Le pianiste, compositeur, chercheur et professeur de Musikene Josu Okiñena est entré hier à la Real Sociedad Bascongada de los Amigos del Pais au cours d’une cérémonie qui s'est déroulée au siège de l'Orfeón Donostiarra à Saint-Sébastien/Donosti avec le discours inaugural du président de la Société, Luis Elicegui.
Pour sa part, Josu Okiñena a évoqué son travail d'« archéologue musical » consacré à la récupération du patrimoine musical du Gipuzkoa comme processus artistique et scientifique en détaillant « le clavecin basque de Tomás Garbizu (1901-1989) ».
Cette session a également fourni l’occasion de rappeler les mérites de Josu Okiñena, pianiste et chercheur récompensé par l'Université du Pays Basque pour son travail sur le compositeur Aita Donostia, et qui continue ses recherches sur de nouveaux projets musicaux, soutenu par les maisons de disques Warner et Sony Musique.
Avec ses albums comme Xuxurlak, Aradak et le récent Xarmak, « Josu Okiñena mène un projet de recherches sur le patrimoine musical basque basé sur des manuscrits originaux récupérés ces dernières années et promu par Okiñena lui-même lors dtournées internationale ».
De plus, le musicien est le directeur artistique du cycle Batura, un programme qui vise à diffuser les compositeurs classiques basques à travers un circuit de concerts. Parmi ses ouvrages, citons le livre Histoire de la musique basque, publié par l'Université de Reno au Nevada (USA).
Pays Basque, carrefour scientifique de l’Europe des Lumières
A ce propos, comment ne pas évoquer l’illustre personnalité du fondateur en 1763 de la célèbre Real Sociedad Bascongada de los Amigos del Pais, société savante unique en son genre qui s’était fixé comme but de « cultiver le goût et l'inclination de la Nation Basque pour les sciences, Belles Lettres et Arts, corriger et affiner ses mœurs, exiler l'oisiveté, l’ignorance et leurs funestes conséquences et resserrer davantage l'union des trois provinces basques d'Alava, Biscaïe et Guipuzcoa ».
Il s’agit de Francisco Xavier Maria de Muñibe, huitième comte de Peñaflorida, esprit curieux et philanthrope dans le style des Lumières qui était resté en correspondance avec ses anciens professeurs de l'Académie des Sciences toulousaine et membre correspondant de celle de Bordeaux ; il n’avait guère dédaigné de composer quelques zortzikos, des cantiques religieux et même un opéra bilingue, en basque et en castillan !
Après quelques années de fonctionnement, la société avait créé des écoles à Marquina, Vitoria, Bilbao et surtout à Vergara où son « Séminaire Patriotique Basque » devint l'un des pôles du développement scientifique de l'Europe des Lumières en attirant les meilleurs savants, entre autres l'Angevin Proust (un des fondateurs de l’analyse chimique), le Périgourdin Chavaneau (spécialiste du platine) et le Suédois Tunborg. C’est également là, dans le laboratoire installé par Proust, qu’au printemps de 1783, les deux frères Elhuyar, originaires d'Hasparren, travaillèrent sur des échantillons de wolframite pour obtenir un nouveau métal, le tungstène, dont l'« acte de naissance » paraîtra en 1784 dans les publications de Sociedad Bascongada et de l'Académie des Sciences de Toulouse.