La prochaine conférence de l'Université du Temps Libre de Bayonne, aura lieu ce vendredi 15 décembre à 15h au Centre municipal de réunions, 10 rue Sainte-Ursule, à Saint-Esprit.
Avec de nombreux documents photographiques, Michel Forrier évoquera la vie mouvementée et le parcours extraordinaire de Louis Pasteur, ce véritable bienfaiteur de l’humanité par ses découvertes scientifiques, et ses liens avec le Pays Basque, en particulier le peintre Léon Bonnat qui réalisa son portrait avec sa petite fille Camille Vallery-Radot, le Dr Joseph Grancher, maire de Cambo en 1900, ainsi que les premiers "mordus", originaires de la région, qu’il sauva de la rage.
Mais Louis Pasteur était également un grand ami de mon arrière grand-oncle, Eugène de Roberty de La Cerda, et de la Russie dont l'empereur Alexandre III octroya un don de trois cent mille francs destiné à la fondation du nouvel Institut Pasteur, alors en cours de construction rue du Docteur-Roux dans le XVème arrondissement de Paris, où les bâtiments en question sont encore en service aujourd'hui.
Car, du fait de sa célébrité mondiale, la Russie avait envoyé au savant français une vingtaine d'habitants de Smolensk contaminés par la rage afin qu'il les traite.
La généreuse contribution du souverain russe dépassait de beaucoup la totalité des sommes recueillies par les autorités au cours d'une souscription nationale lancée dans toute la France. Il n'est donc pas exagéré de porter au crédit de la Russie de l'époque la construction d'une grande partie des installations de l'Institut Pasteur.
Par ailleurs, un médecin russe, le Dr Élie Metchnikoff, professeur de biologie à l'université d'Odessa, puis à Saint-Pétersbourg, avait rejoint l'Institut en 1887 après avoir fait part à Louis Pasteur de ses propres travaux sur la rage. En 1904, Élie Metchnikoff devenait directeur adjoint de l'Institut, et quatre ans plus tard, recevait le prix Nobel de physiologie ou médecine pour ses travaux sur l'immunisation et la découverte de la phagocytose (partagé avec l'Allemand Paul Ehrlich).
Le message de Pasteur au « grand banquet franco-russe » du 26 octobre 1893
Dans le cadre de la naissante Alliance franco-russe, un « grand banquet franco-russe » fut offert le 26 octobre 1893 à Paris aux savants, littérateurs, artistes et journalistes français par les représentants de la littérature et de la presse russe, événement auquel participèrent des représentants éminents de l’élite intellectuelle et artistique des deux pays, en particulier Emile Zola, le peintre bayonnais Léon Bonnat... et mon arrière-grand-oncle, Eugène de Roberty de La Cerda – il s’agissait du frère cadet de mon arrière grand-père paternel, le général d’artillerie dans l’armée russe Alexandre de La Cerda !
« Après les toasts portés au Président de la République française ainsi qu'à l'Empereur et à l'Impératrice de Russie, la parole est donnée à M. Eugène de R. de La Cerda : après avoir rendu un éloquent hommage à la science française, dont le président d'honneur du banquet, M. Pasteur, est aujourd'hui un des représentants partout admirés », mon arrière-grand-oncle lut à l'assistance la lettre suivante que lui avait adressée le grand savant :
« Monsieur,
Que d'excuses et de regrets j'ai à vous exprimer ! J'avais promis avec tant de joie d'être des vôtres, mais j'avais compté sans, la défense formelle des médecins. Ils m'imposent parfois de cruelles privations.
Je suis tout attristé du chagrin qu'ils me causent aujourd'hui par l'excès de sollicitude.
Dans cette réunion d'écrivains et de publicistes russes et français, j'aurais voulu entendre les idées que vous échangerez. J'aurais voulu applaudir aux paroles qui seront dites sur la part que l'on doit faire à M. de Vogué dans le rapprochement de deux grands peuples.
C'est encore aux écrivains russes et français qu'il appartiendra d'évoquer, à certaines heures, le souvenir de ces journées radieuses.
A travers l'enthousiasme des foules elles ont provoqué dans le cœur des jeunes gens une explosion de joie et de confiance, elles ont permis à des vieillards comme moi les longs espoirs dans l'avenir.
Quand vous retournerez en Russie, dites à vos compatriotes que la France vous a fait voir quelque chose qui est au-dessus de tous les spectacles, qui dépasse tous les discours : elle vous a montré son âme ».
Pasteur