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Cinéma
Michel Ciment (1938-2023), le cinéma en partage
Michel Ciment (1938-2023), le cinéma en partage

| Jean-Louis Requena 374 mots

Michel Ciment (1938-2023), le cinéma en partage

Michel Ciment s’est éteint le lundi 13 novembre à Paris, à l’âge de 85 ans. Il fut, sans doute, l’un des plus importants critiques du cinéma mondial. Ses connaissances, outre celles de l’univers cinématographique, étaient encyclopédiques. Animé d’une curiosité insatiable pour les autres arts (peinture, littérature, architecture, etc.) lesquels « nourrissaient » ses analyses au ton si particulier, acéré, sur le 7 ème art, son vaste domaine d’investigation. 
Il était également historien, journaliste, une voix à la radio (France Culture, Projection privée 1990/2016 ; Le Masque et la Plume depuis les années 1970), et directeur de publication de la revue mensuelle Positif considérée, à juste titre, par la qualité et la pertinence de ses articles, comme la meilleure du monde.

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Livre de Michel Ciment ©
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Michel Ciment a publié une trentaine de livres avec une prédilection pour les cinéastes dont il admirait l’œuvre : 
Erich Von Stroheim (1967), Elia Kazan (1973, 2009), Joseph Losey (1979, 1994 et 2009), Stanley Kubrick (1980, édition définitive 1999 et 2018) dont il était l’exégète mondial, John Boorman (1985), et Jane Campion (2014). 
Sans compter une quantité de textes inspirés. Un homme cinéma.

Cet homme plein d’esprit se gaussait des journalistes de quotidiens (Libération, Le Monde), et d’hebdomadaires (Les Inrockuptibles… Télérama) prompts à démolir un long métrage qui n’entrait pas dans leur grille de lecture idéologique ou convenue, en d’autres termes politiquement corrects. 
Les films qui n’étaient pas à leur « goût » ne méritaient pas d’exister : ils devaient disparaître ! Michel Ciment a nommé ce phénomène éditorial : « le triangle des Bermudes ».

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Michel Ciment ©
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Une anecdote savoureuse. En septembre 2010, nous étions, ma femme et moi, à la Mostra de Venise comme de coutume, depuis une décennie. Je faisais la queue, seul, dans le Palazzo del Cinéma (1936), à l’architecture mussolinienne, en attendant de prendre place dans une des salles. Passe Michel à proximité. Je le hèle et nous entamons une conversation sur la sélection officielle de la Mostra. Son analyse, au débotté, est percutante. La queue s’ébranle pour entrer, enfin, dans la salle obscure ; on se sépare à regret. Sur ces entrefaites, ma femme me rejoint dans la file qui progresse. Elle me voit songeur … Elle me demande inquiète : qu’as-tu ? Je lui réponds tout de go : je viens de voir Dieu !

Certes, Michel Ciment n’était pas Dieu ; juste un Maître bienveillant.

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