On pensait encore il y a peu ne jamais pouvoir connaître ni son patronyme ni son lieu d'origine exacts, bien qu'on le présumât natif de Saint-Jean-de-Luz où une rue porte son nom depuis 1925, alors qu'une version fantaisiste gasconne en faisait un Dacquois nommé Michel Arimblar. Mais nous avons pu l'identifier récemment de manière très précise à partir des archives générales des Indes espagnoles (Archivo General de Indias) conservées à Séville. On y apprend en effet qu'il se nommait en réalité Michel de Maristéguy.
Selon le témoignage en justice du capitaine Don Pablo Martinez del Vergara, son père s’était marié deux fois, la seconde avec une demoiselle basque espagnole qui lui avait donné un enfant nommé Antonio de Maristeguy devenu plus tard capitaine de vaisseau de la marine espagnole. C’est par ce demi-frère, que Michel le Basque rencontra deux fois dans ses courses, que nous savons tout cela, car les archives conservent des accusations portées contre lui. Le témoignage de l’alferez Diego Sanchez Cabeza rapporte qu’en l’an 1666, quatre jours après avoir quitté l’île de la Saôna où il avait dû mouiller pour réparer un gouvernail, il avait été pris par une escadre de huit flibustiers français (celle de Nau L’Olonois et Michel le Basque qui se dirigeait vers Maracaïbo) et avait appris que le général français pour les troupes de terre s’appelait « Monsieur Maristeguy » et celui pour les troupes de mer « Juan Frances » (Jean-François, qui était le prénom de Nau L’Olonais). Antonio de Maristeguy lui-même reconnut lors de son procès, qu’il avait aperçu son frère sur la côte sud de Saint-Domingue en train de caréner à l’île de la Saôna les quatre navires d’une petite escadre flibustière qu’il menait et que lui, Antonio, n’avait pas voulu l'attaquer, quoiqu’en forces très supérieures.
Plusieurs témoins rapportent enfin que le jour où les flibustiers s’apprêtaient à quitter le lagon de Maracaïbo, un navire espagnol nommé « El Macaruco » se présenta devant la passe ignorant ce qui s’était passé. Le général français avait soudain semblé très ennuyé en apprenant le nom de son capitaine qui n'était autre qu'Antonio de Maristeguy. Il avait alors demandé en secret au pilote quel était le signal convenu en cas de danger de présence ennemie dans la place et il l’aurait fait hisser à l’insu de ses hommes pour empêcher que son frère ne tombe dans le piège en pénétrant dans la baie à la suite du pilote qu’on lui avait envoyé.
Le nom de celui qu’Exquemelin, le célèbre chirurgien de la flibuste, appelle Michel le Basque, faute de se souvenir de son vrai patronyme, est donc bien Michel de Maristeguy, originaire d'Oñate [Oñati] en Guipuzcoa, comme le conquistador Lope de Aguirre.
docteur d'Etat (Sorbonne)