Les libraires font état d’un retour discret mais confirmé du roman spirituel et religieux à l’heure de la rentrée.
On pensait que Dieu était mort, on avait fait la croix dessus, mais depuis quelques deux ans, des frémissements spirituels nouveaux engendrent des romans et des témoignages que l’on n’attendait plus sur les rayons des librairies nationales.
Lors d’une conférence donnée à Cambo il y a deux ans, Jean Louis Schlegel, sociologue des religions, ancien directeur des éditions du Seuil et toujours à la rédaction de la revue « Esprit » avait rappelé ses débuts universitaires parisiens et les travaux menés sur les religions dans le paysage spirituel de la tradition française.
On le prenait pour un être singulier, original en tous cas, ce qui confirma sa perception et la profondeur de ses études dans un environnement culturel qui, jusque-là connaissait la primauté des sciences humaines et de la psychologie.
- Parmi ces livres inattendus de la rentrée, celui de Xavier Patier écrivain auteur du roman Heureux les Serviteurs au Cerf en 2017.
« Les français ont abandonné les vieilles lunes de l’anticléricalisme démodé de l’époque passée, pour revenir à ce qu’ils sont. De manière prévisible Dieu revient dans le roman comme il reviendra bientôt dans la vie », souligne Xavier Patier.
Stendhal, auteur bien français, parlait de « l’Eternel comme un miroir que l’on promène le long du chemin ». Vient le goût d’une transcendance abandonnée et de repères pour la vie.
Bernanos et Mauriac sont encore « relégués », mais demeure la quête du héros religieux contemporain du XXIème siècle et qui reviendra en son temps.
Le trio Mauriac, Sartre, Camus a distillé le goût de l’analyse des sentiments humains face à la transcendance, le moi majeur, autoproclamé, narcissiquement glorifié au fil des décennies littéraires ; il semble inspirer a contrario le retour d’un héros religieux engagé, payant de sa personne et de sa vie, et qui pose question à ses contemporains.
La concomitance de l’image reine - « selfie » auto narcissiquement gratifiant - n’éloigne cependant pas le regard vers ces êtres différents qui inspirent le texte de l’écriture.
- Jean Mercier avait écrit Monsieur le Curé fait sa crise - Quasar 2016, sur la vie d’un prêtre aussi particulière qu’inattendue dans un environnement contemporain où le témoignage du célibat dérange et interroge.
- Michal Dor, Jean Christophe Thibaut de son nom, prêtre a écrit La mandragore du boucher – Salvator en 2017, en attendant un second roman du même auteur en octobre, Le triton noir.
La figure de Bakkita, religieuse soudanaise, ancienne esclave canonisée en 2000 par Jean Paul II, est un best-seller de la rentrée écrit par Véronique Olmi, Bakhita chez Albin Michel
Les lecteurs savourent ce récit inédit d’une vie, dans un témoignage inattendu.
- Autre livre témoignage, Comme l’éclair part de l’orient – Salvator en 2017, Alexandre Siniakov dit sa fascination de russe venu des steppes profondes d’un grand pays, pour des auteurs de la pensée française et russe, Alexandre Dumas, Victor Hugo, Dostoïeyski qui ont inspiré ses écrits ..
A travers ces témoignages, le temps est venu désormais du combat spirituel mené par des témoins courageux, ceux que l’on n’attendait pas !
Dans les tourments des mensonges, des faiblesses et des fautes, le héros de ces livres est humain, - très humain - et ressemble à celui qui emprunte son roman pour le partager.
« Sans péché, il n’y a de roman, sans faute, il n’y a de pardon, ni désir de se valoriser, ni aventure, ni récit »…
Le narcissique ne donne que le sentiment d’avoir pu être sans pouvoir devenir davantage.
- On ne peut oublier au cours de ce début du XXIème siècle l’attrait pour le Da Vinci Code de Dan Brown fasciné par des visages évangéliques et féminins objets de transferts de sentiments délirants et qui attirent l’intérêt des lecteurs.
Des jouissances de transgressions littéraires faisant du récit originel un objet de dévoiement et d’interprétation qui n’ont rien à envier aux textes apocryphes plus anciens.
Le roman religieux représente le mystère situé entre le ciel et la terre.
- Le roman d’Adrian Pierre en est un exemple, Des âmes simples – Equateurs 2016.
Le Pape François traverse le paysage littéraire de son temps et inspire désormais de jeunes auteurs.
L’écrivain Joseph Malègue a ses sympathies, comme la figure d’un Proust catholique doué d’une perception spirituelle authentique de notre époque. Son ouvrage Augustin ou le Maître est là paru en 1933, fascine toujours ses lecteurs.
Francois Mauriac demeure le maître inspiré des chrétiens, Péguy, Bloy et Bernanos parlent au cœur et aux intelligences, les éditeurs espèrent toujours l’auteur providentiel qui viendra un jour - comme un Houellebecq - de la transcendance fleurir le paysage spirituel du temps présent...
Le sang, le sacrifice des innocents, la mort sur le front de la justice et de la paix, inspirent les auteurs.
Sans ce geste absolu et supérieur de la vie donnée sans retour, les héros s’épuisent dans les tourments introspectifs de leurs sentiments.
Le génie de l’écriture vient un jour accomplir ce témoignage inscrit dans un présent, le nôtre !
Par un retour inespéré, le roman d’inspiration spirituelle et religieuse y refait surface !