Pré carré de la province de Soule, une pastorale raconte l’histoire d’un personnage célèbre pas forcément issu du Pays Basque (Charlemagne, Simone Veil, Abdel Kader) ou encore d’événements ou de situations (périodes de guerre, chasse aux sorcières, etc.).

Des codes spécifiques permettent à l’errejent (metteur en scène) une mise en scène particulière. Les acteurs sont répartis sur deux groupes qui s’affrontent, et se côtoient sur scène, avec des déplacements chorégraphiés : 
- Le camp des Bleus, anciennement « les Chrétiens » sont les protagonistes, les « gentils », 
- Le camp des Rouges, anciennement « les Turcs » sont quant à eux sont les « méchants » ou mieux les adversaires. En référence à l’histoire des croisades et guerres de religions.

Accessoire indispensable le « makila » accompagne tous les acteurs, donne le rythme, permet de symboliser une arme. Il possède un ruban bleu ou rouge selon le groupe dont fait partie l’acteur. 

La pastorale réunit six disciplines, nécessaires et complémentaires, ayant chacune son importance : l’écriture d’un texte par un ou plusieurs auteurs, racontant une histoire répartie en scènes appelées « jeikaldi », la mise en scène, par un(e) « errejent» qui assure la coordination des différentes disciplines, la création et mise en place de déplacements sur scène chorégraphiés et la mise en valeur du texte ; le chant, mené par un chef de chœur qui peut être amené à créer des musiques, airs ou paroles pour certains chants ; la danse, menée par un maître de danse, elle comprends les satans (danses souletines) mais aussi les danses dites « sociales » ; la musique, menée par un responsable des musiciens qui travaille avec l’errejent pour trouver et adapter des musiques. La musique accompagne toutes les entrées et sorties de scène selon qu’il s’agisse des rouges, avec une musique très rythmée, ou des bleus avec une musique plus lente et solennelle. Les costumes, un(e) responsable couture coordonne un groupe de couturier(e)s qui travaille sur la création des costumes, à partir d’un travail de recherche sur les costumes d’époque.

Voici maintenant un certain nombre d’années que Pantxika Urruty, errejent de pastorales, avait en tête de monter un tel projet autour du village de La Bastide Clairence et ses villages voisins… Quoi de plus naturel que d’y mettre à l’honneur la langue basque et le gascon, deux langues qui font la singularité de ce territoire et promouvoir cette mixité de cultures ! 
Une pastorale bilingue, voici une première dans le monde des pastorales et un projet idoine pour fédérer les communes du territoire autour d’un projet commun et intergénérationnel.

Les puristes assureront qu’une pastorale ne saurait être interprétée que par des acteurs souletins et jouée dans des villages de la province de Soule… Une pastorale en pays charnégou une première hors de la Soule ? Il y a quelques années (2014) avec la pastorale Gerezien Denbora (Le temps des Cerises), racontant la vie des travailleurs des Forges de l’Adour, jouée par des amateurs issus des sept provinces à Bayonne, Itxasou et même Barakaldo ! Ecrite par Itxaro Borda, également auteure de la pastorale dédiée cette année à Inessa de Gaxen, dont des extraits sont traduits en occitan-gascon du Bas Adour par Yvan Bareyre.
Une pastorale bilingue, voici une première dans le monde des pastorales et un projet idoine pour fédérer les communes du territoire (Urt, La Bastide Clairence, Bardos, Guiche, Sames, Came, Arancou, Bergouey-Viellenave) autour d’un projet commun et intergénérationnel.

 Les objectifs visés par la pastorale sont ainsi multiples :
- La pastorale sera bilingue : basque et occitan-gascon. La cohabitation de ces deux langues permettra aux spectateurs de se plonger dans l’atmosphère polyglotte de ce territoire « frontière » qui accueillait basques, gascons, bigourdans, juifs portugais ou espagnols fuyant l’inquisition…​
- Elle aura également une fonction sociale : celle de rassembler autour d’un même projet des acteurs (jeunes et moins jeunes) de chaque village. Le rythme régulier des répétitions et la construction collective de ce projet commun participent à créer des liens intergénérationnels et à transmettre aux jeunes générations le patrimoine historique et linguistique local.​
- Enfin, l’histoire du sujet de la pastorale, Inesa de Gaxen rappellera les discriminations dont sont victimes les femmes, et notamment, à cette époque, les persécutions pour cause de sorcellerie dont elles étaient accusées.

La pastorale aura pour sujet la vie de la jeune Inesa de Gaxen. Née en 1566 à La Bastide Clairence, le destin d’Inesa est lié aux persécutions religieuses qui, des deux côtés de la Bidassoa, marquent le début du XVIIe siècle. En 1580, à l’âge de 14 ans, Inesa est accusée de sorcellerie et arrêtée à Hendaye par le seigneur d’Urtubie. Elle est finalement relâchée à l’âge de 18 ans, innocentée par l’évêque de Dax. Elle se réfugie alors à Irun où elle se marie avec un soldat de Fontarabie, Pedro de Sanza.
En 1611, elle est de nouveau accusée de sorcellerie. Elle ne cédera jamais aux accusions et sera à nouveau innocentée et lavée de toute accusation. Elle sera toutefois forcée à l’exil, envoyée sur une embarcation sur la Bidassoa. Personne ne sait ce qu’il advint d’elle…

Deux représentations à La Bastide-Clairence sur la place des Arceaux les 15 et16 juin et deux autres à Bardos les 21 et 22 septembre 2024. La billetterie pour les quatre représentations est ouverte sur le site HelloAsso, entreprise solidaire d'utilité sociale qui fournit ses technologies de paiement par carte bancaire gratuitement, sans frais ni commissions à plus de 200.000 associations françaises. Les contributions volontaires que laissent les internautes sont son unique source de revenus.