Plusieurs jours sont nécessaires pour s’imprégner et découvrir la capitale fédérale du Mexique. Mais il y a tellement de sites à arpenter ! Au nord de Mexico, la route ou ce qui en tient lieu parfois, mène aux sites de Tula et Teotihuacán.
Tula
Tula est la cité des Toltèques, site majestueux situé sur une colline qui surplombe une petite rivière, au milieu d’un plateau désertique. A pied il est possible d’y accéder par un pont fait de lianes jeté au-dessus de l’eau. Le temple le plus célèbre est dit « des Atlantes ». L’impression de calme, si près et si loin du tumulte de la capitale fédérale en fait une halte agréable sur la route de Teotihuacán.
Teotihuacán
Teotihuacán, dit la légende, est le berceau des dieux. Déjà ruinée lorsque les Aztèques sont arrivés. Autre site impressionnant également planté en plein désert, sur fond de montagnes pelées. La plus grande pyramide, dite Pyramide du Soleil, est la construction la plus imposante : près d’un million de mètres cubes de matériaux, 75 mètres de hauteur, une base de 225 mètres sur 220. Son volume n’a rien à envier à la pyramide de Chéops en Egypte.
La Pyramide de la Lune, de dimensions plus modestes, est située à l’extrémité nord de la chaussée dite des Morts, qui la relie à une citadelle. L’ensemble du site est orienté en harmonie avec le mouvement solaire. Autre monument intéressant, le temple de Quetzalcoatl, le dieu serpent à plumes, décoré de fresques.
Vous aurez remarqué que beaucoup de mots se terminent par OATL ou ETL ? Il s’agit en général de mots de langue Nahuatl. A ce propos le mot chocolat est la transcription du mot Xocolatl.
Le Mexique est un pays immense. Nous n’en évoquerons pas le nord, que je ne connais pas et redescendrons vers le sud-ouest, vers Acapulco, sur le Pacifique.
Acapulco
Il est dans de nombreux coins de la planète des lieux privilégiés, par leur beauté, par leur climat. Acapulco a la chance de posséder les deux attraits. Le Mexique possède 9.903 kilomètres de rivages (j’aime bien cette précision !). La baie d’Acapulco en occupe une dizaine seulement, principalement par des plages de rêve, fréquentées par des touristes venus du monde entier. A l’époque coloniale c’était déjà le plus grand port du Pacifique de la Nouvelle-Espagne. C’est dire que sa renommée ne date pas d’aujourd’hui. La beauté sauvage originelle des petites criques surplombées de hautes falaises plantées de cocotiers et de villas de rêve a été respectée en général. La nature, sauf en bordure des plages, est exubérante ; les jardins tropicaux se succèdent les uns aux autres. Le jour, les sports nautiques, pêche et parachutisme ascensionnel sont les rois ; la nuit, c’est dans les jardins des grands hôtels illuminés ou pour assister aux plongeons vertigineux à la falaise de la Quebrada que vit Acapulco. L’Acapulco des dollars américains de préférence. Chaque soir, pour quelques billets verts, des jeunes risquent leur vie en plongeant dans l’eau, au ras des rochers. Un fantastique saut de 35 mètres de hauteur depuis la falaise.
Acapulco est le symbole de la fête, du soleil, des vacances. Il existe pourtant une autre ville, celle des mexicains qui vivotent à flanc de montagne, à quelques centaines de mètres seulement du luxe et des lumières. Deux mondes qui ne se rencontrent pas.
Presque à mi-chemin entre Acapulco et Mexico, deux villes méritent un arrêt, Cuernavaca et Taxco.
Cuernavaca et Taxco
Cuernavaca est essentiellement connue pour ses jardins, ses fleurs et le palais de Cortez. Aux environs se trouve la pyramide aztèque de Teopanzelco.
Pour les amateurs d’art religieux, Taxco possède de fort belles églises. Pour les amateurs de souvenirs, c’est également la ville de l’argent. Les orfèvres proposent de fort beaux bijoux en or et surtout en argent.
Je ne connais hélas ni Patzcoaro et son lac, ni les villes coloniales de Morelia ou Guanajuato, ni Guadalajara, deuxième ville du pays, ni Puerto Vallarta, en passe de supplanter Acapulco. La suite de notre voyage nous entraine vers l’est, le territoire des Mayas. Avant d’atteindre les Chiapas et leur jungle, puis le Yucatan et ses plateaux calcaires, notre prochain arrêt est Oaxaca, proche des centres religieux de Monte Alban et Mitla.
