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La nature
Les vertus cachées des plantes
Les vertus cachées des plantes

| François-Xavier Esponde 1973 mots

Les vertus cachées des plantes

1 - Les plantes magiques inconnues

Telle peut sembler être la croyance moderne "des vertus cachées des plantes", proposées par les parapharmacies ou les pharmacopées de praticiens originaux. 
Mais une telle histoire n'est pas de ce temps si l'on remonte le passé à la pratique des sorcelleries antiques. Le sorcier disposait faute de médecines avérées ce pouvoir de guérison ou de soin  sur les malades. Thaumaturge, disait-on, ou détenteur d'un pouvoir magique reçu de la nature.

Jules Michelet sera le premier des historiens du temps d'après la Révolution Française à traiter le sujet avec intérêt, en 1862, dans la Pensée sorcière.

Entre l'Ancien Régime et le plus présent, la sorcière demeure présente dans l'incompréhensible ou l'inconnu de toute vie sociale, particulièrement dans les classes dirigeantes élitaires du pays comme une ombre dans le paysage régnant et un obstacle à la gestion du pouvoir sans résistance. Incarnée par une femme, car curieusement les sorcières sont des femmes et peu d'hommes s'exerceront à cette fonction.

La réputation de ces femmes dès le XIIIème siècle est dépressive de leur statut

Possédées par des esprits malins, et des forces négatives  revendiquant des énergies de la nature, elles demeurent en conflit avec l'église et seront pourchassées.

Les lamiñak, satanzak en Pays Basque sont des figures symboliques du langage commun et de peu d'égard à leur endroit. Elles sont bannies ou marginalisées de la vie sociale. La littérature selon Mérimée et Victor Hugo les représentent comme "des êtres méchants, laides et menaçantes."

En somme des charlatanes de peu d'intérêt. 

Cependant ceux qui les incarnent révèlent leur antipathie des pouvoirs régnant de leur temps. Car le sorcier ou la figure qui l'identifie représente quelque contre pouvoir, figure tutélaire d'une émancipation par rejet dont certains mouvements tels WICCA aux Etats Unis s'inspirèrent "pour incarner la résistance féminine au pouvoir masculin" en ce nouveau monde en construction. Leur promoteur Gerald Gardner développe cette figure de la jeune femme ambivalente non pour la représenter mais se l'identifier en sa propre existence !

Une représentation différente de la sorcière en France diabolisée et perçue comme une menace sociale ambiante.

Jeteur de sorts, souvent pratiqué en territoire rural  et largement développée en TV et chaînes télévisuelles comme une représentation folklorique, mais telle n'était pas son origine ni sa symbolisation.

La chasse aux sorcières et nous savons d'expérience en Pays basque, ne fut pas une série de télévision mais bien "un rapport de force et d'hostilité à ces femmes considérées comme des menaces réelles et brulées vives ou déportées."

Une projection négative du conscient collectif loin des carnavals et imageries rapportées par des spectacles de rue, et qui supposent des vengeances ou des calamités verbales racontées de ces êtres bannis de toute dignité !

Mérimée ou Victor Hugo pointent "la marginalité sociale de ces sujets confondus avec des contre pouvoirs, cachées ou misérables et mises à l'écart de la vie commune."

Cependant leur influence demeurant certaine et redoutable, elles incarneront souvent des femmes âgées condamnables accusées d'abus de pouvoir, d'une mauvaise morale avérée, droguée de leurs breuvages, appartenant contrairement aux apparences aux élites des pouvoirs en cour, méjugées ou soumises aux diffamations.

On dira que la domination masculine sur ces êtres fut prégnante dans une société misogyne dont la réputation de la femme demeurait dominée par les forces du malin ?

L'église en avait elle une part de responsabilité par la lecture binaire de la création du fruit du Jardin d'Eden défendu et consommé par elle ? Nul ne prétendra qu'ainsi la chose traversa le temps sans quelque autre précaution de langage !

Michelet au XIXème siècle s'intéressa au sujet, au XXème siècle Le Roy Ladurie poursuivit son travail. Le christianisme abhorrait la magie, la superstition ou toute sorcellerie, mais de fait ne pouvait l'empêcher sinon la contenir quelque peu dans ses débordements.

