Dimanche 13 mars : le réseau routier cubain n’est, sorti des grands axes, pas de première qualité. Les distances se calculent en heures de trajet plutôt qu’en kilomètres… Camagüey n’était qu’une étape sur la route de Santiago de Cuba. Quel dommage que le « maître d’hôtel » coiffé ce matin d’une coiffe de pizzaiolo n’ait pas pensé à me signaler que nous sommes passés à l’heure d’été cette nuit. Cela m’aurait évité sans doute d’arriver tardivement à la gare routière pour m’entendre dire que le bus de ce matin, direction Santiago de Cuba, était complet « el carro está full ». Il n’était pourtant pas nécessaire, selon le « maître d’hôtel », de réserver à l’avance… Premier en partance, le bus de la compagnie Astro est « réservé » aux Cubains (contrairement à mon premier voyage) en raison du confort tout relatif et impossible de trouver d’autres personnes pour partager un taxi collectif ce matin malgré les « efforts » des « jineteros » intéressés par un petit pourboire. Finalement à bord d’un bus Viazul non indiqué sur les panneaux d’affichage, plus cher et moins rapide que ceux de la compagnie réservée aux autochtones : départ Camagüey 11h, arrivée Santiago 21h, pour 347 km de route… Les jineteros sont souvent une peste pour les étrangers, mais parfois utiles. L’un d’eux à Santiago me trouve une vieille Mercury des années 50 pour aller à l’hôtel Las Américas*** et parle en plus quelques mots en Euskara ! Il se fait tard. Une boite de sardines sortie de la valise et une bière locale Bucanero feront office de diner.
Lundi 14 mars : Santiago de Cuba. Le SMS promis par téléphone le 10 et attendu ce matin n’est pas arrivé. Vite, réservation pour continuer vers Baracoa demain matin, la plupart des nuitées étant réservées et payées tout au long du périple. Prix d’un taxi négocié pour la basilique de la Virgen del Cobre (19 km à l’ouest) et le Castillo del Morro (à l’est de la ville), retour et terminus dans la vieille ville. Durant l’après-midi 7 ou 8 km (?) parcourus à pieds pour découvrir la première capitale de l’île, et deuxième ville Cubaine. Diner dans un restaurant Chinois proche de l’hôtel.
Mardi 15 mars : Depuis Santiago de Cuba il ne faut pas moins de cinq heures de trajet en bus Viazul pour arriver au petit village de Baracoa sur la côte orientale, par le bord de mer jusqu’à Guantanamo (vu juste le hall de la gare routière, pas la base Américaine, aperçue seulement de loin), puis la plaine et la montagne tropicale enfin. Déception à l’arrivée : ma chambre pourtant réservée est occupée ! Le logeur me propose une chambre « similaire » dans le même quartier. A ma demande il a (peut-être) prévenu le logeur de Gibara que je ne pourrai y aller par le bus ? Je ne le reverrai plus car je loge chez quelqu’un d’autre. Temps très chaud cet après-midi : sieste obligatoire avant d’arpenter le Malecón local, siroter un Mojito et diner chez les logeurs. Distribution de crayons, gommes et taille-crayons aux enfants de la maison. Animation nocturne dans le quartier : le carnaval se prépare et la « conga » défile ce soir. Les moustiques aussi…
Mercredi 16 mars : Baracoa. Les coqs du quartier répètent leurs kukuruku dès 3h45 ce matin. Découverte d’une superbe araignée dans le lit… Chocolat froid mousseux au petit déjeuner. Tout le monde se connait dans les petites villes et « se partage » les touristes. Visite de Baracoa avec le Bici-Taxi d’un frère de celui qui m’avait accompagné lors de mon arrivée : las Cuevas del Museo Archeológico, bureau des bus Viazul (pour acheter le billet du trajet suivant), el Fuerte de la Punta (devenu hélas restaurant chic à la mode), la Plaza de la Independencia (cathédrale où est exposée la Cruz de la Parra, une des 29 croix apportées d’Espagne par Christophe Colomb selon la tradition, le carbone 14 est d’accord pour la datation mais pas pour la provenance du bois, qui serait locale), Casa-muséo del Chocolate, un Mojito de plus à une terrasse ombragée, suivi d’une méga-sieste et bain à la plage de galets noirs. Diner cuisine locale (de l’espadon dans l’assiette ?).