Oaxaca, Monte Alban, Mitla
Oaxaca, petite ville de province, est surtout un point de départ tout indiqué pour aller à la rencontre des Zapotèques et des Mixtèques. La cathédrale prend la couleur de l’or au crépuscule, éclairée par les rayons du soleil couchant. La décoration de l’intérieur du temple vaut l’extérieur, avec son chœur recouvert de feuilles d’or. Lui faisant face, un petit jardin public et ses cireurs de chaussures, ainsi que le musée où ont été rassemblées les trouvailles des tombes de Monte Alban et Mitla.
Monte Alban, ville sacrée des Zapotèques, est édifiée sur le sommet d’une montagne arrasée pour l’occasion, à 2000 mètres d’altitude. Centre cérémonial et religieux, ville sacrée, observatoire astronomique, Monte Alban est tout cela à la fois, dans le silence et la solitude de la montagne, à quelque 10 kilomètres d’Oaxaca.
Mitla –Mictlan (« le lieu des morts » chez les Aztèques) est à la fois une cité fantôme et un ensemble de sépultures à demi-souterraines. Ici pas de pyramide : une sorte de couvent désaffecté avec une vaste cour intérieure ouverte sur les entrées des tombes. A l’extérieur, une église de briques rouges à coupoles où se mêlent rites chrétiens et païens. J’y ai vu des Indiens offrir de l’encens (ou du copal ?) et des oranges à même le sol. A quel(s) Dieu(x) adressaient-ils leurs psalmodies ? Non loin de Mitla se dresse El árbol de Thulé, arbre gigantesque et millénaire, objet de la vénération des Indiens et des photos des touristes.
Villahermosa
Poursuivant notre voyage vers l’est, nous quittons les hauts-plateaux et descendons dans les plaines humides des Chiapas. Pour atteindre Palenque, haut-lieu de la culture Maya, la route passe par l’isthme de Tehuantepec, la partie la plus étroite du Mexique, et remonte ensuite en direction de Villahermosa. Ne jamais essayer de prendre des photos d’Indiens sans leur consentement ! Lors d’un arrêt de l’autocar à bord duquel j’étais le seul Gringo, au marché traditionnel de Tehuantepec (?) de belles scènes à « immortaliser » … Des injonctions (?), des cris poussés en langue indigène, et moi qui continue à flasher, imperturbable… Ce qui attire une bonne dizaine de de personnes furieuses, machette à la main, qui me coursent jusqu’à l’autocar qui n’attendait que mon retour pour démarrer, dans lequel je monte sans demander mon reste…
A mon humble avis Villahermosa ne mérite pas cette appellation de « belle ville », ce serait plutôt le paradis des moustiques… A voir en dehors de la ville le Parc archéologique de la Venta, où sont rassemblés les vestiges Olmèques, principalement des énormes têtes négroïdes de plusieurs tonnes. Ces vestiges ont été trouvés dans les lagunes du Golfe du Mexique lors de recherches pétrolières. Villahermosa reste le point de départ idéal pour rejoindre Palenque.
Palenque
A une centaine de kilomètres de la côte, cachées dans la jungle de l’état de Chiapas, se trouvent les ruines de Palenque, découvertes au milieu de la végétation en 1949. L’archéologue Alberto Ruiz découvrit une crypte dans le sous-sol d’une pyramide maya, connue comme la Pyramide des Inscriptions, à ce jour la seule dans le continent américain pour avoir abrité avec certitude une tombe. Dans ce tombeau a été retrouvé le squelette d’un haut-personnage de l’époque maya, recouvert de bijoux de jade. Cette pyramide est haute de 21 mètres. Pour accéder à la crypte il faut tout d’abord monter au sommet et ensuite descendre à l’intérieur dans la moite chaleur tropicale. Comme toutes les villes mayas de la même époque, Palenque a été oubliée, envahie par la végétation, et redécouverte par hasard. Outre cet édifice, le plus connu, Palenque possède un « palais », ensemble architectural important recouvert de stèles sculptées. Les plus belles stèles de l’art maya se trouvent non pas à Palenque, mais à Copán, situé de nos jours au Honduras. Lorsque les finances le permettent, les recherches se poursuivent dans la forêt. Nul doute que des richesses archéologiques sont encore à découvrir.
