Il est des histoires savoureuses souvent méconnues et qui unissent le passé au présent au sein d’une même famille.
Le jeune officier de l’armée de l’air français envoyé par ses supérieurs aux USA, Bernard Dartaguiette, fut sollicité lors de son séjour américain sur l’histoire des d’Artaguiette d’Iron d’Aguerria de Louisiane dont il semblait peu connaître la provenance.
Il en portait cependant le nom qui le rattrapait à son insu en ce milieu de XXème siècle.
Curieux d’en savoir davantage, il put se rendre in situ en Louisiane où celui qui portait le même patronyme était un ancêtre reconnu dans cet Etat américain dont une ville porte son nom. Le jeune Bernard d’Artaguiette de l’armée de l’air française, élevé en 2016 au grade de général, en apprendra ainsi un peu plus « pour sa gouverne ».
1 - L’histoire avait débuté avec quatre frères d’Artaguiette de cette famille de Mendionde partis à l’aventure pour explorer la Louisiane alors française : Bernard d’Artaguiette, Martin, Pierre et Jean Baptiste.
Bernard fut officier lieutenant du roi, inspecteur général de la Louisiane française nommé par Philippe d’Orléans : un terrien de l’Ursuya - Baigura à Mendionde, devenu marin !
Sa mission l’attache au Fort de Condé en 1721, il est élevé par la suite à un grade supérieur en dans la ville de Mobile. Il mourut en Haïti sur l’ile de Saint Domingue, selon les annales de l’histoire de la marine... Il était le frère de Pierre d’Artaguiette d’Iron d’Aguerria.
2 - Pierre d’Artaguiette d’Ithouralde arriva en Amérique en suivant son frère ainé Jean-Baptiste Martin, et deux autres frères. Jean Baptiste, commissaire de la marine à Bayonne, fut distingué par Colbert. Il séjourna en Louisiane de 1708 à 1712, fit l’acquisition d’une propriété ou concession en Nouvelle Orléans, fut désigné comme directeur de la Compagnie des Indes et se maria à une riche héritière du Poitou au marquisat de La Mothe Saint Héraye, un lieu en Vendée qui se visite aujourd’hui et attire des curieux du passé et du patrimoine régional. Il guerroya encore contre les autochtones amérindiens natchez et chickhawas pour le compte des Français et reconstruisit le Fort de Rosalie, délabré à la suite de cette guerre. L’autorité de la Marine le nomma enfin en 1734 gouverneur des Illinois à Fort de Chartres. Mais il perdit la vie dans un combat pour le contrôle du fleuve Mississipi convoité par les Anglais et les populations locales armées par ces derniers. Un portrait du marquis d’Artaguiette se trouve au musée d’Agesci à Niort.
3 - Dernier nommé de la fratrie, Martin rejoignit ses autres frères en Louisiane à l’âge de 14 ans. Ce que l’on sait de sa vie ne semble pas comporter de faits d’armes reconnus à l’exemple de ses autres frères.
Ainsi donc s’écrit l’histoire d’une famille exilée sur les frégates de la marine, depuis le port d’attache bayonnais, une famille que rien ne prédisposait à « tenter » le Nouveau Monde, si ce n’est le goût des Basques - réputés marins – pour l’aventure, en ce temps-là sur le continent américain.
Les récits enfouis de ce passé ne ressurgissent qu’occasionnellement pour étancher la soif de curiosité des lecteurs.
Du côté de l’Asie, pour plus de 200 missionnaires des Mep - missions étrangères de Paris - originaires de la région basco-béarnaise, ou les congrégations religieuses en Afrique, richement dotées de vocations issues de notre région ; et aujourd’hui, plus proches de nous, les nouveaux entrepreneurs de l’économie moderne ou les originales vocations dans l’« humanitaire »… Qu’en saurons-nous, sinon ce qu’ils nous en rapporteront. Une mine de documents peu connus, ou peu exploités à ce jour !
François-Xavier Esponde
Le jeune officier de l’armée de l’air français envoyé par ses supérieurs aux USA, Bernard Dartaguiette, fut sollicité lors de son séjour américain sur l’histoire des d’Artaguiette d’Iron d’Aguerria de Louisiane dont il semblait peu connaître la provenance.
Il en portait cependant le nom qui le rattrapait à son insu en ce milieu de XXème siècle.
Curieux d’en savoir davantage, il put se rendre in situ en Louisiane où celui qui portait le même patronyme était un ancêtre reconnu dans cet Etat américain dont une ville porte son nom. Le jeune Bernard d’Artaguiette de l’armée de l’air française, élevé en 2016 au grade de général, en apprendra ainsi un peu plus « pour sa gouverne ».
1 - L’histoire avait débuté avec quatre frères d’Artaguiette de cette famille de Mendionde partis à l’aventure pour explorer la Louisiane alors française : Bernard d’Artaguiette, Martin, Pierre et Jean Baptiste.
Bernard fut officier lieutenant du roi, inspecteur général de la Louisiane française nommé par Philippe d’Orléans : un terrien de l’Ursuya - Baigura à Mendionde, devenu marin !
Sa mission l’attache au Fort de Condé en 1721, il est élevé par la suite à un grade supérieur en dans la ville de Mobile. Il mourut en Haïti sur l’ile de Saint Domingue, selon les annales de l’histoire de la marine... Il était le frère de Pierre d’Artaguiette d’Iron d’Aguerria.