Jeudi 17 mars : encore un lever très matinal pour être sur place à 7 heures à la Estación de Omnibuses comme on dit ici dans l’Oriente. Départ de Baracoa à 8h15 puis à 14h de Santiago, ma logeuse ayant prévenu celle de Camagüey que j’y redormirai ce soir. Un « taxi ami » prévenu est même prévu pour me récupérer ! Le bus parti de Baracoa ce matin continuera jusqu’à La Havane et les conducteurs qui connaissent les bonnes adresses font leurs achats de fruits et légumes en route ! Il est tard : au lit sans diner. Il me semble qu’il y a beaucoup plus de mouvements dans les rues du quartier cette nuit à Camagüey…
Vendredi 18 mars : Camagüey, où le taxi ami attend devant la porte. Il propose une petite visite de la ville plutôt que rejoindre directement la gare routière. Le prix demandé n’est pas le même qu’hier bien sûr. ¡Qué raro ! Le bus pour Ciego de Avila, à deux heures de route de Camagüey est en retard. Tout le monde tourne en rond dans la salle d’attente, se lève dès qu’il semble y avoir un mouvement sur le parking. Une fois arrivé à Ciego de Avila, pas d’attente par contre pour le site paradisiaque de Cayo Coco « grâce » aux nombreux jineteros qui tournent comme des mouches autour des voyageurs. Nombreux sont les taxis officiels, munis de leur plaque adhésive, dont celui de Raúl : carrosserie Chevrolet 1956 mais tout le reste a été refait depuis par Toyota, comme la plupart des vieilles Américaines. A nouveau deux heures de route pour quitter l’île et rejoindre le cayo. Prix dégressifs avec Raúl : 70 CUC (Peso Cubain « convertible » à l’usage des étrangers) pour l’aller mais 60 pour le retour et 25 pour bed & breakfast si je souhaite dormir chez lui au retour. Il se chargera de trouver en plus une place dans un taxi pour La Havane, le moment venu ! Pour l’instant, trois nuits, deux jours en « todo incluido » au Memories Caribe ****! Piscine avant le premier diner buffet...
Samedi 19 mars : hôtel de luxe dans un complexe touristique sur la mer des Caraïbes ou chambre chez l’habitant, ici comme à Baracoa, même problème de chasse d’eau (il faut l’économiser, mais l’eau coule sans arrêt…). Plage le matin, déjeuner buffet, Piña Colada, sieste et plage l’après-midi, avant l’heure du Mojito et du diner… Beaucoup de touristes profitent à plein du « todo incluido » et me font un peu honte avec leurs exagérations… « Pour le plaisir des touristes » un pauvre flamand rose aux ailes amputées s’ennuie, regarde le ciel et pleure même, solitaire au milieu d’un petit étang reconstitué…
Dimanche 20 mars : Cayo Coco. Excursion à Playa Pilar, sans doute la plus belle plage située à l’extrémité ouest de Cayo Guillermo. La « turista » est revenue… Piña Colada, déjeuner buffet, sieste, plage avant le « diner spécial » et sa demi-langouste au bord de la piscine, avec show aquatique. Moustiques non invités mais présents…