Prochaine étape au Yucatan, différent du reste du Mexique de par la géographie (une grande avancée dans la Mer Caraïbe) et la géologie (plateau calcaire plutôt désertique). La capitale de l’état est Mérida, jolie cité coloniale où les gens semblent vivre sans se presser le moins du monde (sauf au volant). Une promenade en calèche est un bon moyen pour découvrir les rues de la ville, coupées à angle droit. C’est de Mérida que l’on peut se rendre le plus facilement à Uxmal, Chichén Itzá à l’intérieur de la péninsule et sur la côte à Tulum et Cancun.
Uxmal, Kabah
Uxmal et Kabah sont les villes des ciseleurs de pierres. L’architecture est caractérisée par une ornementation très riche de la partie supérieure des façades, la partie inférieure étant constituée de simples pierres polies. Les monuments les plus caractéristiques d’Uxmal sont connus sous les noms de Palais des Gouverneurs, Quadrilatère des Nonnes, Pyramide du Devin, ainsi donnés par les conquistadores espagnols. Ce palais bien que ruiné est effectivement immense, ce quadrilatère pouvait faire penser à un couvent. De la pyramide, disons simplement qu’elle est majestueuse. Et abrupte !
Chichén Itzá
Les villes, comme les femmes - dit-on – peuvent être séductrices. Et Chichén Itzá captive tous ceux qui la visitent. Le charme de cet ensemble de 300 hectares de superficie est un harmonieux mélange de styles maya et toltèque, ces derniers ayant achevé et embelli les œuvres des premiers. Les monuments les plus remarquables sont le Temple des Guerriers (appelé aussi des 1000 colonnes), la grande pyramide El Castillo, que l’on ne peut pas ne pas voir, trônant au centre du site, l’observatoire du Caracol (l’escargot), le jeu de pelote et le Cenote, puit des sacrifices.
Outre les nombreuses colonnes qui l’entourent, le temple des Guerriers possède un bel exemple de « Chacmol » pierre destinée aux sacrifices. Ce temple d’architecture maya-toltèque ressemble par son aspect général aux temples de Tula. El Castillo est une pyramide quasi parfaite dont chaque face comporte 91 marches. Quatre côtés de 91 marches plus une plateforme = 365, comme les jours d’une année. Autre particularité de l’édifice, il recouvre une pyramide plus petite, de forme identique. Un escalier intérieur permet d’accéder à une salle centrale dans laquelle a été découverte une statue de bois peint, représentant un jaguar rouge aux yeux de jade… Le Caracol, nom donné en raison de sa forme particulière faisant penser à une coquille d’escargot était sans doute un observatoire parfait. Il est sans contexte l’observatoire maya le plus photographié. Le jeu de pelote, avec ses deux frontons parallèles est le mieux conservé parmi ses semblables dans toute l’Amérique précolombienne. Le plus imposant aussi. Tous ces monuments sont décorés des fresques en haut-relief que le temps a malheureusement beaucoup abimé. Le Cenote, ou puit aux sacrifices, est le plus grand et le plus profond du Yucatan. Ces structures sont nées d’effondrements de couches calcaires. De nombreux objets en or ont été retirés, de même que des dizaines de squelettes de personnes sacrifiées…
Tulum
Tulum était un port maya. Ce fut la première cité que vit Cortez lorsqu’il aborda le Yucatan. Le site n’est pas très grand, comparé à Chichén Itzá. Vu sa situation en surplomb des eaux vertes et bleues de la Riviera Maya, il fait beaucoup d’effet aux touristes séjournant non loin à Cancun ou Isla Mujeres, endroits paradisiaques – parait-il, car je ne connais pas – pour vacanciers aisés.
Ce (trop) court voyage nous a permis de parcourir quelques-uns des nombreux lieux de visites archéologiques, de détente, du troisième pays d’Amérique du Nord, sans doute celui qui a le plus de problèmes : démographique, industriel, financier entre autres. Pays producteur de pétrole mais certaines richesses naturelles peuvent se déprécier rapidement. Ce voyage était surtout axé sur le Mexique précolombien et n’a fait qu’effleurer le Mexique colonial, dont l’aire géographique est située plus au nord-ouest de notre itinéraire.
Photo de couverture : Palenque, l'énigmatique stèle funéraire à l'intérieur de la Pyramide des Inscriptions