Les jacqueries paysannes, les révoltes de la terre d'antan s'inscrivaient sous la houlette de quelque sorcière ou meneuse du réseau investie de résistance à la gouvernance effective de la vie commune. La pratique de messes noires ajoutaient à la provocation contre la religion catholique dominante son lot de fiel pour désigner ainsi le sujet de leur défiance. Satan inspirait le sorcier ou la sorcière en acte, comme Prince noir ou blanc des opprimés, et les littérateurs relataient ce récit qui peut sembler aujourd'hui inintelligible mais bien avéré pour l'époque.

Chez Baudelaire, "les Litanies de Satan" en portent le message dans les Fleurs du Mal. La Révolution de 1848 est passée par là. Satan ou Cain sont cités dans le récit comme les écrasés des luttes parisiennes par la répression du Second Empire. La sorcellerie après la Renaissance fut politique Elle s'incarnait dans des filtres, des amulettes, dans les rituels magiques de la vie antique traditionnelle Elles rapporteront une histoire différente avec l'exercice impérial de tout pouvoir effectif. Le sorcier ou la sorcière parfois ainsi désignés à la vindicte populaire seront bannis dans leurs missions. Suprême infamie pour un sujet de ce rang !

Chacun mesure le raccourci possible, Dieu ou le pouvoir du Roi, Satan ou celui du sorcier, et la pratique de répressions contre les sorciers, ces gens infames pouvait s'exercer impunément au prix du sang et des déportations.

Enquêtes et procès, bûchers et crimes abjects pour désobéissance royale mâtinée d'incartades  religieuses à la carte, donnèrent un visage de la vie sociale attristant de l'histoire autour de ce personnage bouc émissaire désigné de la sorcellerie !

"La sorcellerie débordant le champ de la vie religieuse et de l'insoumission spirituelle et identifié à la désobéissance impériale, était la pire des causes de démarcation possible de toute vie commune" !

Le Pays Basque y paya son tribut de lèse majesté.  Interdite selon la religion mais adoptée par ces rituels, la quête d'herbes sauvages cueillies dans des horizons insolites comme  les solanacées connues par les homéopathes d'aujourd'hui..

Michelet mentionne déjà ces plantes utilisées par les sorciers et leurs réseaux de fournitures.
Il y avait jusqu'au XIII ème siècle des femmes médecins apothicaires d'époque. Trotula de Salerne au XI ème siècle, Hildegarde de Frigen qui répertoria une pharmacie pour l'époque. Mais l'église ferma de facto l'accès à l'étude médicale aux femmes, et la faculté de se former dans cette discipline pour raison de sorcellerie.!

Le Moyen-Âge ancien le permettait, l'histoire prouva que le temps suivant fut moins amène pour les femmes jusqu'à l'apogée de cet état de sorcières porté au zénith de l'infame par cet épisode raconté par Michelet des sorcières en France accusées de tous les maux d'époque !

Nous sommes ici loin de "l'ihauteri, ikaztekia, sorginkeriak", mais proches cependant de cette part d'obscurité de l'espèce humaine dans les arcanes de ses croyances encore obscures !

2 - Le néo paganisme ambiant

Ces courants philosophiques venus d'Amérique portent une senteur écologique du XVIII ème siècle du paganisme ambiant. On cherchait à se démarquer des religions judéo et chrétiennes en adoptant une sagesse personnelle en marge de la croyance des fidèles officiels orientaux

Une mosaïque d'influences de la mythologie celte, slave, nordique, gauloise, anglo saxonne fut introduite sur une terre vierge d'un Eldorado de la pensée où rien n'y peut exister sans cette liberté créative des pionniers de la terre et de la pensée !

Ce mouvement désigné comme néo païen n'a les mêmes grâces en Europe mais fleurit abondamment en Amérique autour de Harold Gardner un artiste écrivain, un auteur connu comme "un sorcier inspiré de ces pensées pré chrétiennes et gréco latines" dont il cherche à connaitre l'origine et professer leur influence. A ce jour le Mouvement Wicca dont il fut le druide ou le catalyseur, est qualifié de secte en France et de religion officielle aux USA.

La nature, ses druides et ses magies, ses forces occultes et ses influences invincibles commandent l'appréhension des Wicca dans ces pays ciblés essentiellement d'influence anglo-saxonne et américaine.

