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Religion
Mamert, Pancrace et Servais, "les saints de glace"
Mamert, Pancrace et Servais, "les saints de glace"

| François-Xavier Esponde 435 mots

Mamert, Pancrace et Servais, "les saints de glace"

Trois saints redoutables et protecteurs à la fois selon le calendrier de la terre des paysans à l'heure de l'ensemencement du sol et pour les jardiniers de la dépose des plants de tomates et de légumes annuels.

Dans le panorama des saints on les appelle "les saints de glace" qui pour un homme de la terre préfigurent le gel redoutable des 11-12-13 mai, dates de leur anniversaire. A la fois évoqués et craints le temps des semis et le risque de grêle et de calamités sont aussi évoqués lors des rogations à la veille de l'Ascension.
Mamert, et Pancrace pour les enfants, Servais sont cités particulièrement dans le sud de la France.

D'autres saintetés agricoles apparaissent en d'autres régions, parmi les saints cavaliers, autre catégorie dévouée au culte 
Rabelais les appelaient "saints gresleurs, geleurs et gasteurs de bourgeons" ou saints casseurs de gobelets de vin chez les viticulteurs.

Les déclarer iconoclastes ou leur donner une histoire légendaire ne laisse le paysan satisfait de la réponse.
Chaque région ayant ses saintetés préférées, Georges, Marc, Europe, Philippe, Sainte Croix; Jean porte latine, sont évoquées, leurs statuaires qui ont bien souvent être retirés des églises et chapelle sont restées dans les mémoires des piétés agricoles. Puis encore Boniface, Yves et Sophie enrichissent le palmarès de ces bien aimés de circonstance.

Les scientifiques astronomes, météorologues leurs préfèrent le descriptif des cartes prospectives du temps qui vient, et le regard attaché aux phénomènes atmosphériques particulièrement en raison du réchauffement climatique observé par leurs travaux, mais l'âme du paysan surveille chaque matin ce gel diabolique qui peut détruire le raisin en germination, ou ces tomates et courgettes qui disparaissent à leur naissance.

Ne souriez pas, le paysan parsème de dictons plus d'une vingtaine, son sens inné de l'observation du sol et de la nuitée que des vapeurs atmosphériques peuvent détruire en quelques heures de lune rousse ou lors de la première lunaison du printemps.

Objets de dévotion, les statues de ces saints protecteurs pouvaient être blâmées par les gens du Moyen Age qui les punissaient de n'avoir pas obtenu les faveurs du ciel en les mettant dans un puits de sévère sanction, ou les retournant au sanctuaire en attendant des jours meilleurs pour les cultures.
Des réflexes païens, sans doute, des vengeances étranges, de la superstition et de l'aveuglement ?
Nombre d'entre eux furent évincés de l'hagiographie officielle de l'église, mais la mémoire populaire et les croyances attachées ne les ont écartés de l'histoire religieuse.

Tout à la fois des réflexes de survie qu'un homme des villes ne peut comprendre, mais qu'un homme des champs connait de sympathie et de tradition...

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