Lundi 21 mars : dernière baignade à la plage, participation aux animations de l’hôtel (vainqueur du concours de pétanque 10 – 2, associé à un Québecquois). Dernier déjeuner buffet (arrosé de son vin blanc Catalan) avant de remonter à bord de la Chevrolet-Toyota de Raúl, à l’heure dite, ce qui est rare ici. Moins de deux heures de trajet, effectué sous la pluie (ce sera tout pour toute la durée du voyage), avant de découvrir la chambre la plus ordinaire de tout le séjour (la moins chère aussi) à Ciego de Avila ! Un verre de vin de bienvenue pour moi, de l’aguardiente en quantité confortable pour lui… Il me dépose ensuite en centre-ville, au Parque Marti évidemment. Ciego de Avila est essentiellement connue comme la « ville aux mille colonnes », en référence aux colonnades des maisons coloniales, souvent colorées mais en général en mauvais état. Je ne sais pas trop situer la maison de Raúl. Rentré avant la nuit et diner frugal aux sardines dans la chambre ! Le voyage prévoyait une étape à Remedios, facile d’accès en voiture mais pas en bus, d’où cette nuit à Ciego. Le logeur de Remedios n’a pas été prévenu du faux pas. Il sera de toute façon payé ? La pire des nuits cubaines ! Le rouleau de PQ y est passé et les draps du lit en ont pris un coup… J’ai enfin compris pourquoi on ne voit pas de trains durant la journée : ils circulent la nuit, pas très loin d’ici… Raúl Castro et Barack Obama étaient les vedettes à la télé hier soir.
Mardi 22 mars : Ciego de Avila – La Habana (426 km) en 4h30 à bord d’une Mercedes revue par le constructeur Chinois Geely. Dernière nuit cubaine dans une grande maison de style Art Déco de 1927 sur La Rampa (ou Calle 23) entre la #8 et la #10. Héritage yankee, les rues paires sont parallèles depuis le Malecón et les rues impaires sont perpendiculaires. Dernières vues sur le Malecón ce soir, après reconfirmation des vols du retour en France par téléphone, plus fiable et rapide qu’Internet ! Ana la logeuse, qui est également artiste créatrice de bijoux, appellera un taxi pour l’aéroport à 17h demain. Diner dans le quartier, précédé d’un des derniers Mojitos du séjour… Malgré les moustiques (ils ont bien profité de ma fatigue !), une des meilleures nuits du voyage.
Mercredi 23 mars : après le dernier petit déjeuner, taxi collectif jusqu’au Parc Copellia, avant de continuer à pieds sur La Rampa où se trouve un mercadillo pour touristes, puis un autre taxi « non officiel » jusqu’au Capitolio, en négociant pour passer par la Plaza de la Revolución, petit détour pour quelques photos de plus, et dernières heures de déambulation dans La Habana Vieja. Retour vers la casa coloniale en Coco-Taxi. Au préalable dernière distribution des articles scolaires dans une école primaire. Changement de tenue vestimentaire en prévision du voyage. Attente à l’aéroport, le temps de changer les derniers CUC en deux opérations dans les bureaux de change (les Cadeca n’ont guère d’euros). Comme le vol d’Air France de l’après-midi, celui du soir aura du retard au départ. Les quelque 500 passagers en partance attendent sagement, en une file impressionnante qui court dans toute l’aérogare, que le matériel fonctionne et que le personnel (sans doute au courant du retard) arrive aux banques d’enregistrement…
Jeudi 24 mars : vol Air France de nuit sans histoire. Arrivée à Paris avec plus d’une heure de retard mais heureusement, la correspondance pour Bordeaux n’est pas ratée, et à Mérignac, ma valise rouge est une des premières à être jetée sur le tapis, contrairement à l’aller, où elle avait été une des dernières à arriver. Par chance, je peux attraper le TER précédent celui choisi par prudence avant le départ, « au cas où ». Arrivée en gare d’Hendaye- Deux-Jumeaux avant 19h30. Pili et Joana m’attendent…
Légendes : 1. Santiago de Cuba
2. Belle plage à Cayo (photos Cuba@Manex Barace)