Le concert de lancement de saison de l’Orchestre Régional autour du concerto, avec Julie Alcaraz et Olivier Chauzu, a véritablement déclenché l’enthousiasme d’un public où les plus jeunes générations étaient bien présentes, et qui remplissait en nombre le théâtre de Quintaou à Anglet.
Dans le 3e concerto de piano de Beethoven, le très fin doigté de Julie Alcaraz, d’une technique irréprochable et plein d’énergie tout en étant pourvu d’une indéniable poésie, a fait merveille sous la direction « endiablée » et passionnée de Benjamin Lévy. Une grande énergie, disais-je, qui ne contredisait aucunement une légèreté d’effleurement de la jeune pianiste - faisant réellement corps avec la mélodie - quand le largo (deuxième mouvement) le commandait, avec un très précis jeu des pieds sur les pédales. Une fraction de seconde « dissonante » d’un vent au début de l’œuvre ne remettait guère en cause le bel équilibre de l’ensemble de l’interprétation par l’Orchestre Régional de cette œuvre achevée sans doute verts 1803 après avoir « muri » pendant plusieurs années, et que Bééthoven avait dédiée au prince Louis-Ferdinand de Prusse dont il appréciait le talent de pianiste.
Olivier Chauzu joua ensuite avec son habituel talent le 2e concerto de Bartok, un des plus difficiles du répertoire avec son martèlement instrumental peu commun orchestré par les timbales, une musique dont l’irruption quasi fracassante a été dans l’ensemble bien maîtrisée par l’orchestre avec, bien sûr, la puissance « de feu » alliée à l’insondable intériorité de notre pianiste virtuose qui, hélas pour notre conservatoire, voguera bientôt sur de nouvelles « vagues musicales » vers celui de Toulouse…
Le savant contraste entre les deux talentueux solistes, le maître et son élève, s’avérait davantage perceptible lorsqu’ils ont interprété – piano contre piano, cachant en partie l’agile et mouvementée baguette de Benjamin Lévy dont l’éclat malicieux se faufilait parfois entre les deux instruments - le concerto pour deux pianos de Mozart.
A la puissance et à la gravité d’Olivier Chauzu - qui sait si bien établir une relation d’intimité avec l'œuvre d'art - répondait l’agilité des doigts de fée de Julie Alcaraz ; ses origines espagnoles et surtout l’influence d’Olivier Chauzu – lui-même bénéficiaire d’un Diapason découverte en 2007 pour son « Iberia » - font préparer à la jeune pianiste son propre enregistrement de l’œuvre d’Albéniz. Avec les vivats du public et le fort encouragement prodigué par les Amis de l’Orchestre Régional Bayonne Côte Basque sous la présidence de Dominique Réquena qui ont attribué à la jeune et jolie Julie leur première bourse destinée à récompenser des musiciens issus du Conservatoire Maurice Ravel et en les faisant se produire en soliste aux côtés de l’ORBCB.
Alexandre de La Cerda