"Le chamanisme des uns, la sorcellerie et la magie des autres, plus encore les rituels à mystères, le dialogue avec les morts, le culte rendu à Hécate déesse de la magie et de la terre,  peuvent sembler irrationnels pour d'aucuns mais légitimes pour Wicca et ses fidèles."

Provenant de pratiques de sorcellerie de l'ancienne Angleterre, particulièrement fertiles,  autour du saule arbre de vie des Wicca au cœur de la forêt, ce Mouvement incarne des rites spiritistes et des initiations politiques au sein de cercles convoqués et introduits pour ces usages. Le Livre des Ombres, ou la bible inspirée officielle des adeptes du mouvement Wicca instruit la connaissance et les conduites des adhésions. Le mouvement ne dispose de magistère, chacun se donne les règles de sa conduite wicca autour des treize équinoxes et solstices de la lune et des inductions solaires, sur une carte du monde religieux astral où les rites s'inscrivent et se perpétuent. On les désigne ainsi par le terme "Esbats" - comprenez manifestations souveraines de la création lunaire d'une divinité libre de toute autre expression, et incarnée par deux natures, mâle et femelle, de toute fécondité et de l'engendrement naturel des espèces et de l'homme !

Point de contrainte morale ou spirituelle, la liberté supérieure, point d'explication probable à la souffrance humaine et à la mort. Toute nature étant bonne la disqualifier serait un jugement porté par les hommes contre le néant inexistant, dont les judéo chrétiens par leur philosophie de la vie soient jugés exécrables et négatifs selon eux.

Cette religion néo-païenne prend des traits singuliers. Elle cherche chez les égyptiens de l'antiquité ou dans des écoles philosophiques asymétriques des informations pour sa qualification philosophique de néo paganisme. La sorcellerie servant de conduite et de règle accordée à toute forme de pratique individuelle des Wicca. le nombre des écoles instruites par des chamanes est multiple et s'ajoute aux existantes. Chacun disposant du pouvoir de s'en réclamer librement et de créer sa propre école.

"Tradition féérique, clanique, sorcellerie libératrice, la terre, l'arbre parlent à l'homme et l'inspire dans sa pensée et son histoire. La religion wicca met le praticien en symbiose avec l'environnement, seule porte de sortie ou d'espoir pour l'humanité de sa condition et de sa survie !"

Wicca est éclectique par nature. Point de modèle ou d'enseignement imposé. Une approche expérimentale en nature, librement et sans obligation quelconque. Sans normes et sans dogmes, Le religieux wicca version amérindienne étonne et s'inscrit dans cet univers de "néo yankee" à la recherche de ses terres et de son histoire expatriée d'Europe et peu ou prou enracinée outre atlantique.!

On devine que les écrits de Gardner en anglais et en français sont particulièrement suivis par les convents des deux rives atlantiques. Le Cercle E Renan chez nous et des écoles philosophiques anglo-saxonnes s'intéressent à cette vieille revendication identitaire d'un naturalisme singulier, voué au culte de Gaia, la mère terre, et en symphonie avec les astres, particulièrement la lune, inspiration du monde des Ombres envoûtant et si séduisant pour ces sujets de la nuit de l'histoire humaine. 

"Treize règles ou principes philosophiques guident la conduite wicca. On semble se rapprocher d'une version contemporaine de la nature, de l'écologie ou de l'environnement actuel.  La nature commande les conduites des hommes, l'homme de par son intelligence est responsable de ses actes, il doit assurer une présence majeure au bien de tous les siens, respecter la polarité homme/ femme, une harmonie naturelle libre cependant de quelque contrainte morale, légale ou personnelle, sans une hiérarchie quelconque qui en assure toute décision, dans des rituels magiques, de sorcellerie et de sagesse selon son inspiration, le paganisme, comprenez non judéo-chrétien, demeure son identité, se conformant à la plénitude d'une vie sans contrainte, en refus de toute religion révélée et dans l'adulation possible de Satan au cœur d'une nature seule apte à rendre Wicca libre et heureux !"

En France la MIV qui surveille les mouvements sectaires existants ne partage l'engouement américain pour le mouvement wicca mais certains courants environnementaux ou identitaires français embrassent quelques éléments de langage de cette "religion" officielle américaine avec sa particularité et sa liberté l

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