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Patrimoine
L'enseignement immersif en euskara : les positions sclérosées du  système français
L'enseignement immersif en euskara : les positions sclérosées du  système français
© Kepa Etchandy Ibaifoto

| Yves Ugalde 478 mots

L'enseignement immersif en euskara : les positions sclérosées du système français

Paxkal Indo a profité de l'édition 2019 de Herri Urrats qui se déroulait dimanche dernier sur les bords du lac de Saint-Pée, pour annoncer officiellement son retrait de la présidence de Seaska, qu'il occupait avec un charisme certain depuis 2008.
Seaska, cette association qui, voila 50 ans, a mis les pieds dans un plat qui ne lui était pas tendu. Un plat que les différents ministres de l'Education Nationale ont toujours préféré préparer depuis Paris sans trop se soucier de l'existence des langues dites régionales qu'ils trouvaient bien trop pimentées à leur goût.
Sous cette présidence débonnaire, mais sans concession aucune, sauf celles qui, on l'a vite compris après, furent stratégiquement consenties, Seaska a posé les bases d'un enseignement en langue basque, secondaire plus récemment, pérenne. Crédible aussi, car à chaque fois que Paxkal poussait la porte d'un décideur, c'est avec un dossier solide et souvent une capacité d'autofinancement à la clé.

Le discours de Paxkal, en ce dimanche, aurait donc pu être empreint d'une forme de sérénité et de confiance dans l'avenir, sur ce terrain encore très mouvant de l'enseignement en langue basque. Mais c'était sans compter avec les propos pour le moins légers de « la » ministre Jacqueline Gourault qui s'est fendue d'une phrase sur l'impossibilité constitutionnelle de l'enseignement immersif en euskera dans l'enseignement public, au raisonnement juridique, de surcroît, très discutable...
Le type même de coup d'aiguillon un peu vain qui a eu le don de faire bouillir le sang de militant d'un Indo prêt à laisser sa présidence dans une zénitude qu'à titre personnel je ne lui avais jamais connue.
Et le voilà hier midi, remonté comme une belle pendule cuivrée de nos etxeas, et capable tout d'un coup de sonner plus de coups que le cadran ne marque d'heures. Madame la ministre a fait fort incontestablement. Mais pourquoi donc souffler ainsi sur des braises encore chaudes ? En quoi le système français, auquel je ne peux pas être suspecté de ne pas être fidèle par ailleurs, se grandit-il en exprimant des positions aussi sclérosées sur un sujet pareil ?
Et dire que j'ai voté avec un brin d'espérance pour un président qui nous avait justement annoncé une politique plus décentralisée et reconnaissante des territoires ! Moi qui suis d'un naturel poli, il me vient parfois des envies de lui tirer la langue...
Et voilà un Paxkal Indo plus jeune que jamais, ragaillardi comme pas possible, et parlant de lutte à relancer et de lendemains de mobilisation avec des dates de manifestations un peu partout en Pays Basque.
Madame le ministre pour laquelle, par ailleurs, j'ai beaucoup de sympathie depuis que je l'ai approchée en feria, l'été dernier à Bayonne, peut se vanter d'avoir donné à un homme disposé à tendre calmement son relais, après un devoir largement accompli, l'envie de s'en servir une dernière fois de bâton. Et pas forcément de maréchal…
Yves Ugalde

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