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Danse
Les cahiers de Nijinski : une vie sur un fil
Les cahiers de Nijinski : une vie sur un fil
© François Rousseau

| Anne de Miller La Cerda 749 mots

Les cahiers de Nijinski : une vie sur un fil

Jeudi 23 février à 20h30, "les Cahiers de Nijinski" au Théâtre du Casino Municipal de Biarritz.
Avant de s'éclipser à jamais dans les ténèbres de la folie à l'âge de trente ans à peine, Nijinski, telle une étoile filante, a écrit durant l'hiver 1918-1919 une série bouleversante de cahiers. 
En hommage à ce grand danseur, dans un décor minimaliste noir et blanc mis en scène par l'ancienne directrice de l'Opéra de Paris Brigitte Lefèvre aidée de Dominique San Petro, Clément Hervieu-Léger - de la Comédie-Française - a eu l'idée de réincarner les écrits de cette étoile magique avec Jean-Christophe Guerri, ancien danseur de l’Opéra de Paris.
 
Une étoile féline
Décrivant des courbes paraboliques, Nijinski volait littéralement avant de disparaître de  la scène. Ses entrechats et ses sauts échappaient à la description.
Frère de la danseuse Bronislava Nijinska, Vaslav Nijinski  né en 1889 dans la région de Kiev (Empire Russe), au sein d’une famille de danseurs d'origine polonaise, avait reçu à la base une excellente formation classique à l'Ecole impériale de Saint-Pétersbourg sous la direction de Michail Obuchow, Sergeï Legat...
En 1909, remarqué pour sa grâce et son côté félin, le directeur des Ballets russes Serge de Diaguilev - orienté vers des chorégraphies d'avant-garde - engagea le danseur étoile. Des costumes très travaillés et les décors de grande qualité, dessinés par Cocteau, Bakst, Benois ou Picasso, reflétaient alors l'orientalisme très en vogue à Paris comme à Londres.
Parmi leurs plus célèbres ballets, Schéhérazade , le Spectre de la rose  et Petrouchka  furent interprétés par Nijinski et chorégraphiés par Michel Fokine. En 1912, l'Après-midi d'un Faune, d'après le prélude du même nom composé par Claude Debussy, fut entièrement créé et dansé par Nijinski, marquant un tournant dans sa carrière comme chorégraphe.
 
Le Chorégraphe
C'est ainsi qu'au théâtre du Châtelet en mai 1912, Nijinski fit naître soudainement l'érotisme suggéré des mots du poème de Mallarmé, et le ballet de déclencher un scandale. Une contestation qui fit bouillir de colère Auguste Rodin qui s'exclama à son sujet dans « Le Matin » : « Aucun rôle n’a montré Nijinski aussi extraordinaire que sa dernière création de l'Après-midi d’un faune. Plus de bons, rien que des attitudes et des gestes d’une animalité à demi-consciente… Il a la beauté de la fresque et de la statuaire antiques… Rien n’est plus saisissant que son élan, lorsqu’au dénouement, il s’étend la face contre terre, sur le voile dérobé qu’il baise et qu’il étreint avec la ferveur d’une volupté passionnée ».
L'année suivante, en 1913, le danseur chorégraphia « Le Sacre du Printemps », une œuvre qui inspira les plus grands chorégraphes. Puis s'enchaînèrent d'autres représentations : en 1916, à New York, il créa le ballet de Richard Strauss Till l'Espiègle.

La schizophrénie
Après la guerre de 14, atteint progressivement de schizophrénie et de mégalomanie, il s'installa avec son épouse hongroise Romola de Pulszky et ses deux filles, Kyra et Tamara (par la suite, créatrice de la Fondation Nijinski) en Suisse pour soigner sa maladie. En 1919, dans le cadre huppé de la station St. Moritz, pendant son dernier spectacle intitulé la guerre, il sombra dans la folie devant un public saisi d'effroi. Il exprima alors cette phrase énigmatique à son épouse : C'est le jour de mon mariage avec Dieu ! " Puis, interné durant trente ans, de clinique en clinique psychiatrique, il subit les pires traitements. En 1950, il s'éteignit à Londres d'une insuffisance rénale.
Sur la page de ses Cahiers réinterprétés à partir de leur rédaction originelle, Nijinski a chorégraphié son nom à jamais. Cependant, trente ans de vie intense et de liberté pour trente ans de folie incarcérée dans une mort latente rappellent la citation shakespearienne : « Etre ou ne pas être, telle est la question ».

Jeudi 23 février à 20h30, au Théâtre du Casino Municipal de Biarritz, organisée avec Biarritz Culture, le Malandain Ballet Biarritz propose de découvrir « Les Cahiers de Nijinski », pièce mise en scène par Brigitte Lefèvre et Daniel San Pedro dans une production du Théâtre de l'Ouest Parisien (Réservations : Tél : +33 5 59 22 44 66. Tarifs : Tarif plein: 35 €. Réduit (1) : 28 €. Découverte (2) : 10 €. Amis du Ballet Biarritz : 20 €. Synergie CE : 22 €.
(1) Carte Biarritz Tourisme, carte d’adhérent Les Amis du Théâtre, Les Amis du Musée de Guéthary, Les Amis d’Arnaga, Scène Nationale de Bayonne, Tournées Charles Barret / Entractes organisation, Association All Art, Les Amis de l’ORBCB (Orchestre Bayonne), carte Topopass, groupe de 10 personnes.
Anne de Miller La Cerda
 
Nijinski dans "l'Après-midi d'un Faune" 1912
Nijinski dans "l'Après-midi d'un Faune" 1912 © DR
Nijinski dans "l'Après-midi d'un Faune" 1912

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