Le soleil règne et gouverne le cosmos. Chaque été, les humains sur la terre entière empruntent le chemin de l'exil pour le rejoindre pendant les vacances, en bord de mer, à la campagne, en montagne et parmi les sites les plus atypiques du monde comme le désert ou les forêts les plus imprévisibles.
Sol invictus des croyants et des athées, invaincu et invincible diront les adeptes des croyances solaires plus anciennes encore que les représentations croyantes qui s'en inspirent pour le représenter dans l'imaginaire.
Dieu soleil Hélios, Jupiter, et toute la pléiade de divinités qui l'incarnent empruntent le même schéma imaginaire propre aux humains pour le révérer, l'adorer parfois ou le craindre
Jusqu'à trois siècles de notre ère contemporaine et l'avènement de l'astronomie scientifique astro-physique, le soleil incarna la croyance d'un culte universel à toutes les civilisations du monde civilisé.
Primus in orbe, deus fecit temor, premier dans le firmament dieu se fait terreur !
Crainte et tremblement de nos ancêtres à l'origine devant la supériorité unique d'un tel phénomène cosmologique face auquel il fallait vouloir se protéger !
Les figures de Prométhée et de Jupiter incarneront les tentatives inachevées des humains pour se dégager de cette chape de pouvoir et se libérer au fil du temps de la croyance oppressive du soleil sur la liberté humaine.
L'intelligence, la sensibilité développeront l'autonomie humaine dans ces songes de la nuit où se fonde la capacité de l'intellect à rêver d'un autre état ou d'une autre appartenance au cosmos moins intrusive et moins obsédante
Les images anthropomorphiques de ces dieux assimilés à des formes humaines enrichiront le panthéon des divinités et des royautés identifiées à ces forces surnaturelles dont la civilisation attique sera l'apogée culturelle la plus assise de l'intelligence des hommes face à la nature.
Au demeurant la différence essentielle entre les civilisations asiatiques les plus primitives et grecques les plus proches de la nôtre désigneront la démarcation entre le naturalisme oriental et le spiritualisme occidental qui les distinguent.
Les représentations dans l'art des figures de Jupiter, Junon, Apollon et bien des leurs annonceront la force imaginative des hommes à s'identifier par des figures esthétiques de cette emprise possédante libérée de la nature sur l'esprit humain.
Si l'eau, la terre, l'air et le feu furent les bases élémentaires de la connaissance positive des éléments de l'univers, leur connexion interne et leur influence sur la création originelle instruiront le goût de la recherche de leur interaction sur le monde.
Le feu y concentrait la lumière, la chaleur, la foudre. Le soleil y apportait cette énergie vitale et première sans laquelle aucune vie ne semblerait possible
La présence du feu sur la terre était réelle à travers les saisons, la croissance et le déficit de chaleur de la végétation. les anciens en observaient bien des effets mais par défaut de les comprendre, renouaient incessamment avec les dieux sans lesquels rien ne pouvait se concevoir ni exister.
Cicéron avait cette formule : natura deorum ou la chaleur qui unit les créatures humaine, animale, végétale.
Julien Macrobe, comme bien des gouverneurs latins à leur époque, empruntaient aux prophéties de leurs conseils les philosophies empruntées à l'antiquité.
Ce va-et-vient d'énergie entre le ciel et la terre les interrogeaient sans cesse sur ce gaz ou éther dans leur cas qui les fascinaient et les dérangeaient.
Pour un stoïcien la vie demeurait comme une énergie en transformation continue.
Pour les platoniciens la question matérielle par nature était une question sans réponse ou de rationalité inexpliquée.
Dans ce panthéon géant de croyances et de divinités venues du monde de l'Empire, d'Orient, de Grèce ou de Gaule, une riche littérature symbolique enrichissait l'imaginaire des anciens au regard des questionnements qui les éveillaient à la vie intellectuelle comme des quêteurs de sens inassouvi
Pour Héraclite la vie du monde était celle d'un feu continu.
Chaque école philosophique, stoïcienne, épicurienne, sceptique, ayant sa propre réponse, on dissertait donc savamment pour chercher raison ou déraison aux arguments ou arguties en présence sur l'origine du monde.
Si Jupiter incarnait la dimension invincible de la nature, la présence de divinités secondes ou périphériques à sa souveraineté comptait avec sa divine majesté pour réunir les croyances du monde de l'empire en son entier
Il n'était donc pas inhabituel qu'à Rome réceptacle et conservatoire vivant de toutes ces religions panthéistes du monde connu par les Latins, on frayait avec des voisinages insolites de temples à ces dieux inconnus mais présents dans la cité éternelle.
Jupiter des uns, Apollon des autres, Bacchus ou Vénus encore donnaient lieu aux réjouissances dans la ville jamais privée de ces fêtes bruyantes et fortement alcoolisées, dans des processions hautes en couleur, de costumes, de coiffes et de vêtures aux allures symboliques.
Mitres, lauriers, thyrses à la main, les nobles gens arboraient leurs uniformes sans quelque fausse honte, parfois dans un aréopage de compagnies passablement indécentes, dans lesquelles le culte solaire demeurait omniprésent.
Les fêtes à Bacchus selon les sources épistolaires et archéologiques sont explicitement démonstratives de ce qui pouvait se faire dans la cité des rois et des dieux de l'Empire !
Les costumes d'apparat, les déguisements les têtes d'animaux tels l'aigle, le vautour, le griffon ou l'épervier venaient à coiffer ces figurants à la représentation chez les basques de carnaval de février mars de facture convenue..
On prétend que les Gaulois nos ancêtres n'étaient pas privés de telles figurations par le culte emprunté à Isis bien présent sur le sol national.
Le soleil et la lune, seconde version des cultes rendus au firmament, célébrant les équinoxes et les solstices de la fin et de l'année par des cultes appropriés aux origines culturelles de la Gaule.
C'est dans ce monde totalement panthéiste et polythéiste que survécut le monothéisme judéo-chrétien, incessamment combattu par les adeptes de ces croyances hostiles.
C'est ainsi que dans cet univers, les premiers chrétiens désignèrent le Christ comme "le nouveau soleil invaincu et invincible".
C'est en effet dans cet univers imprégné de forts antagonismes que la naissance du soleil en décembre, son avènement et son apothéose se célébreront dans la vie et la foi chrétienne, au milieu de pratiques syncrétistes de baptisés toujours fidèles à leurs croyances premières et convertis au nouveau Messie, Yeshua.
Certains écrits comme ceux attribués à l'Archevêque de Milan ou à Augustin d'Hippone prouvent la permanence observée par ces nouveaux convertis toujours prompts à suivre leurs traditions anciennes et sollicitées par les nouvelles !
Augustin parlera de Jésus comme l'incarnation du Soleil de Justice, comprenez que l'empreinte animiste de ses origines n'a totalement disparu de son esprit.
Pour les chrétiens des IIIème et IVème siècles, le soleil était incarné par le Christ ! Jusqu'au VIIème siècle diront les chroniqueurs du temps originel de l'Eglise...
La royauté des monarques, la souveraineté des chefs religieux emprunteront ce modèle dominant comme les empereurs reconnus comme les parèdres du soleil, et les pontifes religieux comme des soleils en gloire !
Bien éloignés des représentations franciscaines de frère soleil, soli invicti comiti, au soleil invaincu qui m'accompagne !
Chacun y trouvera sa propre désignation de ce soleil omniscient, omniprésent de l'imaginaire de l'humanité depuis ses origines.