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Le Pays Basque était "la région de cœur" de Jean-Pierre Pernaut
Le Pays Basque était "la région de cœur" de Jean-Pierre Pernaut

| Yves Ugalde et ALC 983 mots

Le Pays Basque était "la région de cœur" de Jean-Pierre Pernaut

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Jean-Pierre Pernaut avec ses copains luziens ©
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Lorsque je l'avais interviewé pour l'hebdo régional en février 2016, Jean-Pierre Pernaut m'avait lancé : « Je suis très attaché au Pays Basque, ainsi que mon épouse », en insistant : « c’est ma région de cœur, j’ai même été parrain des Fêtes de Bayonne il y a bien des années ; j’y vais fréquemment pour passer des vacances, à Saint-Jean-de-Luz, et jouer au golf, j’ai plein de copains au Pays Basque ». Et son golf préféré ? - « Chantaco, la Nivelle, où je compte revenir en avril, comme chaque année, pour le tournoi de l'Open luzien » !
Présentateur emblématique du journal télévisé de13 heures sur TF1, Jean-Pierre Pernaut réunissait quotidiennement près de six millions de téléspectateurs, audience plus de deux fois supérieure à celle de FR2, avec une attention particulière centrée sur les régions, et pour objectif visé non pas « l’institutionnel » mais bien les habitants des petites villes et des villages. Soit le pays réel, avec ses racines, ses métiers, ses paysages, grâce à un réseau de correspondants sur place, souvent en partenariat avec les grands titres de la presse quotidienne régionale. Ce qui lui avait valu des critiques de quelques confrères envieux, sans qu’il se fût jamais laissé démonter : « Il y en a de moins en moins », m’avait-il affirmé, « car maintenant, beaucoup m’imitent. C’est vrai que je marque de l’attachement aux régions, et un profond respect pour tout ce qui s’y produit »… Jean-Pierre Pernaut était alors revenu sur la côte basque pour accompagner la représentation au Théâtre du Casino de Biarritz de la pièce "Piège à Matignon" dont il était le co-auteur avec son épouse Nathalie Marquay-Pernaut qui y interprétait le premier rôle féminin (notre photo de couverture). Il reviendra encore l'année suivante pour sa nouvelle pièce "Régime présidentiel"...
Mais je laisse volontiers le clavier à mon ami Yves Ugalde qui l'avait connu bien avant moi... 
(Alexandre de La Cerda)

 Soir des Fêtes de Bayonne, je suis de la compagnie de Jean-Pierre Pernaut, à l'issue de la cérémonie d'ouverture. C'était dans les années 90. Le vouvoiement entre lui et moi ne durera pas le temps du trajet entre l'hôtel de ville et le cercle taurin bayonnais où Doxpi et ses amis chanteurs nous attendaient. Gérard Mot, au sommet de sa gloire hippique sur nos antennes, joue à merveille l'amphitryon. C'est lui qui a la confiance de notre hôte. Personne d'autre.

L'homme est heureux. Comme un poisson dans l'eau. Les chants basques lui feront monter instantanément quelques larmes aux yeux, dès son entrée dans l'antre de la rue des Cordeliers. Et puis la fête a pris le dessus et il n'y a pas laissé sa part au chat. Gourmand, bon buveur, et fumeur aussi...

Il me confie tôt dans la soirée ne pas être très sûr de retrouver sa voiture. Il est descendu à Bidart, un village qu'il aimait. Ouvert à l'océan, il y était épanoui, l'été, avec sa première épouse. Plus encore, quand la pelote de cuir claquait sur le grand fronton rose.

Il avait ainsi quelques repères stéréotypés de chaque pays de France. Il les lui fallait, comme autant de petits cailloux sur les chemins de nos contrées.

Les intellos du journalisme lui ont beaucoup reproché ce simplisme, mais, ceux-là, dans les mêmes circonstances précisément, je ne les ai jamais vus dans le vrai partage. J'ai quelques grands noms en tête qui, d'ailleurs, n'ont jamais atteint, loin s s'en faut, ses points d'audience sur un plateau télé.

Oui, il fallait à Jean-Pierre des repères simples, des traits de caractère marqués, et il n'y revenait plus de toute sa vie. Lors de ce soir des Fêtes de Bayonne, il s'est fondu dans la foule sans aucune forme de protagonisme.

Au comptoir du Cercle, il ne s'est pas positionné une seule fois en grand prêtre des courants de pensée nationaux. Il était à Bayonne et voulait comprendre cette ville qui se mettait dans un tel état de folie collective. Pas une leçon de morale sociale sur nos passions du sud, de toute la soirée. Aucune posture faussement populaire qui fait qu'on identifie de suite la "grande signature" qui ne tarde pas à jouer les romantiques éthérés ou les baroudeurs revenus de tous les grands voyages.

Et pourtant, il avait tenu les plus grands de ce monde au bout de son micro. Il venait de prendre le relais brûlant du Mourousi des paillettes et des nuits les plus sulfureuses du tout Paris. Il était de la province et n'en dérogerait plus. Il était donc de chez nous. Avec cette forme d'indifférence gentille devant les miroirs aux alouettes. Ce soir là à Bayonne, il était simplement heureux d'être considéré comme un des nôtres où plusieurs de ses collègues nous ont toujours traités par dessus la jambe. Même, et c'est plus surprenant, les plus locaux, ou locales d'ailleurs, de l'étape...

A une heure du matin, je me suis souvenu de sa phrase teintée d'inquiétude quant au positionnement de sa voiture. Car, lui, on n'est pas allé le chercher pour le ramener illico dans une berline aux vitres teintées.

Il ne se souvenait que de "l'arrière de la mairie". Lui et moi nous y sommes dirigés. Il y a maintenant prescription, je peux dire que nous n'avions pas la démarche très sûre. Dans le dos de l'hôtel de ville, il m'a montré la Feria. Et puis, à vue de nez, ça se jouait, selon lui, entre Vauban et Maréchal Harispe.

Nous retrouvâmes la voiture. Nous nous sommes embrassés et revus trois jours plus tard dans le callejon de Lachepaillet où il m'a posé plein de questions sur la "tarde" du jour. Interviewé par Jean-Pierre Pernaut, un comble !

Je lui ai écrit. Il m'a répondu. J'avais parfaitement compris en quelques heures pourquoi des millions de Français, souvent les plus modestes, l'ont considéré comme un des leurs. Sans faire d'histoires, comme devant la maladie, presque 30 ans après. Salut Jean-Pierre. Je voulais écrire ton nom dans mon humble journal. De bord celui-là...

Yves Ugalde

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