2 - Pierre d’Artaguiette d’Ithouralde arriva en Amérique en suivant son frère ainé Jean-Baptiste Martin, et deux autres frères. Jean Baptiste, commissaire de la marine à Bayonne, fut distingué par Colbert. Il séjourna en Louisiane de 1708 à 1712, fit l’acquisition d’une propriété ou concession en Nouvelle Orléans, fut désigné comme directeur de la Compagnie des Indes et se maria à une riche héritière du Poitou au marquisat de La Mothe Saint Héraye, un lieu en Vendée qui se visite aujourd’hui et attire des curieux du passé et du patrimoine régional. Il guerroya encore contre les autochtones amérindiens natchez et chickhawas pour le compte des Français et reconstruisit le Fort de Rosalie, délabré à la suite de cette guerre. L’autorité de la Marine le nomma enfin en 1734 gouverneur des Illinois à Fort de Chartres. Mais il perdit la vie dans un combat pour le contrôle du fleuve Mississipi convoité par les Anglais et les populations locales armées par ces derniers. Un portrait du marquis d’Artaguiette se trouve au musée d’Agesci à Niort.
3 - Dernier nommé de la fratrie, Martin rejoignit ses autres frères en Louisiane à l’âge de 14 ans. Ce que l’on sait de sa vie ne semble pas comporter de faits d’armes reconnus à l’exemple de ses autres frères.
Ainsi donc s’écrit l’histoire d’une famille exilée sur les frégates de la marine, depuis le port d’attache bayonnais, une famille que rien ne prédisposait à « tenter » le Nouveau Monde, si ce n’est le goût des Basques - réputés marins – pour l’aventure, en ce temps-là sur le continent américain.
Les récits enfouis de ce passé ne ressurgissent qu’occasionnellement pour étancher la soif de curiosité des lecteurs.
Du côté de l’Asie, pour plus de 200 missionnaires des Mep - missions étrangères de Paris - originaires de la région basco-béarnaise, ou les congrégations religieuses en Afrique, richement dotées de vocations issues de notre région ; et aujourd’hui, plus proches de nous, les nouveaux entrepreneurs de l’économie moderne ou les originales vocations dans l’« humanitaire »… Qu’en saurons-nous, sinon ce qu’ils nous en rapporteront. Une mine de documents peu connus, ou peu exploités à ce jour !
François-Xavier Esponde
NDLR : nous proposons en guise d’illustration ce portrait de Jean-Baptiste-Martin Dartaguiette d'Iron dit le Marquis d'Artaguiette, seigneur de La Mothe-Sainte-Héraye, par Alexis Grimou, portraitiste à la Cour de Louis XV. Directeur de la Compagnie des Indes Occidentales, il vécut plusieurs années en Louisiane, mandaté par le Roi pour des missions officielles sur ce territoire. Ce tableau du Marquis d’Artaguiette en buveur est exposé au musée d’Agesci à Niort et provient du château de La Mothe Saint-Héray. Jean-Baptiste-Martin Dartaguiette est représenté assis devant une table, soulevant de la main droite un flacon de vin fin, sur lequel il jette un regard mêlé de sensualité. Sa main gauche est posée sur la table et maintient un verre à pied. Devant lui sur cette même table sont disposés une miche de pain et un morceau de viande dans une assiette.
D'après la description du journaliste et critique d’art niortais Henri Clouzot : « le Marquis d'Artaguiette est représenté à table, soulevant de la main droite un flacon de vin qu'il contemple amoureusement. Les yeux qui ont ce rayon humide des Chardin, un tout petit éclair blanc dans le coin, pétillent d'aise, les ailes du nez papillotent ; la bouche s'entrouvre voluptueusement. On lit sur cette figure réjouie le plaisir que lui cause ce bon vieux vin de Saintonge. Oh! La fine bouteille, et comme elle illumine le tableau. La lumière s'y charge de rubis avant de venir éclairer les joues émérillonnées du buveur, les yeux ne la quittent pas, le nez respire son parfum, l'oreille qu'on devine sous la perruque frisée n'en perd pas un glou-glou. Comme ce vrai gourmet sait bien jouir de tous ces petits plaisirs préliminaires, comme il retarde savamment son bonheur pour le rendre plus complet ! Il n'est pas jusqu'aux mains qui ne participent au mouvement général. Très soignées toutes deux, celle qui tient le flacon a seule de la vie, l'autre retombe négligemment sur la table ».
D'après la description du journaliste et critique d’art niortais Henri Clouzot : « le Marquis d'Artaguiette est représenté à table, soulevant de la main droite un flacon de vin qu'il contemple amoureusement. Les yeux qui ont ce rayon humide des Chardin, un tout petit éclair blanc dans le coin, pétillent d'aise, les ailes du nez papillotent ; la bouche s'entrouvre voluptueusement. On lit sur cette figure réjouie le plaisir que lui cause ce bon vieux vin de Saintonge. Oh! La fine bouteille, et comme elle illumine le tableau. La lumière s'y charge de rubis avant de venir éclairer les joues émérillonnées du buveur, les yeux ne la quittent pas, le nez respire son parfum, l'oreille qu'on devine sous la perruque frisée n'en perd pas un glou-glou. Comme ce vrai gourmet sait bien jouir de tous ces petits plaisirs préliminaires, comme il retarde savamment son bonheur pour le rendre plus complet ! Il n'est pas jusqu'aux mains qui ne participent au mouvement général. Très soignées toutes deux, celle qui tient le flacon a seule de la vie, l'autre retombe négligemment sur la table ».