto, organiste de l’église Saint André : « L’auditorium déplacé dans la salle d’exposition temporaire n’est vraiment pas pratique ». Effectivement, un système de compilation destiné à ranger rapidement les chaises de l’auditorium, permet de métamorphoser temporairement la salle en exposition temporaire vice et versa.
Il faut rappeler que les architectes avaient pensé creuser dans le sous-sol afin d’agrandir la surface de la salle afin de remédier ce problème. Cependant ils se sont confrontés à deux problèmes : suite à des fouilles archéologiques, les restes d’un monastère auraient été découverts dans la partie nouvelle du musée ; et, plus rédhibitoire, le problème hydraulique entre la Nive et l4adour, empêche à cet endroit d’extraire la terre à cause de l’eau qui remonte de la nappe phréatique. En 2016, le cabinet d’architecture n’aurait-t-il pas dû effectuer une étude plus approfondie du sol avant d’élaborer son projet ?
Rappelons qu’en 2015, le maire Jean Grenet et son adjoint à la culture Jean-René Etchegaray avaient souhaité faire construire un centre de réserves mutualisées pour les trois musées pour un coût de 6 millions d’euros. Une étude qui n’a jamais vu le jour suite au « désengagement » de l’Etat, d’où la naissance du projet d’extension du musée permettant ainsi de doubler sa surface.
Le maire de Bayonne arrivera-t-il « à bout » du projet de ce superbe musée Bonnat-Helleu qui fera rayonner la ville internationalement, pour les élections municipales de 2021 ? Avant le début des travaux, Me Etchegaray ne devrait-t-il pas renégocier finalement le coût du projet à la baisse ?
Anne de La Cerda
(*) Michel Camdessus, ancien directeur général du Fonds Monétaire International et gouverneur honoraire de la Banque de France - fils de l’écrivain Alfred Camdessus, ancien directeur de l’École française de Saragosse et rédacteur en chef du « Courrier de Bayonne » du baron Jean de L’Éspée - avec notre collaborateur l'abbé François-Xavier Esponde, un des organisateurs du carrefour de réflexion chrétien de l'été autour du cardinal Etchegaray.
Anne de La Cerda