« Je vous en prie, qu’aucune Église chrétienne ne soit interdite, directement ou indirectement ! » a déclaré le pape François lors de l’Angélus du 25 août 2024. Cette déclaration intervient quelques jours après que le Parlement ukrainien a adoptée la loi n° 8371.
https://www.vaticannews.va/fr/pape/news/2024-08/pape-condamnation-interdiction-eglise-orthodoxe-ukrainienne.html
Dimanche dernier, après la prière de l’Angélus, place Saint-Pierre, le Saint-Père a commenté la récente loi ukrainienne qui interdit l’Église orthodoxe ukrainienne : le pape François a clairement exprimé ses craintes en matière de liberté religieuse en Ukraine.
« S’il vous plaît, que ne soit abolie directement ou indirectement aucune Église chrétienne : on ne touche pas aux Églises ». Sans ambiguïté, le Pape François a condamné la loi adoptée le 20 août dernier par le Parlement ukrainien et qui interdit l’Église orthodoxe ukrainienne : si le Saint-Père continue de suivre «avec douleur les combats en Ukraine et dans la Fédération de Russie», il ne peut s’empêcher, «en pensant aux normes de loi adoptées récemment en Ukraine» de ressentir «une crainte pour la liberté de qui prie parce que, qui prie vraiment, prie toujours pour tout le monde».
«On ne fait pas de mal parce qu’on prie», affirme François avant de préciser: «si quelqu’un fait du mal contre son peuple, il sera coupable pour cela, mais il ne peut pas faire de mal parce qu’il a prié».
Et d’insister : «Et alors, qu’on laisse prier qui veut prier dans ce qu’il considère son Église».
L’Église orthodoxe ukrainienne est la seule canonique dans ce pays, et reconnue en tant que telle par la grande majorité des autres églises orthodoxes.
Pour ne citer que le le Patriarcat de Jérusalem, la plus ancienne Église orthodoxe autocéphale, elle a appelé les parlementaires ukrainiens à abroger la loi qui interdirait l'Église orthodoxe ukrainienne, la seule Église orthodoxe canonique du pays et la plus grande communauté de croyants d'Ukraine.
https://en.jerusalem-patriarchate.info/blog/2024/09/03/statement-by-the-patriarchate-of-jerusalem-on-recent-legislation-in-ukraine-affecting-freedom-of-religion/
«Bien que nous soyons nombreux, nous sommes un seul corps. Les paroles de saint Paul dans sa première lettre aux Corinthiens sont un rappel simple mais direct de la sainte vocation de l’Église à l’unité. C’est dans cet esprit que le Patriarcat de Jérusalem, ainsi que plusieurs de nos confrères patriarches et d’autres chefs d’Église, condamnent l’adoption d’une nouvelle loi par le Parlement ukrainien le 20 août dernier visant à interdire le culte des églises de l’UOC. Une telle punition générale d’innombrables hommes et femmes fidèles ne favorise pas l’unité, ni la paix. Rien ne justifie l’utilisation de la pratique des croyances religieuses comme arme et nous devons tous permettre à ceux qui souhaitent prier de le faire d’une manière qui soit en accord avec leur conscience. Nous exhortons le Parlement ukrainien à reconsidérer et à abroger cette loi pour le bien-être de tous les croyants en Ukraine.
Nos cœurs se brisent pour ceux qui ont souffert, qui ont été déplacés et qui ont perdu la vie dans la guerre actuelle, mais cette douleur ne doit pas faire surgir un nouveau schisme parmi les fidèles ni la criminalisation de personnes innocentes en raison de leur pratique religieuse».
Pour sa part, en comparant avec l'Église orthodoxe serbe qui avait été interdite et persécutée pendant la Seconde Guerre mondiale, le patriarche serbe Porphyre a exprimé son « soutien décisif et inconditionnel à l'Église orthodoxe ukrainienne en but à la loi anti-Église adoptée en Ukraine ».
N’hésitant pas à évoquer « un nouveau totalitarisme en train d'être établi », le patriarche de Serbie a même cité « les saintes paroles de l'Apôtre Paul selon lesquelles si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ; et si un membre fait la fête, tous les membres se réjouissent avec lui » (1 Cor. 12 : 26).
Le patriarche d’Antioche Jean X a également exprimé son soutien à l’Église orthodoxe ukrainienne et appelé à la convocation d’un Concile pour résoudre cette question.
Et du côté des politiques, par exemple aux USA, la coprésidente de la Fédération nationale des jeunes républicains, Katherine Whiteford, a appelé à la protection des Ukrainiens orthodoxes contre les persécutions de la part des autorités ukrainiennes. Elle a rappelé que pendant des années, les croyants et le clergé de l'Église orthodoxe ukrainienne ont été soumis à la terreur de la part des services de sécurité de l'Etat ukrainien et des militants antichrétiens, tandis que la police restait simplement passive pendant que les églises étaient saisies et que les journalistes orthodoxes chrétiens étaient arrêtés.
Avec l’adoption de la nouvelle loi qui, selon elle, légalise la discrimination, la situation pourrait encore empirer.
Soulignant que l’Église était aujourd’hui confrontée à une situation catastrophique qu’elle n’avait pas connue depuis l’apogée du pouvoir bolchevique : « concernant les chrétiens orthodoxes dont le diocèse avait été fondé en grande partie par des chrétiens ukrainiens fuyant les persécutions soviétiques, cela me brise le cœur de voir l’histoire se répéter », a encore déclaré Katherine Whiteford.